À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SALAIRE

Abbeville : Chez Verescence, le luxe ne paie pas

11 juin 2021 | Mise à jour le 11 juin 2021
Par
Après plusieurs mobilisations, les négociations annuelles obligatoires ont enfin abouti chez le leader mondial du flaconnage pour la parfumerie et la cosmétique. Avec une belle victoire pour les salariés dans un secteur qui se recompose.
Si Verescence s'affirme être le « premier fabricant [mondial, ndlr] de flaconnage pour la cosmétique et la parfumerie », s'enorgueillit, à juste titre, de compter parmi ses clients des noms prestigieux comme Chanel – la petite bouteille de N°5 –, Dior, Givenchy, Guerlain, Nina Ricci, Yves Saint-Laurent, ou encore Estée Lauder, « travailler pour le luxe n'est pas un luxe » relativise Nadine Czorny, secrétaire de la CGT et du CSE sur le site d'Abbeville, dans la Somme, où sont employées quelque 360 personnes.

Un métier pénible

Car à un métier en lui-même « pénible », avec « beaucoup de maladies professionnelles, de troubles musculo-squelettiques liés à des gestes répétitifs », ce qui entraine un certain turnover, s'ajoute « une direction qui ne respecte même pas ses salariés ». Nadine en veut pour preuve le grand panneau « où ils ont affiché “merci d'être là” pour nous remercier d'avoir continué à fonctionner [pendant la pandémie, ndlr], après avoir gelé les salaires en 2020 » et le passage, fin 2020, devant le tribunal pour faire valoir leurs droits à une « prime de fin d'année ». « Dans un premier temps, la direction nous avait dit qu'elle ne serait pas affectée par le chômage partiel et deux mois après, ils revenaient sur leur parole. »
Quant aux Négociations annuelles obligatoires de cette année, dont la quatrième réunion avait lieu mardi 8 juin, là encore la lutte a été âpre, ponctuée de débrayages et de journées de grève. « On a démarré sur une proposition de 0,3 % d'augmentation de la direction alors que l'on demandait 2 %, une prime d'équipe, une prime vacances, une augmentation de la prime d'ancienneté et un supplément d'intéressement qui aurait permis de récompenser la totalité des gens », explique la secrétaire syndicale. Résultat : « ce sera 1,89 % d'augmentation et à l'exception de la prime vacances, augmentée de 35 euros, toutes les autres primes ont été refusées ». Sans oublier « l'embauche de 25 personnes parce qu'on ne peut pas faire autrement vu l'érosion des effectifs ».

Accord approuvé par les salariés et signé par la CGT

Propositions acceptées par le syndicat qui, ce jeudi 10 juin, signifiait en fin d'après-midi son accord. Suivant en cela l'avis de la majorité des travailleurs du site. Une victoire donc, dictée en partie par les recommandations de l'assistante sociale présente sur le site qui constate « beaucoup plus de familles en difficulté financière que les autres années ».
Reste que tout n'est pas réglé. « On essaye d'améliorer les conditions de travail pour que cela soit moins pénible, pour qu'il y ait moins de maladie professionnelle et d'usure au travail et on nous met des robots. Des robots qui retirent du monde », déplore Nadine Czorny. Inquiétude d'autant plus grande que, en février dernier, Verescence annonçait l'achat du leader coréen du flaconnage en verre. « Les parfumeurs sont en train de se disputer le marché et nous mettent en concurrence pour faire baisser les prix. » L'ivresse n'est plus dans le flacon…