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ÉNERGIE

À General Electric, une grève pour l’emploi, la souveraineté énergétique et la transition écologique

3 décembre 2020 | Mise à jour le 3 décembre 2020
Par | Photo(s) : Xosé Bouzas / AFP
À General Electric, une grève pour l’emploi, la souveraineté énergétique et la transition écologique

General Electric engage un plan de restructuration avec, pour la partie Grid Solutions, 634 suppressions d'emplois sur 1989. Les sites Grid Solutions rhônalpins de Villeurbanne et Saint-Priest perdraient 350 postes. Les salariés sont en grève depuis le 23 novembre et l'intersyndicale porte des solutions alternatives.

Les salariés des sites General Electric Grid Solutions (électricité) de Villeurbanne et Saint-Priest (Rhône) ont entamé un puissant mouvement de grève depuis le lundi 23 novembre 2020. Ils entendent s'opposer au plan de restructurations qui mettrait en danger toute la filière énergétique du groupe, et notamment 350 emplois sur les quelque 600 que comptent leurs sites rhônalpins.

Depuis, de multiples actions ont eu lieu dans la région lyonnaise. Le 1er décembre 2020, les organisations syndicales CGT, CFDT et CFE-CGC ont décidé de monter d'un cran en appelant les salariés à se rendre à Paris pour interpeler directement Bruno Le Maire à Bercy, et ce afin de lui faire part de propositions alternatives.

70 salariés ont fait le déplacement. Après une courte entrevue au ministère avec Agnès Pannier Runacher, ministre déléguée à l'Industrie, ils se sont ensuite rendus à l'Assemblée nationale où ils ont obtenu le soutien de députés, en premier lieu ceux du PCF et de LFI.

Un projet financier de délocalisation

Les syndicats dénoncent un projet financier de délocalisation de la production vers l'Italie et la Chine, ainsi que celui de la R&D et de l'ingénierie vers l'Inde. Ils exhortent le gouvernement à tenir ses engagements pour le maintien des activités essentielles à l'industrie française.

Lors des questions à l'Assemblée, Bruno Le Maire a répondu : « dans le cas de Saint-Priest et de Villeurbanne sur les réseaux électriques, (…) GE peut et doit améliorer son plan social, sur le nombre d'emplois qui sont concernés et qui pourraient être supprimés » et « sur la qualité du plan social ». Une tirade qui est bien loin du compte, car ce n'est pas d'une amélioration du plan social que veut discuter l'intersyndicale, mais du maintien et du développement de l'activité.

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Une alternative qui tient la route

« Nous avons un projet alternatif que nous avons travaillé en intersyndicale sur chacun des établissements restructurés et sur chacune des activités. Ce projet permet de faire des économies et tient la route industriellement. Une grosse partie du management de l'entreprise le soutient, et notre direction générale elle-même reconnaît que c'est un travail de qualité qui permet de réduire les dépenses, mais insuffisamment à son goût. », explique Serge Paolozzi, délégué CGT de Grid Solutions Villeurbanne.

« Pourtant, poursuit-il, il permettrait de garder les emplois et des compétences à Villeurbanne et Saint-Priest. Villeurbanne est un site qui fait de l'ingénierie et de la R&D sur les activités appareillage haute tension, ainsi que de la production. Il y a d'autres unités dans le monde qui produisent les mêmes disjoncteurs, mais sur la base de la chaîne de Villeurbanne. En d'autres termes nous sommes le centre de compétences de cette activité pour GE. Nous disposons aussi d'une petite activité service, qui a été détachée de Villeurbanne et qui fait de l'installation sur site, le service après-vente et la réparation. Elle intervient souvent pour RTE et d'autres clients. Enfin, à Saint-Priest, il y a un établissement d'ingénierie sur le courant continu. 140 personnes, essentiellement des ingénieurs, y excellent sur un projet dans le courant continu et les interconnexions réseaux sur longues distances. »

« Un mauvais signal pour la transition écologique »

« Les syndicats interpellent Bruno Lemaire, ministre de l'Économie, pour qu'il intervienne auprès de la direction de GE. Le plus grave est qu'ils suppriment des emplois dans la partie R&D, ce qui signifie la mise en cause de la pérennité de ces activités et notamment là où on avait une avance technologique. C'est le cas pour le G cube. Il s'agit d'un gaz décarboné, utilisé pour les disjoncteurs, et qui contrairement au gaz qu'on utilise aujourd'hui, a des effets neutres sur l'atmosphère. Et il a été développé à Villeurbanne » poursuit Serge Paolozzi.

