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UBÉRISATION

Après les taxis, l'ubérisation des auto-écoles est à l'étude

13 février 2019 | Mise à jour le 13 février 2019
Par | Photo(s) : Michel Stoupak / AFP
Après les taxis, l'ubérisation des auto-écoles est à l'étude

Les auto-école ont manifesté le 11 janvier dernier à Paris, avec une opération escargot sur le périphérique.

Un rapport d'une députée a été remis au Premier ministre vendredi 8 février. Il propose de confier la formation des jeunes conducteurs et le passage du permis à des plateformes informatiques, sans local et sans salarié… Du low cost au risque même de la sécurité routière.

Le « en même temps » est décidément redoutable. Pour éviter les accidents de la route, le gouvernement a décidé d'abaisser la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes, mais « en même temps » (ou presque), un rapport de la députée LREM Françoise Dumas entend favoriser l'ubérisation des auto-écoles via les plateformes en ligne.

Un texte dans le droit fil des propositions de campagne du candidat à la présidence de la République, Emmanuel Macron, qui avait promis une « baisse drastique » du prix du permis de conduire. S'il est vrai que le coût du papier rose (environ 1 800 euros) est difficile à assumer pour de nombreux ménages — alors que la voiture est souvent indispensable pour débuter ou mener une vie professionnelle — cette ubérisation risque de représenter un danger pour la sécurité routière.

« Chez nous il y a du suivi, de la pédagogie et c'est comme tout, ça a un prix »

C'est sur ce dernier point que les trois syndicats patronaux de la profession s'accordent contre le rapport Dumas, remis au Premier ministre vendredi et qui n'a pas encore été rendu public. Lundi 11 février, à l'appel de ces syndicats des patrons d'auto-école, des opérations escargots ont eu lieu à Paris, Marseille, Bordeaux, Nice… En Île-de-France, le trafic sur les autoroutes A6, A1 et A3 en direction de Paris et le périphérique parisien ont été ralentis.

Au niveau social, c'est aussi l'avenir des 40 000 salariés des auto-écoles, moniteurs et administratifs, qui est sur la sellette. La gestion par des plateformes informatiques du métier abandonnerait l'obligation d'avoir un local et pousserait les salariés dans l'auto-entrepreneuriat. « On veut nous imposer un système hors-sol », a expliqué à l'AFP Patrice Bessone, président du CNPA Éducation routière, syndicat majoritaire parmi les 10 000 auto-écoles.

Il dit craindre aussi « une baisse de la qualité du permis et un plus grand nombre d'accidentés et de morts sur la route ». Avec cette réforme, « il y aura aussi moins de proximité avec les moniteurs et moins de maillage territorial », pronostique ce professionnel avant de préciser que « pour les jeunes dans les villages dont le permis est le passeport vers l'emploi, ça va devenir compliqué. »

Mon permis à La Poste ou chez Énedis ?

Selon la profession, d'autres pistes existent pour baisser le prix du permis de conduire : le développement de cours collectifs et des simulateurs de conduite, une meilleure orientation vers les dispositifs d'aide (compte personnel de formation, permis à un euro…), baisse de la TVA. « On est contre le low cost », a résumé Thierry Hemme, patron d'une auto-école à Nice. « Chez nous il y a du suivi, de la pédagogie et c'est comme tout, ça a un prix ».

Rappelons qu'en 2016 déjà un ancien ministre du nom d'Emmanuel Macron, a voulu libéraliser le secteur des auto-écoles au motif de réduire l'attente de passage du permis en autorisant au groupe La Poste de mettre à disposition 50 postiers « formés aux fonctions d'examinateurs des épreuves de conduite » afin de faire passer le permis de conduire. L'objectif justifiant cette confusion des missions étant de dégager 135 000 places d'examen supplémentaires par an. Satisfait du résultat, le rapport Dumas préconise en 2019 d'aller encore plus loin dans l'expérimentation en préconisant « de l'étendre a d'autres entreprises assurant des missions de service public ». Il est vrai que dans la start-up nation chère à Macron, tous les mauvais coups sont permis…