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RENTRÉE SOCIALE

Action syndicale à l’université d'été du Medef pour une société empreinte de justice sociale

31 août 2018 | Mise à jour le 6 septembre 2018
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Action syndicale à l’université d'été du Medef pour une société empreinte de justice sociale

Rassemblement CGT devant l'université d'été du Medef à Jouy en Josas le 29 août 2018.

Rassemblés devant le campus d’HEC qui accueillait l'université d’été du Medef, les militants CGT d'Île-de-France ont entamé leur rentrée sociale. À la politique de régression sociale inspirée par l'organisation patronale, ils ont opposé leurs aspirations et propositions d'avenir. Reportage.

Comme chaque année depuis vingt ans, les universités d'été du Medef sont l'occasion, pour les syndicats, de se rappeler au bon souvenir de l'organisation patronale ainsi que des principaux ministres du gouvernement, indéfectibles invités d'honneur de ce rendez-vous. L'occasion, aussi, d'inaugurer la fameuse « rentrée sociale » et de remettre en mouvement les militants après la trêve estivale.

Ouvrant les prises de parole, la secrétaire de la CGT des Yvelines, Sonia Porro, a salué la présence des militants venus aux aurores à Jouy-en-Josas pour diffuser des tracts aux salariés qui se rendaient au travail.

Ce mercredi 29 août, à Jouy-en-Josas (Essonne), l'Urif-CGT avait convié l'ensemble des structures syndicales franciliennes (UD, UL, syndicats d'entreprise) à un rassemblement militant pour, en effet, faire entendre les revendications salariales et sociales, mais aussi pour porter leurs propositions d'avenir en faveur d'une société plus égalitaire, plus juste et respectueuse de celles et ceux qui font le travail et créent les richesses.

En prenant la parole à la tribune, la secrétaire de l'Urif-CGT, Valérie Lesage, a d'abord fustigé le tandem gouvernement-Medef et leurs politiques antisociales :

Et de dénoncer une escroquerie langagière, en référence aux déclarations prononcées la veille par le premier ministre. Adoubé par un patronat en liesse, Édouard Philippe a assuré que le cap politique du gouvernement demeurait résolument « probusiness », soit tourné vers les entreprises, au soutien de leurs intérêts et de leurs profits. Et pour quels résultats, quelles conséquences pour le monde du travail ? Valérie Lesage en a décliné la longue liste : chômage et pauvreté accrus, précarisation généralisée, retraités maltraités, droits syndicaux bafoués, réprimés et criminalisés, protection sociale détricotée, biens publics privatisés, jeunesse assignée, environnement dévasté, avenir confisqué..

« Alors oui, débattre de l'avenir, mais ne surtout pas laisser la mainmise au Medef et à ce gouvernement », a-t-elle exhorté en dénonçant les profits records des entreprises du CAC 40, tirés du démantèlement de notre modèle social. Et de rappeler que, derrière l'affichage trompeur du « choix du travail », ce sont 30 milliards d'euros d'économies dans les dépenses publiques, dont 2,4 milliards sur les prestations sociales ou sur la part socialisée du salaire, que le gouvernement redistribue sous forme d'aides aux entreprises.


Dénonçant la casse sans précédent des services publics programmée par ce gouvernement, Valérie Lesage a rappelé que ces choix politiques se font au détriment des salariés et des populations, sans tenir aucun compte de la nécessaire réponse à leurs besoins vitaux. « Alors que les services publics, notre bien commun, sont le moteur de la cohésion sociale et le socle de notre société émancipatrice et égalitaire. »

À ce titre, la secrétaire de l'Urif-CGT a réaffirmé les principales exigences et aspirations portées par la CGT, « demain, pour nous, doit être empreint de justice sociale », ainsi que les défis syndicaux à relever : gagner une autre répartition et utilisation des richesses créées par le travail ; intensifier la bataille pour des modes de production respectueux de l'environnement et des salariés, à des fins différentes de celle de l'accumulation des profits par une minorité prédatrice, avide et ravageuse pour la planète et le vivant. Tirant la leçon de la démission fracassante du ministre de l'Écologie, Nicolas Hulot, elle a appelé à sortir des logiques et politiques libérales et, bref, à un changement de cap résolument tourné vers la réponse aux besoins des humains et de leur environnement. Et d'énumérer les batailles syndicales à mener pour atteindre cet objectif :


En concluant son intervention, la secrétaire de la CGT d'Île-de-France a invité l'ensemble des syndiqués à investir massivement les assemblées générales de rentrée organisées par leurs UD, leurs UL, afin de décider collectivement des actions à mener pour engager massivement dans la bataille les salariés, les retraités, les privés d'emploi, la jeunesse et les citoyens.