« Cette technologie du green gas est en avance sur son temps. Elle nécessite encore des investissements pour le développement, mais il y a déjà des commandes de pays intéressés. Or, c'est sur ces développements que la direction fait des économies de R&D et arrête des études en cours. C'est donc là où nous avons une avance technologique, là où il y a de la demande et où on travaille à la préservation de l'environnement qu'ils suppriment des emplois ! » s'insurge encore le syndicaliste, qui conclut qu'avec la suppression de 600 emplois sur les près de 1900 que compte la filière énergie de GE, cela affectera non seulement l'emploi, mais les enjeux de souveraineté énergétique et de transition énergétique.

Mais la filière Grid n'est qu'un des pans mis en danger par General Electric.

General Electric : mobilisation autour d'une urgence industrielle

GE poursuit sa politique dévastatrice

S'il est un scandale d'État indélébile en matière de bradage industriel dans le pays, c'est bien la vente de la partie énergie d'Alstom à General Electric (GE) en 2015. Une affaire qui a donné lieu à une abondante littérature, et dont il convient notamment de retenir qu'elle a été réalisée avec l'intercession active du ministre de l'Économie et de l'Industrie de l'époque, un certain Emmanuel Macron.

Depuis ce moment, l'américain GE (prononcer « J I ») n'en finit pas de cumuler les effets dévastateurs pour notre pays avec sa gestion entièrement orientée vers la prédation, le pillage des brevets, la finance, la destruction industrielle, mais aussi l'emploi, malgré des engagements qui furent bafoués. Depuis 2015, 3000 emplois ont été perdus, et au cours de ces trois derniers mois, quelque 1000 suppressions d'emplois ont été annoncées en France dans les différentes branches de GE ; Hydro et Steam Power (centrales à peur charbon et nucléaire) et Grid Solutions (électricité).

GE annonce 300 suppressions d'emplois dans la filière Steam (dont 240 à Belfort), la CGT y voit une mise en péril de la production des alternateurs et turbines. Geast, la structure nucléaire créée pour sanctuariser la turbine Arabelle serait menacée.

La coordination des syndicats CGT de GE interpelle Bruno Le Maire, actuel ministre de l'Économie et de l'Industrie, et successeur d'Emmanuel Macron.

Mais que fait l'administrateur de l'État au sein de Geast ?

Pour la CGT de GE, l'État n'est pas loin d'une nouvelle trahison : « Son administrateur valide ce plan de casse visant à abandonner les capacités de produire des centrales neuves à vapeur, quel que soit le combustible utilisé. GE veut nous imposer un plan d'abandon industriel pour se recentrer sur le marché de service. Le plan en projet couterait des dizaines de millions d'euros voire des centaines pris dans sa globalité. Plutôt que de voir autant d'argent dépensé dans la casse d'un outil industriel, il est préférable de l'investir dans les outils indispensables à la transition énergétique. »

Le bras de fer continue

Outre la montée à Paris des GE de Villeurbanne et Saint-Priest, le 1er décembre 2020 a aussi été marqué par l'action des 89 salariés de la partie hydro de GE Belfort en grève ce même jour. Pour ce qui est de Grid Solutions, la direction a finalement accepté une négociation sur la partie industrielle. La réunion est prévue à Montpellier ce 3 décembre 2020 « sous condition que la grève s'arrête. »

Serge Paolozzi sourit à l'absurdité de la proposition patronale : « Pour arrêter la grève, il faudrait que l'on acte des avancées en matière d'emploi et de maintien d'activité. » Et d'inviter les lecteurs de la NVO à soutenir financièrement les grévistes en alimentant la caisse de grève ouverte sur Leetchi…*

Caisse de soutien aux grévistes : Le lien : https://www.leetchi.com/fr/c/lNKLL33w

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