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Réforme des retraites

Après les annonces d’Édouard Philippe, la mobilisation grandit

17 décembre 2019 | Mise à jour le 17 décembre 2019
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Après les annonces d’Édouard Philippe, la mobilisation grandit

Manifestation contre la réforme des retraites, Paris 17 décembre 2019

Après presque deux semaines de mobilisation unitaire, les grèves se développent contre la réforme des retraites du gouvernement et la troisième journée de mobilisation a été un succès avec 1,8 million de manifestants. A la veille des fêtes, la balle est dans le camp du gouvernement.

De nouveau, des centaines de milliers de salariés de tous les secteurs, retraités, lycéens, étudiants ou privé d'emploi ont participé dans tout le pays à des défilés contre la réforme des retraites voulue par le gouvernement, dont 350.000 à Paris.  « C'est un franc succès, il y a plus de manifestants, plus de manifestations, plus de grévistes » que lors des précédentes journées interprofessionnelles, s'est félicité Philippe Martinez secrétaire général de la CGT qui annonçait en fin de journée 1,8 million de manifestants partout en France.
Toujours unitaire, l’intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU-UNL, UNEF, MNL avait appelé à cette nouvelle journée interprofessionnelle après celles des 5 et 10 décembre derniers et près de deux semaines de mobilisation pour le retrait du projet. De son côté, la Cfdt s'est jointe aux cortèges de même que la CFTC et l’Unsa ; mais, notamment à Paris, elles n'ont pas participé à la tête du cortège, refusant de défiler aux côtés de l'intersyndicale.
La confédération de Laurent Berger, qui rejette comme la CFTC et l'Unsa, le principe d'un âge pivot de départ à 64 ans, continue en effet d'être favorable à un système de retraites par points. Un système qui pourtant pénaliserait tous les salariés, rendant notamment le montant de leurs pensions totalement aléatoire, les obligeant à travailler plus pour gagner moins, et amenant vers la capitalisation pour ceux qui le pourraient au détriment de la solidarité. Une perspective qui permettrait aux assurances privées de s'ouvrir un grand marché.

Grèves dans de nombreux secteurs

Dans de très nombreux secteurs, une multitude d'assemblées générales ont permis aux salariés de voter la reconduite de la grève. Ainsi dans les raffineries (sept sites sur huit), dans la santé, l'Éducation nationale, l'Energie, le commerce et la grande distribution, chez les cheminots ou à la Ratp, dans de nombreux services publics et entreprises…
Avocats, magistrats, internes des hôpitaux étaient eux aussi mobilisés. A Paris, après des mois de mobilisation partout en France pour la défense de l'hôpital, une manifestation a eu lieu en fin de matinée sur le thème « sauver l’hôpital », nombre de blouses blanches ayant ensuite rejoint le cortège pour la défense de notre système de retraites.
De même que les routiers qui réclament également de meilleures conditions de travail et une revalorisation de leurs salaires.
Les salariés des métiers de la de mer entendent eux aussi défendre leur statut spécifique, d'autant plus que les marins peuvent travailler 14 heures par jour, 84 heures par semaine. La plupart des ports devaient être bloqués dès ce 17 décembre. Comme d'autres, les marins défendent leur régime particulier quand le gouvernement veut supprimer les régime spéciaux au prétexte d'égalité, alors qu'il n'existe pas d'égalité des conditions de travail ni d'espérance de vie des salariés et que la prétendue équité sociale vise à tirer tous les droits vers le bas.

Édouard Philippe toujours droit ans ses bottes

« Ma détermination, celle du gouvernement, celle de l’ensemble de la majorité est totale », a fanfaronné le Premier ministre lors de la séance de questions au gouvernement ce même 17 décembre.
Fragilisé par la démission de Jean-Paul Delevoye contraint de reconnaître treize « omissions » dans ses déclarations de mandat (dont deux rémunérées et dont une comme administrateur dans un institut de formation de l’assurance, l’Ifpass), le Premier ministre qui a répété comme ses ministres les éléments de langage officiel sur la « bonne foi » de celui qui n'a pas respecté la Constitution, se veut encore droit dans ses bottes.
Plusieurs élus de sa majorité tentent pourtant de diviser le mouvement, en annonçant qu'il faudrait peut-être revenir sur le principe d'un âge pivot de départ en retraite à 64 ans. Pour l'instant, Édouard Philippe ne veut pas en entendre parler.

Chantage gouvernemental aux fêtes de Noël

Ayant présenté les grande lignes de sa réforme le 11 décembre, Édouard Philippe espère quelques jours plus tard pouvoir réclamer une trêve de la mobilisation à l'occasion des fête de fin d'année. La ficelle est un peu grosse. Même si Laurent Berger a lui aussi affirmé sur France Info le 16 décembre qu'« il faut une trêve à Noël ».
Or, non seulement près du tiers des citoyens soutient toujours la mobilisation, mais selon un sondage Ifop réalisé le 13 décembre pour Le Figaro , les Français attribuent la responsabilité la poursuite de la grève pendant les fêtes de Noël davantage au gouvernement (46%) qu'aux syndicats (35%).
La solution est simple : le retrait de la réforme et une vraie négociation pour un projet de progrès ambitieux permettant, comme le demande la CGT, d'améliorer « le meilleur système au monde » avec un départ en retraite à soixante ans et un taux de remplacement à 75% des derniers salaires, pour lequel la confédération a formulé des propositions financières concrètes.
Une intersyndicale doit se retrouver pour envisager la suite du mouvement.
Fébrile, le gouvernement a annoncé ouvrir des concertations mercredi à Matignon, où Édouard Philippe recevra les organisations syndicales et patronales en bilatérales, avant une multilatérale jeudi. La balle est dans son camp.