La CGT fait de solides propositions contre la pauvreté
À la veille de la journée de lutte contre la misère, la CGT a présenté une série de propositions pour lutter contre la pauvreté, à la fois par des mesures d’urgence et... Lire la suite
Il y a plusieurs manières de mesurer la pauvreté. Il s'agit toujours d'une pauvreté relative, tenant compte tant du niveau de vie de l'ensemble de la population que des services ou prestations qui atténuent la misère.
Une forme de mesure en France consiste à comptabiliser les allocataires de minima sociaux (RSA, allocations aux personnes âgées, aux adultes handicapés, aux chômeurs en fin de droit, aux demandeurs d'asile).
Leur nombre s'établit à 4 millions pour l'année 2014. En ajoutant les ayants droit (conjoints, enfants…), plus de 6 millions de personnes vivent d'une allocation relevant de ces dispositifs.
L'autre méthode, utilisée par l'INSEE, passe par le calcul du revenu médian (la moitié des habitants de notre pays gagne plus, l'autre moitié moins) : est considérée comme pauvre une personne qui touche moins d'un certain pourcentage du revenu médian.
Ce pourcentage peut varier : longtemps de 50 %, il est désormais de 60 % dans les statistiques de l'INSEE.
Dans son rapport rendu public en juin dernier, l'INSEE fixe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian et comptabilise… plus de 8,5 millions de pauvres.
Parmi eux, de nombreux enfants (1 enfant sur 5 est touché par la pauvreté) qui subissent les effets du chômage, de la précarité, du mal-logement de leurs parents.
L'un des effets de la crise financière et économique de 2008 est la baisse de ce revenu médian, essentiellement en raison de l'augmentation du chômage. La conséquence statistique paradoxale est donc de faire apparaître un léger recul de la pauvreté (des personnes qui étaient en dessous du seuil en 2012 ne l'étaient plus en 2013).
Cependant, depuis le milieu des années 1990, indépendamment des variantes conjoncturelles et des modifications des modes de calcul, la tendance lourde est celle d'une augmentation de la pauvreté dans notre pays.
Rendez-vous au nouveau parking de bus de la Porte Maillot, où les autocars aux couleurs de la compagnie allemande Flixbus ou de Ouibus (filiale de la SNCF destinée à concurrencer ses propres trains) proposent – depuis la loi Macron libéralisant les transports – des voyages beaucoup moins chers, beaucoup moins confortables, beaucoup moins fiables et beaucoup plus longs que les liaisons ferroviaires. Et quelque peu moins écologiques.
Vous verrez des familles pique-niquer sur une herbe rase, le nez au niveau des (nombreux) pots d'échappement de ce grand rond-point de l'Ouest parisien, à l'entrée d'une « gare » dépourvue du moindre panneau indicateur et d'un quelconque abri en cas de pluie.
En levant les yeux, pourtant, vous pourrez fixer le Palais des Congrès, ses boutiques de grandes marques et ses cafés mondains, ou observer l'entrée de la ville de Neuilly (moins de 3 % de logement social, près de 10 % des habitants payant l'ISF). Cette proximité géographique entre extrême richesse et pauvreté, donne le sentiment d'une « tiers-mondisation » de notre pays.
S'il faut se méfier des conclusions hâtives, on peut néanmoins penser que le succès des « bus Macron », comme le nombre d'auto-entrepreneurs (environ un million, dont 90 % déclarent un revenu inférieur au SMIC après trois ans d'activité) ou le vif débat autour de la plateforme Uber, témoignent de la rencontre entre la « débrouille » individuelle générée par la pauvreté et l'ultralibéralisme porté par le patronat et une part croissante des dirigeants politiques.
Au-delà des chiffres dévoilés par le rapport de l'INSEE, en effet, la question du traitement de la misère est à l'ordre du jour. Pour le Medef et ses relais politiques, la réponse tient en une déréglementation outrancière du droit du travail, une réduction des solidarités (fiscalité, retraite par répartition, cotisations sociales…) et, dans les faits comme avec la poursuite du « pacte de responsabilité et de solidarité », de nouveaux cadeaux aux entreprises.
Pour la CGT, au contraire, il faut « augmenter les salaires, les pensions, les minima sociaux », car « c'est indispensable pour bien vivre ». Il faut aussi rémunérer les qualifications. Ce qui contribuerait grandement à « sortir de la crise économique et sociale que connaît le pays depuis plusieurs années ».
Avec sa campagne sur les 32 heures et, plus généralement, sur un nouveau statut du travail salarié, le syndicat rappelle en effet que la précarisation des salariés et le taux de chômage sont les principales causes de cette misère indigne d'un pays développé au XXIe siècle. Et que la seule réponse viable passe par la revalorisation du travail face au capital.
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