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Japon

Au Japon, une augmentation des salaires en trompe-l'œil

30 mai 2024 | Mise à jour le 30 mai 2024
Par | Photo(s) : RIchard A. Brooks /AFP
Au Japon, une augmentation des salaires en trompe-l'œil

Une rencontre entre la CGT et une délégation du syndicat japonais Zenzoren a eu lieu mardi 21 mai. L’occasion d’échanger sur les situations politiques des deux pays, les différences et les ressemblances entre les stratégies des capitalistes qui y font leur loi, et de resserrer les liens pour mieux les combattre ensemble.

Une délégation d’une dizaine de syndicalistes japonais du Zenroren a profité d’un rendez-vous avec l’Organisation internationale du travail (OIT), à Genève, pour faire un crochet par Montreuil, et plus précisément par le siège de la CGT, afin d’échanger sur la situation syndicale et politique avec ses militants, mardi 21 mai. A l’ordre du jour : le décryptage des augmentations de salaires exceptionnelles – entre 5 et 10%- annoncées jusque dans la presse économique française à l’issue du « shunto » ou « luttes de printemps » ; les pourparlers annuels entre patronat et syndicats japonais autour des salaires et des conditions de travail. « Au Japon, il n’existe pas de négociations de branche, elles se font entreprise par entreprise. L’augmentation annoncée dans les médias ne correspond qu’aux salariés en CDI des grandes entreprises japonaises, mais sont bien loin de la réalité de la majorité des travailleurs japonais, qui travaillent dans des PME », rectifie Keisuke Fuse, le secrétaire général de Zenroren. La division avec le syndicat majoritaire Rengo, corporatiste et de droite, qui se soumet aux décisions patronales, affaiblit le rapport de force et maintient les augmentations de salaires annuelles à un bas niveau – le salaire réel des Japonais ne cesse de décroître depuis 24 mois, selon les statistiques gouvernementales. Pour contrer ce problème, Zenroren tente d’organiser des grèves plus offensives, de viser un rétablissement de l’égalité des salaires entre hommes et femmes, d’obtenir l’augmentation du salaire minimum, et d’augmenter les salaires dans les services publics.

« Sans droit de grève, nous devons faire preuve de créativité… » Keisuke Fuse, le secrétaire général de Zenroren

C’est là la raison de leur visite à l’Organisation internationale du travail : pendant l’occupation des Etats-Unis, après-guerre, sous la houlette du général MacArthur, les fonctionnaires se sont vus interdire le droit de grève, qui n’a jamais été rétabli depuis. « Si un syndicaliste du privé appelle à la grève dans la fonction publique, il est susceptible d’être poursuivi en justice », précise Keisuke Fuse. Aussi ont-ils peu de leviers de pression pour s’opposer aux « recommandations d’augmentation de salaires » publiées chaque année en août, soit plusieurs mois après les négociations dans le privé, qui finissent en avril. « Sans droit de grève, nous devons faire preuve de créativité… Mais nous continuons à nous battre pour le récupérer », explique le dirigeant de la Fédération de l’éducation japonaise à son homologue française, Charlotte Vanbesien.

Renforcer les liens

Une discussion à bâtons rompus s’est ensuite engagée entre les délégations françaises et japonaises. Des questions d’industrialisation et de politique environnementale posées par Laurent Brun à celle des sans-papiers, posée par Gérard Ré, tous deux membres du bureau confédéral, en passant par celle de l’existence de comité économique et social de groupe dans les multinationales implantées au Japon, les différentes problématiques abordées révèlent de troublantes similarités entre la France et le pays du Soleil-Levant. Peut-être parce que le système qui régit ces pays à 10 000 kilomètres de distance a le même nom. D’où la nécessité de renforcer les liens entre les classes ouvrières des deux pays.