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DRAME

A Lidl, après le suicide, la colère

11 juin 2015 | Mise à jour le 7 mars 2017
Par | Photo(s) : Marijan Murat/dpa/AFP
A Lidl, après le suicide, la colère

Le 30 mai dernier, un salarié de Lidl se suicidait sur son lieu de travail à Rousset dans les Bouches du Rhône. La CGT entend s’appuyer sur l’accord signé avec la direction une semaine après le drame, pour obtenir un changement profond des méthodes de management.

Dix jours après la découverte du corps de leur collègue et ami pendu dans un local de l’entrepôt logistique à Rousset, dans les Bouches du Rhône, les représentants des salariés de Lidl ne décolèrent pas. «Ce que l’on souhaite, c’est que la direction change complètement de méthode de management, au niveau national. On veut être associés à ce changement et on ne veut plus travailler avec l’actuel directeur régional, Arnaud Vautrin», assène Henri Emiona, délégué syndical CGT de l’entrepôt régional de Rousset. Environ 150 personnes travaillent sur ce site qui fournit les 47 magasins de l’enseigne allemande implantés en PACA.

Vendredi 5 juin, un accord a été signé entre les représentants syndicaux (CGT, CFDT, FO) et la direction. Il comporte trois points principaux : la promesse d’une amélioration de la communication interne en favorisant les «échanges réciproques»; un renforcement des structures du service, notamment administratif; une continuité dans l’accompagnement psychologique des salariés. Insuffisant pour Christophe Polichetti, secrétaire général de la CGT Lidl PACA qui dénonce «les manœuvres de la direction» pour parvenir à cet accord dont il juge le contenu bien trop vague. «J’ai demandé à rencontrer rapidement l’inspecteur du travail, ajoute-t-il. L‘an dernier, en juin, nous avions obtenu avec le CHSCT l’ouverture d’une enquête sur les risques psychosociaux au sein de l’entreprise. En septembre suivant, une nouvelle réunion de validation s’est tenue : curieusement des bras ne se sont pas levés et l’enquête n’a finalement pas eu lieu. Moi je dis aujourd’hui que si elle avait été réalisée, notre camarade ne serait certainement pas mort !»

De fait, la CGT dénonce de longue date les conditions de travail dégradées dans cette enseigne réputée pour fonctionner en sous-effectif. La nouvelle direction débarquée il y a deux ans est accusée d’avoir accentuéce mode de fonctionnement consistant à essorer toujours un peu plus les salariés. Et ce sur un site, l’entrepôt de Rousset, qui se trouve être une vieille structure mal adaptée aux exigences de la logistique traditionnelle.

Avec le suicide de ce salarié, un cap tragique a été franchi. Sa famille attaque Lidl en justice et plusieurs enquêtes devraient avoir lieu. Mais dans tous les cas, la CGT ne compte pas en rester là : «La direction parle d’échange réciproque et de communication ? Et bien, on va leur montrer qu’il faut être deux pour communiquer, on va les contraindre à venir autour de la table pour repenser de fond en comble la politique de l’entreprise», promet Henri Emiona.

«On sait bien que dans ce genre de situation il faut faire attention, un suicide c’est quelque chose de compliqué, reconnaît de son côté Christophe Polichetti. Mais en l’occurrence, je connaissais bien ce salarié et je peux témoigner que ça allait bien avec sa femme et ses enfants, il venait de faire un compromis de vente pour une maison… Par contre, cela faisait deux ans qu’il se plaignait de la surcharge de travail, et il avait demandé une rupture conventionnelle qui venait de lui être refusée par le directeur régional.» Un directeur régional, Arnaud Vautrin, qui, deux jours après le suicide, face aux salariés en deuil, assurait être prêt à assumer sa «part de responsabilité».