Clestra : un dépôt de bilan qui menace plus de 130 emplois
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Absence d'évaluation de la charge et des conditions de travail pour ceux qui resteront, insuffisance du plan de prévention des risques… Le 29 septembre, le tribunal de grande instance de Lille s'est à nouveau penché sur le plan de licenciement de l'usine Cargill à Haubourdin (Nord), spécialisée dans les produits à base d'amidon.
Avant le confinement, les salariés et leur avocat, Fiodor Rilov, avaient d'abord attaqué le contenu lui-même du PSE. Action retoquée par le tribunal, qui s'est déclaré incompétent. Désormais, c'est l'homologation du PSE par la Direccte, intervenue mi-août, qui est contestée.
Dorian Vallois, délégué syndical CGT à l'usine, prend un exemple précis, les « tournées de vigilance des opérateurs ». Imposées dans la nouvelle organisation de travail, elles consistent à relever un certain nombre de paramètres sur les machines. La direction assure que le processus existait déjà, mais qu'il est tombé en désuétude.
« Cela n'a plus rien à voir, rétorque Dorian Vallois. Désormais, cela prend deux fois une demi-heure à une heure, au début et à la fin de chaque poste. Sur un poste de huit heures, cela entraîne une surcharge de travail, alors que certains salariés n'arrivent même pas à prendre une pause casse-croûte d'une demi-heure. »
Alors que les premières lettres de licenciement pourraient partir dès la mi-octobre, le tribunal a fixé son délibéré au 3 novembre. Mais à Cargill Haubourdin, la lutte a démarré depuis longtemps, il y a presque un an. Le 21 novembre 2019 exactement, jour de l'annonce brutale de 183 suppressions de postes sur 314.
Au nom de la « nécessaire sauvegarde de (sa) compétitivité » et « des difficultés du secteur de l'amidonnerie de Cargill en France », la direction de l'usine explique alors qu'il faut fermer la ligne de production d'amidon d'Haubourdin… Laquelle devait faire l’objet d’un investissement de 15 millions d'euros venant juste d'être bouclé. Dans le même temps, le géant américain Cargill (155 000 salariés dans 70 pays) vient de servir à ses actionnaires un dividende de 1,13 milliard de dollars, en hausse de 76 %.
L'argument des « difficultés » de Cargill a d'ailleurs été balayé par une expertise du cabinet Progexa, qui évalue à 5,9 millions d’euros le résultat du site d'Haubourdin en 2019. « Où sont les pertes abyssales ? », interroge le cabinet, qui ajoute : « Au final, c'est la pérennité industrielle même du site qui est interrogée. […] S'agit-il d'un plan européen [du groupe Cargill] supporté par le seul site d'Haubourdin ? »
Et le groupe est pressé. Il préfère ainsi laisser au chômage partiel la quarantaine de salariés de l'amidonnerie et acheter l'amidon dont il a besoin à son concurrent Roquette, à Lestrem (Pas-de-Calais). Quant aux silos de stockage du maïs qui servait à produire l'amidon, ils sont presque vides. « Le contenu a été vendu à d'autres sites Cargill », assure Dorian Vallois, qui prédit que la destruction de ces silos ne devrait pas tarder.
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