A Rennes, la Fonction publique mobilisée comme partout en France
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« Face à la crise sociale et sanitaire, pas question de se mettre des freins ». Tel est le message qu'a voulu faire passer Sébastien Boudesoque, cheminot, secrétaire à l'organisation de l'Union départementale de l'Hérault. Un cri largement partagé par la centaine de délégués des syndicats CGT du département, qui participaient le 29 janvier dernier au Cap d'Agde, au comité général, organisé par l'union départementale locale.
Au menu de cette journée placée sous le signe du bonheur de se retrouver, après des mois de réunions virtuelles : la préparation du congrès et de la journée de mobilisation nationale du 4 février. « La crise creuse les inégalités comme jamais. Mais la période n'a jamais n'a jamais été aussi favorable pour donner des perspectives », a lancé dans un discours offensif et très applaudi Serge Ragazzacci, secrétaire départemental de l'UD.
« 2020, c'est champagne et petits fours pour la France d'en haut, qui a fait des profits records comme l'a montré le rapport d'Oxfam, alors qu'il y a désormais dans notre pays 8 millions de pauvres — contre 5 millions en 2008 — . Un monde d'après qui ressemble furieusement au monde d'avant-hier. Avec son lot de délocalisations, de ruptures conventionnelles, de fermetures et de licenciements ».
En Occitanie, 4 500 emplois dans l'aéronautique et 10 000 CDD et contrats intérimaires n'ont pas été renouvelés dans la métallurgie. « Partout les conventions collectives sont attaquées. Et le pire est à venir avec de nombreux emplois industriels qui risquent à terme de disparaître », a expliqué Simon Singla, membre national de la Fédération travailleurs de la métallurgie et secrétaire de l'Union syndicale CGT des travailleurs de la métallurgie (USTM).
Dans le seul département de l'Hérault, à Lattes, 80 emplois vont être perdus d'ici cet été chez Schneider Electric. Chez IBM à Montpellier, où le géant américain est historiquement implanté, 200 postes sont menacés, tandis que l'entreprise a annoncé la suppression de 1 251 postes en France d'ici 2022. Leur point commun ? La délocalisation en Inde où le droit du travail a été suspendu par le gouvernement Modi.
Chez Orchestra Prémaman, une enseigne de vêtements pour bébé, dont l'effectif est déjà passé dans le département de 130 à 98 emplois, une assemblée générale s'est tenue lundi dernier dans le dépôt. L'entreprise, en redressement judiciaire, a été reprise par son patron Pierre Mestre, après l'apurement du passif à hauteur de 500 millions d'euros. « Il veut nous mettre en filiales », a dénoncé Stéphane Crampon, délégué syndical.
Dans la recherche, l'année 2020 restera également comme celle des rendez-vous avec des vérités qui dérangent. « Le grand patronat profite largement de la Covid pour que rien ne change, a expliqué Patricia Sourouille, du syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique à Montpellier. Le gouvernement joue sur les effets d'annonce, mais les budgets de la recherche baissent d'année en année. Ainsi au CNRS on ne recrutera plus que 560 chercheurs en 2021, contre 1000 il y a dix ans. Les autres sont en CDD de projet ou en CDI de mission ».
De quoi faire décrocher la recherche française dans tous les domaines, comme l'a souligné la récente note du Conseil d'analyse économique (CAE), publiée le 26 janvier. Et pas seulement dans la filière pharmaceutique française, dont les deux fers de lance, l'Institut Pasteur et Sanofi — qui licencie au passage 400 personnes —, n'ont pas pu développer à temps un vaccin, alors que les deux seuls vaccins disponibles en Europe, sont issus d'entreprises fondées par des universitaires.
Une université également au bord de la rupture. « Les étudiants, qui manifestent régulièrement dans la rue à Montpellier contre la loi sécurité, sont en pleine détresse », a ajouté Patricia Sourouille.
À l'hôpital aussi on continue à fermer des lits au niveau national, tout « en faisant travailler du personnel positif au Covid », a dénoncé Véronique Mauroy, syndicaliste et adjointe administrative hospitalière à l'hôpital de Thau. Un sombre tableau, qui « nécessite plus que jamais de résister », a expliqué Yvan Vialettes, secrétaire du syndicat des territoriaux CGT de la mairie de Béziers, qui a perdue plus de 200 emplois alors que Béziers abrite la 4e population la plus pauvre de France.
« Il faut une campagne offensive comme nous le faisons avec trois Fédérations de la fonction publique depuis décembre. Le mécontentement est général et les revendications justes. Notre responsabilité c'est d'aller au contact des salariés et d'être à l'offensive », a-t-il ajouté.
Ne rien lâcher donc. Un engagement fort des militants du département que n'a pas manqué de saluer Philippe Martinez, qui avait fait le déplacement. « Tout ce qui se passe aujourd'hui, c'est tout ce que l'on dénonce depuis des années », a-t-il souligné. Le plan de relance ? C'est tout sauf un plan de rupture avec les politiques de casse de l'emploi et de pression sur les salaires. Mais bien plutôt « un robinet à milliards sans contreparties de l'État ouvert pour le grand patronat », souligne L'UD.
Les gagnants sont toujours les mêmes et les entreprises les moins touchées par la crise seront celles qui bénéficieront le plus des baisses d'impôts. Un constat qui impose de contrôler et de conditionner socialement et écologiquement les aides publiques dans le département. « Il faut un véritable plan de relance combinant investissement public massif et soutien des revenus des plus fragilisés ou précaires », explique Serge Ragazzacci. Pas facile quand on sait que l'Union départementale n'arrive pas à obtenir des chiffres sur les entreprises qui bénéficient du plan de relance.
Sans parler du préfet de l'Hérault, aux abonnés absents depuis la dernière visioconférence à la fin d'octobre dernier. Compliqué, dans ces conditions, de pointer ce qui se passe dans les entreprises du département. Ce qui n'empêche pas les cent délégués d'appeler, face à la crise sociale galopante, à une mobilisation de tous les syndicats du département pour la journée d'action interprofessionnelle avec l'intersyndicale CGT, FSU et Solidaire du 4 février à Béziers, Montpellier et Sète.
Toutes les formes de lutte sont aussi les bienvenues, a expliqué Philippe Martinez. Des pétitions, aux actions plus musclées, pourvues qu'elles rassemblent. « Personne ne peut nous reprocher de mobiliser et de manifester. C'est bien ça le sens du 4 février. Et je suis convaincu que comme on a raison, on va gagner », a conclu le secrétaire général de la CGT 34.
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