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EXTRÊMES DROITES

Le maire d’Hayange veut expulser le Secours populaire

4 octobre 2016 | Mise à jour le 10 janvier 2017
Par | Photo(s) : Pierre Heckler/Maxppp
Le maire d’Hayange veut expulser le Secours populaire

La municipalité FN d'Hayange, en Moselle, veut expulser le Secours populaire de ses locaux. Elle accuse l'association d'être une « succursale du Parti communiste» et de « mener une politique pro-migrants ».

« Pas touche au secours populaire ! » Lundi 3 octobre, l'une des pétitions lancée trois jours plus tôt par des soutiens du Secours populaire français contre son expulsion du local qu'il occupe à Hayange (Moselle) comptait près de 9 000 signatures.

Vendredi 30 septembre, mettant ses menaces à exécution, la municipalité Front national d'Hayange a dépêché un huissier – flanqué de la police municipale et de la directrice des services – à l'antenne du Secours populaire pour qu'il demande à l'association de quitter les lieux mis à sa disposition par la ville depuis plus de dix ans. Pour Fabien Engelmann, maire frontiste de la cité mosellane, le Secours populaire est devenu, à Hayange, « une succursale du parti communiste »  qui mène une « politique pro-migrants toute l'année » et « utilise l'image du Secours populaire pour faire de la politique ».

« Une initiative à caractère fasciste »

« C'est scandaleux, s'est ému Julien Lauprêtre, président national du Secours populaire français) vendredi matin sur RMC, ces gens – un million de membres, 80 000 bénévoles sur le plan national, a-t-il précisé, se dévouent sans compter pour apporter la solidarité dans la ville d'Hayange comme dans toute la France. Ils ne prennent jamais position sur des problèmes politiques et ont cette grande idée de Pasteur qui disait « Je ne demande ni tes opinions, ni ta religion mais quelle est ta souffrance » (…) Reprocher à une association de solidarité de faire de la solidarité aux amis réfugiés, à ces enfants, ces femmes qui ont dû quitter leur pays chassés par la guerre, par la dictature (…) c'est renier tout le passé de la France terre d'asile ».

Pour cet ancien résistant, cette expulsion est « Une initiative à caractère fasciste ». « La haine ne passera » a-t-il également déclaré, dans un communiqué du Secours populaire français.

Fabien Engelmann a annoncé qu'il est en discussion avec des associations pour réaffecter le local. Il a notamment cité Fraternité française, dont la présidente d'honneur n'est autre que Jany Le Pen, épouse de Jean-Marie Le Pen… Probablement jugée plus compatible.

Mise au pas

Concrètement, Fabien Engelmann reproche deux choses au comité local du Secours populaire : en décembre 2015, sa présidente, Anne Duflot-Allievi, a publiquement contesté la décision de la municipalité d'exclure les enfants de migrants d'un goûter de Noël et, lors d'un événement caritatif, le Secours populaire s'est permis de travailler avec l'association « Hayange, plus belle ma ville » ouvertement opposée à la municipalité Front national.

Bref, l'édile semble vouloir avoir un droit de regard sur les activités des associations installées sur son territoire et mener un chantage aux  subventions municipales pour tenter de les mettre au pas.

Non seulement le Secours populaire a vu la sienne passer de 2 700 euros annuels à 500 euros avec l'arrivée de la majorité frontiste en 2014 (subvention réduite à zéro aujourd'hui), mais, de plus, l'association est exclue d'événements organisés par la municipalité qui lui permettraient de récolter des fonds.

La longue liste des associations dans la ligne de mire du Front national

La liste des associations ciblées par les élus Front national s'allonge au fil des villes remportées par l'organisation. À Hénin-Beaumont, dès 2014, le maire Steve Briois a coupé les subventions et expulsé la Ligue des droits de l'homme de ses locaux. L'association a subi le même traitement en 2015 à Mantes-la-Ville, dirigée par Cyril Nauth.

Celui-ci a d'ailleurs asphyxié un bon nombre d'associations dont celle qui régissait le club de football local accueillant beaucoup de jeunes des quartiers. Fréjus, Beaucaire… Les mairies frontistes – ou d'extrême droite car avant il y eut Orange – rognent surtout les subventions des associations auxquelles elles reprochent un engagement qui ne leur convient pas : centres sociaux, associations LGBT, etc.

Le Secours populaire n'a pas rendu les clefs

Comme prévu, vendredi, l'huissier a réclamé les clefs du local du Secours populaire à sa présidente, Anne Duflot-Allievi, et à la responsable départementale, Marie-Françoise Thull. Sous l'œil des caméras et entourées de dizaines de bénévoles, de personnes aidées par l'association mais aussi de maires et d'élus de communes alentours… celles-ci ont opposé un refus à la demande de l'huissier.

La veille, elles avaient prévenu qu'elles ne rendraient pas les clés du local où son entreposés des vêtements et de la nourriture destinés aux personnes à faibles revenus.

À Hayange, durement touchée par le chômage, le Secours populaire aide actuellement 760 personnes dont 300 enfants. Après un vendredi tumultueux, le comité local a repris son activité habituelle ce lundi et entend bien la poursuivre, forte des innombrables soutiens qu'elle reçoit. Les bénévoles ne sont pas, de toute façon, décidés à faire leurs cartons. Si Anne Duflot-Allievi espère que Fabien Engelmann « reviendra sur sa décision », le Secours populaire français n'exclut pas, cependant, que celui-ci entame une procédure judiciaire.