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Santé au travail

Morts au travail : une hécatombe qui ne doit plus être passée sous silence

26 avril 2024 | Mise à jour le 26 avril 2024
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Morts au travail : une hécatombe qui ne doit plus être passée sous silence

Lundi 25 avril la CGT organisait des rassemblements et actions partout en France en prévision de la journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail qui aura lieu le 28 avril. Reportage à Paris. 

 

Plus de 500 effigies en carton et teintées de noir ont été disposées au sol par des militants.tes de la CGT sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris, ce jeudi 25 avril. Un hommage saisissant aux 1 227 morts au travail dans le secteur privé en 2022 en France, selon la Sécurité Sociale. L'hommage a été rendu dans le cadre de la journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail qui a lieu officiellement le 28 avril. Derrière un pupitre, Caroline Dilly, coprésidente de l'association Stop à la mort au travail, prend la parole : « Mon fils aurait dû rentrer chez lui en vie ce jour-là ! Personne ne doit craindre pour sa vie au travail ! « . Le 28 février 2022, Benjamin Gadreau, son fils, alors âgé de 23 ans, est décédé des suites d’une chute alors qu’il travaillait sur un chantier.

Dans une grande majorité des cas, ces accidents, chutes, écrasements, cisaillements, électrocutions résultent d'un manquement de l'employeur au regard du Code du travail !

Un drame qui en dit long sur une hécatombe silencieuse qui s'aggrave :  « La France est le troisième pays européen où l’on meurt au travail. C’est 738 accidents mortels en 2022, soit 2 morts par jours dans l’indifférence totale ! Et ces chiffres augmentent depuis 2020 où l’on déplorait déjà 550 accidents mortels. Dans une grande majorité des cas, ces accidents, chutes, écrasements, cisaillements, électrocutions résultent d'un manquement de l'employeur au regard du Code du travail ! « , dénonce Philippe Gaborieau, secrétaire fédéral à la CGT Construction Bâtiment Bois et Ameublement. Les travailleurs.euses du secteur du Bâtiment (BTP) sont d'ailleurs les premiers concernés par le sujet. Particulièrement les intérimaires et salariés de la sous-traitance, qui disposent de moins de temps de formations aux gestes du métier et pâtissent de l’absence de politique de préventions alors que les objectifs de productivité, eux, sont au rendez-vous.

Des heures de travail à n'en plus finir

Juste après le BTP, le secteur de la santé est le plus touché par les accidents au travail. « Avec des heures de travail à n’en plus finir dû au manque de personnel, l’état de santé des agents.tes ne cessent de se dégrader. Les accidents sur le lieu de travail et parfois même les suicides sont davantage recensés qu’auparavant ! », alerte Mireille Stivala, secrétaire générale de la CGT Santé Action Sociale. Ces augmentations en cascade d’accidents et de morts au travail remontent à la suppression du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) en 2019 par le gouvernement. Selon la CGT, « Les CHSCT ont été supprimés par les ordonnances travail et remplacés par les CSSCT, avec moins de moyens et de prérogatives. ». Le syndicat craint d’ailleurs un chiffre record d’accidents mortels au travail pour 2023. Outre la suppression des CHSCT, le manque d’effectif dans le corps des inspecteurs du travail est pointé du doigt. « Les agents.tes de l’inspection du travail subissent des sous-effectifs sans précédent. En Seine-Maritime, on dénombre moins de 1 inspecteur.rice du travail pour 1100 entreprises. »,  déplore Gérald Le Corre, responsable CGT Inspection du travail à Rouen (76).

L’INRS aux abois

Plus tôt dans la matinée, une conférence de presse avait lieu devant l’INRS, l'institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Pour l’acteur majeur de la prévention des risques au travail, la situation est inquiétante. Depuis un an et demi, il fonctionne sans budget alors que ses moyens financiers sont en réduction constante depuis 2010.  Régulé par une « convention d'objectifs et de gestion» entre l'Etat et la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale, l’enveloppe budgétaire pour la période 2023-2027 n’a toujours pas été signée par le gouvernement. Pourtant, le conseil d’administration de l’établissement, regroupant organisations syndicales et patronales, a voté une augmentation de 12 millions d'euros du budget pour 2023 et de 4 millions supplémentaires pour 2024. « Comment peut-on compter sur le gouvernement pour réduire les morts au travail, alors qu’il refuse de financer l’INRS ? Il faut que Bercy cesse de bloquer et de supprimer les moyens de préventions ! », interpelle Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Pour répondre aux enjeux, la CGT propose la création d’une loi prévoyant notamment le rétablissement des CHSCT et une sanction (s’élevant à 1 500 euros actuellement) beaucoup plus cohérente quant au non-respect de l'obligation légale de mise en œuvre et d'actualisation du document unique d'évaluation des risques professionnels (Duerp). À ce sujet, la ministre du Travail, Catherine Vautrin recevra le syndicat ce lundi 29 avril.