Se disant ravi d'intervenir devant des syndicalistes mobilisés face au Medef, le sociologue Claude Guidry, membre du collectif CGT « Travail et émancipation », a remis en perspective les vingt années de régression sociale subies par le monde du travail avec les vingt années de succès pour Medef, « Ce fils à papa à qui tout réussit ».


Or, à quoi tiennent les succès et triomphes de l'organisation patronale ? Pour Claude Didry, ils sont le résultat d'un combat mené sans relâche depuis vingt ans, sur deux fronts majeurs : d'une part, celui de la bataille contre le CDI, hantise des patrons dont l'obsession historique est de pouvoir licencier sans entraves. Et, d'autre part, à la neutralisation des droits syndicaux et des comités d'entreprise, lesquels parviennent parfois à gagner la nullité des licenciements.

Nous y voilà, avec les deux lois Travail successives, celle de Myriam El Khomri et celle du président Macron, inspirateur de la première, qui désarment brutalement les salariés et leurs représentants de l'essentiel des droits conquis de haute lutte depuis l'après-guerre. Une contre-révolution en somme, en forme de victoire d'un patronat inlassablement en guerre contre les salariés. Un patronat de combat, donc, mais qui, en vérité, doit davantage ses trophées à ses complicités avec les gouvernements successifs qu'à sa seule combativité.


Dès lors, quelles marges de manœuvre pour les salariés ? Claude Didry avance qu'elles existent : « Ce que le Medef n'a pas réussi à faire en vingt ans, c'est à étouffer le travail. »

Au cœur des préoccupations des salariés, le travail reste donc une préoccupation majeure. « Le travail est une valeur, parce c'est aussi de la création, et ce n'est pas monsieur Roux de Bézieux [le nouveau patron du Medef] qui crée un téléphone portable, des fibres optiques pour la transmission des informations, etc. Ce sont les laboratoires d'Alcatel-Lucent-Nokia, ceux de Thales, etc., et ce sont donc des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers qui réalisent ces innovations, pas les PDG du CAC 40 qui bénéficient de l'héritage de papa. »

Très applaudi par les militants, Claude Didry a souligné l'importance de la valeur travail et salué la CGT qui, depuis toujours, la défend, comme ce 29 août avec cette action devant le Medef. Certes, le désarmement légal des représentants des salariés est engagé, mais c'est à une véritable insurrection pour l'emploi partout où il est menacé que la CGT appelle avec ses mobilisations, analyse le sociologue, ajoutant qu'il n'y a pas d'autre solution contre un patronat acharné à supprimer des emplois, à les délocaliser, à rechercher toujours le moins-disant social. Autre proposition de la CGT saluée par Claude Didry, celle d'un nouveau statut du travail salarié, « qui permette à chacun d'avoir une carrière professionnelle, une égalité de traitement et de sortir de toutes ces ségrégations par lesquelles on entretient la division entre les salariés ».

Saluée, aussi, la démarche actuelle de construction d'une nouvelle représentation des salariés dans toutes ces entreprises où se côtoient des contractuels, des titulaires, des détachés, des sous-traités, etc. « Autant de divisions qu'il faut surmonter par de nouvelles formes de représentation pour aller au-delà de ces réductions de conquis sociaux que sont les CSE issus des ordonnances de 2017. Une démarche à poursuivre et à consolider », a-t-il appelé de ses vœux, avant de conclure :

Les unions départementales de l’Essonne et des Yvelines, avec l’union régionale d'Île-de-France ont choisi, mercredi 29 août, de faire un accueil syndical aux participants à l’université du Medef.