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TRAVAIL DOMINICAL

La CGT relance l’offensive contre le dimanche travaillé

3 juillet 2017 | Mise à jour le 3 juillet 2017
Par | Photo(s) : D.R.
La CGT relance l’offensive contre le dimanche travaillé

Mobilisation du 28 juin 2017 devant le centre commercial d'Evry 2 contre le travail dominical dans le commerce et les services.

Mobilisée le 28 juin au centre commercial d'Évry 2, dans l’Essonne, la CGT a réamorcé la bataille idéologique contre le travail dominical dans le commerce et les services. À venir, de nouvelles étapes de mobilisations et un appel à la grève le 12 septembre.

« Moi, le dimanche, j'apprends à pédaler à Théo. Et vous ? » ; « Nous, le dimanche, on se retrouve. Et vous ? », interpellent les affiches placardées sur la camionnette de la CGT de l'Essonne. Coiffée de son ostensible ballon rouge siglé « CGT 91 », la fourgonnette campe au beau milieu de la place des Terrasses de l'Agora, à quelques mètres de l'entrée du centre commercial Évry 2.

À l'entrée, comme à la sortie du centre, impossible de louper cette caravane de campagne, ses drapeaux, ses affiches, ses banderoles et ses slogans revendicatifs déclamés au mégaphone du véhicule. « Travailler le dimanche, c'est non, non, non ; travailler la nuit, c'est non aussi ! », martèlent à leur tour les quelque deux cents militants qui viennent de rallier le piquet de campagne. Tout de rouge vêtus et chapeautés, ils viennent des quatre coins de l'Île-de-France, de Marseille, de Lille, de Lyon, de Saint-Étienne… Impossible, pour les chalands, les salariés ou les commerçants d'Évry 2 d'échapper à la diffusion de leurs tracts comme à la signature de leur pétition contre le travail dominical.

On vous l'avait bien dit 

Amar Lagha, secrétaire général de la fédération CGT du commerce et des services

Amar Lagha, secrétaire général de la fédération CGT du commerce et des services

« Nous relançons aujourd'hui  la bataille idéologique contre l'ouverture des commerces le dimanche, et la nuit et pour exiger l'abrogation de la loi Macron de 2015 », explique Amar Lagha, le secrétaire général de la CGT Commerce et Services qui organisait l'événement en convergence avec l'union départementale CGT de l'Essonne. Étape inaugurale d'une série d'actions syndicales qui seront déclinées dès le mois de septembre dans les principales villes de France, notamment celles que la loi Macron de 2015 a doté de ZTI (zone touristique internationale), ce premier temps fort à Évry 2 prend le relais, sur le terrain, d'une campagne lancée le 31 mars sur les réseaux sociaux.Intitulé « On vous l'avait bien dit » (www.onvouslavaitbiendit.org), ce prélude digital empruntait volontiers les accents de l'ironie, histoire de rappeler au public les alertes de la CGT, lancées et réitérées durant toute la saison de lutte contre la loi Macron, qui fut malgré tout adoptée en août 2015. Pour quels résultats ? « Un échec total en termes de création d'emplois, il n'y a qu'à voir les chiffres du chômage dans le secteur pour s'en convaincre », fait valoir Amar Lagha. Échec, aussi, du côté des engagements pris par les employeurs, aujourd'hui remis en cause, comme c'est le cas chez Bricorama en ce qui concerne le volontariat et les majorations de salaires de 200 %. En dépit de quoi, le consortium Évry 2 – propriétaire du centre commercial – n'a eu de cesse de mettre la pression sur les pouvoirs publics (municipalité et préfecture) afin de placer le centre commercial et ses quelque 250 enseignes en PUCE (périmètre d'usage de consommation exceptionnel). Cela alors que, selon la CGT qui les avait sondés en 2011, moyennant une pétition « Pour ou contre l'ouverture le dimanche ? », 80 % des salariés et des dirigeants de ces boutiques s'étaient déclarés défavorables au dimanche travaillé !

