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Cantinières de Marseille,les raisons d’une grève

17 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par | Photo(s) : AFP - Peter MacDiarmid
Cantinières de Marseille,les raisons d’une grève

Jeudi 19 mars, à Marseille, le personnel CGT des écoles décidera de la poursuite, ou non, de son mouvement de grève commencé en septembre. Face à leurs revendications portant sur les embauches, les réponses de la mairie restent très en deçà des besoins réels.

«Il faut une réorientation des choix politiques autour de la petite enfance à Marseille. L'école maternelle, l'école primaire… Il s'agit de l'avenir, c'est important.» Pascale Beaulieux, secrétaire générale de la CGT territoriaux de Marseille n'est pas vraiment satisfaite de la réponse, reçue mardi matin, de Jean-Claude Gondard, directeur général des services de la ville. Si elle note «quelques petites améliorations: le compte épargne-temps validé, une note de service spécifiant les périodes de congés légaux, la promesse d'un meilleur dialogue social», les questions de fond restent en suspens, regrette-t-elle: «Pallier l'absentéisme élevé des personnels et relever le taux d'encadrement des enfants

«ON N'Y ARRIVE PLUS, ON EST ÉPUISÉES»

Depuis la rentrée de septembre, la CGT demande l'embauche de 282 agents supplémentaires dans les écoles de la ville. Il faut «réactiver un corps de volantes pour pallier les absences au lieu de déplacer en permanence les agents d'une école à l'autre», explique Pascale Beaulieux. «Cela revient à 10% du nombre d'agents en plus, par grade et par secteur», précise Arlette Macheret, cantinière et déléguée des écoles au syndicat CGT des territoriaux. Avant d'insister sur l'usure des agents: «On n'y arrive plus, on est épuisées. Cela fait presque trente ans que je fais ce métier, c'est de pire en pire. La mairie répond qu'on a les vacances scolaires. C'est vrai, mais moi, la première semaine de vacances, il me la faut pour récupérer

Trois grades existent chez le personnel municipal employé dans les 445 écoles et les 313 restaurants scolaires que compte Marseille: cantinières (ou responsables de restaurant) et adjointes techniques (chargées de l'entretien, de la surveillance, etc.), dans les écoles primaires; Atsem (agents spécialisés, qui assistent les professeurs des écoles en classe) dans les écoles maternelles. Pour plus de 72 000 élèves, «il y a entre 2 800 et 3 000 employés municipaux dans les écoles, estime Pascale Beaulieux. La mairie ne nous donne pas les chiffres précis, prétendant que cela ne nous servirait à rien de les connaître».

Ce discours désinvolte, la municipalité ne le réserve pas à tous ses interlocuteurs. Réunis jeudi 12 mars devant l'hôtel de ville, les membres du personnel CGT des écoles ont appris que leurs collègues de FO (majoritaire) avaient, elles, été reçues la veille et obtenu une réponse: l'embauche de 100 Asics (agents de surveillance intercantine), 40 Atsem, 20 adjoints techniques et 15 responsables de restaurant. Soit environ 175 agents, un chiffre qui correspond à peu près à celui donné une semaine plus tard à la CGT.

Au-delà du caractère discriminant de cette réponse en deux temps, la CGT en pointe l'insuffisance qualitative. «Les Asics, ce sont des emplois précaires et la fonction publique territoriale n'a pas besoin de ça!», s'énerve Pascale Beaulieux. «Les Asics travaillent deux heures par jour lundi, mardi, jeudi et vendredi, soit 8 heures par semaine, c'est de la grande précarité, et cela ne répond absolument pas à notre demande», ajoute Arlette Macheret.

ABSENTÉISME ET PÉNIBILITÉ

«Selon le directeur général des services, il y a plus ou moins 40% d'absentéisme jour au service de la vie scolaire, s'étonne Pascale Beaulieux. Ils parlent d'un absentéisme excessif mais ne posent jamais les bonnes questions. D'abord, il s'agit d'un monde de femmes où l'absentéisme est plus élevé, puisque dans notre société ce sont majoritairement les femmes qui prennent en charge les enfants, sans compter les grossesses. Tout cela, nous semble-t-il, relève d'absences programmables qui sont donc mal gérées par les services. Ensuite, il y a la pénibilité induite par la nouvelle loi sur les temps d'activités périscolaires [TAP] qui n'est pas prise en compte

Les fameux TAP de la loi Peillon qui, depuis la rentrée de septembre, alimentent un pénible feuilleton marseillais. La municipalité a attendu le dernier moment pour mettre en place le dispositif, qui a fini par se déployer dans des conditions d'encadrement parfois limites: animateurs en sous-effectif et peu ou pas formés. Les inégalités entre les écoles sont patentes et la dimension pédagogique de la loi largement occultée: des parents et une partie de la communauté éducative ont lancé une fronde qui dure.

Dans ce contexte tendu, la grève des agents est parfois mal comprise par les parents excédés.

«À la différence des crèches où les parents pénètrent dans les locaux et croisent les personnels, il n'est pas possible d'entrer dans les écoles et de voir les conditions de travail réelles des agents», souligne Pascale Beaulieux. Or, en plus de l'entretien des salles et des sanitaires dans des locaux parfois vastes, les agents sont aussi chargés de nettoyer les cours et les allées. «La semaine de travail à 41 heures 30 avec un déficit de personnel fait de nous des maltraitants», déplore la CGT. «On a des taux d'encadrement qui tournent autour de 1 pour 25 enfants en maternelle et de 1 pour 50 en primaire: on ne peut pas s'occuper correctement des petits, alors on s'énerve, on crie», ajoute Arlette Macheret.

«Pour nous, la priorité ce sont vos enfants.» Jeudi 19 mars devant l'hôtel de ville, où certains élus n'hésitent pas à les traiter de «fainéantes», les cantinières et Atsem de Marseille tenteront une fois encore de se faire entendre.