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2 fois plusentre 1980 et 2017, le revenu des 1 % d’Européens les plus riches a augmenté deux fois plus vite que celui des 50 % les moins aisés.

9 avril 2019 | Mise à jour le 11 avril 2019
Par | Rédactrice en chef adjointe de la NVO
Le laboratoire sur les inégalités mondiales a mis en ligne le premier avril dernier une étude sur le thème : « Le modèle social européen a-t-il résisté à la montée des inégalités ? »

Les auteurs, Thomas Blanchet, Lucas Chancel (codirecteur du World Inequality Lab) et Armory Gethin, y font le constat de l'évolution des inégalités de revenu dans 38 pays européens entre 1980 et 2017.

Les inégalités continuent de croître en Europe depuis les années 80

D'emblée, l'étude le souligne  : « L'Europe est l'un des continents qui ont le mieux résisté à la montée des inégalités de revenu observée dans le monde depuis le début des années 1980. ». Les inégalités y ont augmenté par exemple beaucoup moins fortement qu'aux États-Unis. Cependant, soulignent les auteurs , « la croissance européenne a elle aussi été inégalitaire : entre 1980 et 2017, les 1 % d'Européens les plus riches ont vu leur revenu moyen croître deux fois plus vite que celui des 50 % les moins aisés. »  

Le taux de pauvreté en Europe, 21 %, est demeuré identique à celui du milieu des années 80. Et d'autres chiffres donnent le vertige. Ainsi, selon les auteurs, « le revenu des 0,001 % d'Européens les plus riches haut a crû cinq fois plus rapidement que celui des 80 % du bas depuis 1980 »

Des inégalités au sein de chaque pays européen 

Pour les auteurs, cette montée des inégalités touche quasiment tous les pays européens. Il s'agit d'abord d'inégalités à l'intérieur de chaque pays. L'accroissement de l'écart des revenus a ainsi été particulièrement fort en Europe de l'Est.

« Il y a des Allemands pauvres et des Grecs riches » rappelle Lucas Chancel. Et il analyse : « La question ne concerne donc pas tant l'augmentation des transferts entre pays européens que la manière dont les pays européens coordonnent leurs efforts pour s'assurer que les multinationales et les plus riches paient leur juste part d'impôt — afin de financer de manière adéquate les services publics qui constituent la pierre angulaire du modèle social européen. »

Et de prévenir : « À l'avenir, si l'Union européenne souhaite contenir la hausse des inégalités sur le continent, elle devra créer les conditions d'un financement pérenne et équitable des services publics, notamment via une fiscalité plus progressive sur les individus et les entreprises à l'échelle européenne ».

Transferts des pays pauvres vers les pays riches ?

Au-delà, l'étude met en évidence les inégalités qui persistent entre États européens.

Elle indique aussi que les transferts nets de revenus entre pays de l'UE sont plus favorables aux pays riches : en fait, expliquent les auteurs, « Si les investissements provenant de l'Ouest ont eu un impact positif sur la productivité des pays de l'Est, une partie des gains de productivité a été captée sous forme de profits par les investisseurs étrangers. »

L'étude, parue à la veille des élections européennes, confirme l'urgence d'une autre politique économique, fiscale, sociale, sur tout le continent.