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Au fil du Maitron

12 novembre 2016 | Mise à jour le 30 novembre 2016
Par | Photo(s) : Christophe Morin/IP3
Au fil du Maitron

Edwy Plenel nous invite à un Voyage en terres d'espoir, à la découverte des obscurs et des rebelles qui se nichent dans le Maitron, cet extraordinaire dictionnaire des militants. Un bel hommage à butiner.

 

Promenons-nous dans le Maitron, dans cette incroyable forêt rassemblant quelque 168 000 biographies de militants du mouvement ouvrier et social qui ont résisté aux loups de 1789 à 1968. « Sa lecture devrait être déclarée d'intérêt public tant elle rappelle aux gouvernants, d'où qu'ils proviennent, que les conquêtes républicaines dont ils aiment parfois se parer ne seraient jamais advenues sans la mobilisation du peuple. »

Edwy Plenel commence par évoquer la genèse de cette œuvre monumentale, lancée par l'historien Jean Maitron au milieu des années 1950, dont le premier numéro paraît en 1964. Aujourd'hui, le dictionnaire se décline en 79 volumes, rédigés par plus de 1 450 auteurs. Les sentiers sont multiples pour y pénétrer. Le journaliste nous propose les siens, vagabondant d'une notice à l'autre, de réflexions en digressions.

 

Des faubourgs parisiens à Clamecy

La balade débute avec Alphonse Baudin dont une plaque, à quelques pas des locaux de Mediapart, rappelle qu'il fut assassiné le 3 décembre 1851, « en défendant la Loi et la République ». Sa biographie, ici reproduite, nous en dit plus sur ce député montagnard, médecin des pauvres, qui fut assassiné sur une barricade du faubourg Saint-Antoine, victime du coup d'État du futur empereur Napoléon III. De là, on rend visite au journaliste républicain Charles Delescluze qui lance en 1868 une souscription nationale pour ériger un monument à Baudin. Il mourra trois ans plus tard, tué, lui aussi sur une barricade, en 1871 par les Versaillais.

On bifurque ensuite vers Clamecy, dans la Nièvre, pour faire connaissance avec les résistants au coup d'État de 1851, tel Eugène Millelot qui participa à l'insurrection populaire des 5 et 7 décembre et fut envoyé à Cayenne. Les chemins nivernais nous mènent ensuite dans la famille de Jean Maitron où l'on salue le père, Marius, directeur d'école, syndicaliste, qui créa une coopérative d'épicerie, puis le grand-père, Simon, soldat bottier qui s'exila en Suisse pour ne pas servir les Versaillais. On visite au passage les bûcherons du coin, tel Jules Bornet qui fonda leur fédération nationale, affiliée à la CGT, en 1902.

Et la promenade se poursuit ainsi de fil en aiguille nous faisant découvrir des illustres inconnus ou des figures reconnues qui tous, dans des époques et des milieux les plus variés, se sont engagés. Une centaine de personnes qu'Edwy Plenel nous présente au fil des pages de son Voyage en terres d'espoir. Il nous permet ainsi de « retrouver le possible de l'histoire, un passé non advenu, plein d'à présent ».

Un bien bel hommage au Maitron dont le tome 12, qui clôture la période 1940-1968, sortira le 21 novembre. L'événement sera salué par une soirée à la Maison des métallos le 28 novembre, une journée et un colloque international du 6 au 8 décembre à l'Hôtel de ville de Paris et au centre Pouchet.

Plus d'informations sur le site du Maitron.

 

 

Voyage en terres d'espoir, Edwy Plenel.

Éditions de l'Atelier, 479 pages, 25 euros.