21 février 2023 | Mise à jour le 21 février 2023
Alors que la journée du 7 mars s’annonce comme une « mise à l’arrêt » de l’économie et que les syndicats réfléchissent à la reconduction du mouvement au-delà de cette date, les caisses de grève et autres cagnottes de solidarité fleurissent un peu partout.
Malgré l’hostilité sans équivoque de la population, le gouvernement persiste à vouloir passer en force sa réforme des retraites. En déplacement à Rungis ce mardi 21 février, Emmanuel Macron a assumé son choix de reculer l’âge légal de départ, affirmant, malgré les démentis apportés par nombre d’économistes et le rapport du COR, qu’ « il faut travailler un peu plus longtemps ». La réforme voulue par le gouvernement, qui sera examinée par la commission des affaires sociales du Sénat à partir du 28 février, prévoit en effet de reporter de deux ans l’âge légal de départ à la retraite et d’accroître la durée de cotisations nécessaires pour partir à temps plein.
Cinq journées de mobilisation nationale interprofessionnelle très suivies n’auront pas suffi à faire reculer le gouvernement. Dès lors, la possibilité d’une grève reconductible à partir du 7 mars, prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle, devient de plus en plus tangible. D’autant plus que les journées de mobilisation ont vu des taux de grévistes très élevés dans des secteurs clés ( transport, éducation, électricité…), que 64% des Français sont toujours opposés à la réforme des retraites et que 72% d’entre eux soutiennent la mobilisation, selon un sondage Ipsos Sopra Steria réalisé pour France Info et France Télévisions les 1 et 2 février. De son côté, la CGT a appelé « l'ensemble des secteurs professionnels à décider des formes de reconduction de la grève dès le 7 mars ». C’est dans ce contexte explosif que les caisses de grève font l’objet de plus en plus d’attention. Or, tous les syndicats n’abordent pas la question de la même manière. Tour d’horizon.
Une caisse de solidarité à la CGT
À la CGT, il n’existe pas à proprement parler de « caisse de grève ». « Il existe une caisse de solidarité depuis toujours. C’est un compte en banque pérenne, à la confédération, sur lequel tout le monde peut envoyer de l’argent à tout moment » explique David Dugué, secrétaire confédéral et administrateur de la CGT. À l’occasion du mouvement contre la réforme des retraites à points en 2019, la CGT a lancé une seconde cagnotte confédérale : la Cagnotte Solidarité CGT Mobilisation. Cette dernière a été récemment repropulsée sur le devant de la scène à l’occasion de la mobilisation contre la réforme des retraites. Le montant indiqué sur la page ( 516 080 euros au 21 février) correspond à l’ensemble des sommes récoltées depuis 2019 via la cagnotte Leetchi, correspondant à une partie seulement du fonds. À ce jour, l’ensemble de la cagnotte Solidarité CGT Mobilisation s’élève à « environ 800 000 euros », dont 52 000 euros récoltés grâce à la cagnotte Leetchi (une partie de la cagnotte Leetchi ayant déjà été reversée au profit de certaines mobilisations). « Pour recevoir de l’argent de cette caisse, il faut qu’un syndicat en fasse la demande auprès de sa fédération ou de son union départementale, explique David Dugué. Une fois cette demande transmise à la Confédération, on estime avec eux et sur factures l’aide que l’on peut apporter. On verse ensuite le montant à l’organisation statutaire qui reverse à son syndicat ». Pas de barème fixe donc : l’aide est apportée au cas par cas, pour l’ensemble des dépenses engendrées par une mobilisation. La caisse n’a jusqu’à présent été sollicitée que par une seule demande dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, pour financer des déplacements en bus. D’autres caisses de solidarité existent au sein de fédérations ou de syndicats, comme celle mise en place par le syndicat Info’Com-CGT ou la CGT de l’Université Paris-Saclay.
Une caisse de grèves pour les enseignants
De son côté, la CFDT dispose d’une caisse de grève au niveau interprofessionnel. Baptisée Caisse nationale d’action syndicale, elle est financée par une partie des cotisations syndicales et s’élèverait à 140,9 millions d'euros. « Ça fait 50 ans, en gros, qu’on met de côté, explique Jean-Michel Rousseau , secrétaire confédéral CFDT à Franceinfo. Elle est alimentée par 8,6 % des cotisations. Donc tous les adhérents cotisent, de fait, à la caisse ». Cette somme rondelette permet de verser des « prestations grève », selon le site de la confédération, afin de « compenser la perte de salaire des adhérents CFDT pendant leur mobilisation ». L’adhérent dont le syndicat appelle à un mouvement de grève, et qui fait l’objet d’une retenue sur salaire dans le cadre de cette grève « peut percevoir une indemnisation forfaitaire de la part de la Cnas : 7,50 €/heure (valeur 2021) pour les salariés à temps plein, au prorata du temps de travail pour ceux à temps partiel » précise la confédération sur son site. Tous les adhérents à la CFDT depuis au moins 6 mois peuvent s’en prévaloir, dans certains cas, des adhérents ayant cotisé depuis moins longtemps peuvent en bénéficier. Chez Solidaires, l’union syndicale ne dispose pas de caisse au niveau interprofessionnel. Les fédérations ou les syndicats ont donc la main pour créer et gérer des cagnottes. Ainsi de la caisse de grève lancé par Sud Éducation pour soutenir les grévistes de l’éducation et de l’enseignement supérieur de la recherche.
Enfin, FO dispose d’un fonds de solidarité de grève confédéral, abondé par les cotisations des syndiqués. Ce fonds vise à aider les adhérents de FO, dès lors que l’arrêt de travail pour grève atteint une durée de trois jours. L’aide doit être demandée par le syndicat ou la section syndicale mobilisée et « l'aide minimale est fixée à 30€ par jour d'arrêt de travail indemnisé » précise le nouveau règlement intérieur du fonds de solidarité de grève confédéral, en application depuis le 1er janvier 20223.