Le gros piège

Peu réceptif au résultat de cette consultation démocratique, mais plus attentif aux demandes de la direction du centre commercial, le conseil municipal de la ville d'Évry délibérait en décembre 2016 en faveur d'une extension de l'ouverture à 12 dimanches du centre, qui bénéficie actuellement de 9 dimanches autorisés par an. « Si on banalise l'ouverture des commerces le dimanche, ce jour de repos deviendra un jour travaillé comme les autres et rémunéré comme les autres, sans majoration de salaire, le gros piège pour les étudiants volontaires », déplore ainsi Simon, un étudiant salarié venu soutenir l'action de la CGT.

Ce mercredi 28 juin, premier jour de lancement des soldes, les allées du centre Évry 2 se sont colorées de rouge. Clients, salariés, dirigeants de boutique, parents, étudiants, chaque population était interpellée par les militants sur le travail dominical. Surtout sur ces conséquences en cascade, au premier rang desquelles, le leurre de la création d'emplois : « Au contraire, les faits sont là. L'ouverture des commerces le dimanche tend à davantage précariser les emplois par la multiplication des temps partiels imposés, en particulier aux femmes qui constituent l'essentiel de ce salariat », affirme Amar Lagha. Autre leurre que la CGT n'a eu cesse d'anticiper, le mythe du volontariat : « Notre campagne “Onvouslavaitbiendit” nous l'a confirmé : seuls les étudiants qui n'ont pas d'autre choix sont « volontaires » pour travailler le dimanche, à condition que les majorations de 200 % du salaire journalier soient appliquées or, le cas de Bricorama qui revient sur ses engagements conforte nos analyses et légitime notre opposition ferme à la généralisation et à la banalisation du dimanche travaillé dans le secteur du commerce », tranche Amar Lagha.

« Allez plutôt chez Auchan »

Lorsqu'il a envahi l'hypermarché Carrefour, le cortège CGT s'est heurté au directeur de l'établissement qui a prié les manifestants d'aller plutôt protester chez Auchan, son concurrent qui, contrairement à Carrefour, pratique déjà l'ouverture le dimanche. « Alors que nous, quand nous le ferons, ce sera sur la base du volontariat des salariés », a annoncé le manager. Éclats de rire, teintés d'amertume, parmi les militants qui, directement ou indirectement, ont tous déjà eu le loisir d'expérimenter la duperie du supposé volontariat dans les diverses enseignes qui les emploient. « La réalité, c'est qu'on n’a pas le choix quand l'employeur l'exige, on a un lien de subordination qui fait qu'on est contraint d'accepter », confie Valérie, de la CGT Marseille.

« Le travail dominical ne crée aucun emploi, en revanche, il complique énormément la vie de famille des salariés », a pour sa part rappelé Ollivier Champetier. Pour le secrétaire général de la CGT de l'Essonne, le travail dominical pose une série de problèmes que les pouvoirs publics seront bien obligés, tôt ou tard, d'assumer : ouverture de crèches le dimanche et de garderies pour les enfants ; déploiement de forces de sécurité dans les centres commerciaux ; extension des dessertes de transports publics pour les salariés pendulaires ; approvisionnement des guichets DAB et sécurisation des convoyeurs de fonds ; ouverture des platesformes logistiques pour l'approvisionnement des magasins. « On détruit tout un modèle de société, juste pour permettre à quelques multinationales de capturer des parts de marché au détriment des commerces indépendants et, tout cela, sans créer aucun emploi supplémentaire. Ce n'est décidément pas raisonnable ni acceptable », considère Ollivier Champetier. De retour sur la place des Terrasses de l'Agora, le secrétaire général a appelé les militants à rester mobilisés durant tout l'été, « contre toutes les mauvaises lois », dont, notamment, la loi « Travail 2 » en cours. Prochaines initiatives de lutte auxquelles s'associer : celle du collectif Service public, le 5 juillet sur le marché de Juvisy (91) ; celle de la dernière étape du Tour de France, le 23 juillet à Montgeron (91) ; et, enfin, la journée de grèves et de manifestations du 12 septembre à l'appel de la CGT.