Précisément, 94,97 % des votants ont rejeté le projet de réforme, a annoncé Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots, lors d'une conférence de presse, appelant le gouvernement « à écouter les cheminots ». La participation à cette consultation interne, lancée le 14 mai par l'intersyndicale CGT, Unsa, SUD et CFDT et close mardi soir, a été d'un niveau « exceptionnel » avec 91 068 cheminots (sur près de 147 000) ayant pris part au vote dans les « 564 urnes déployées dans le pays », a-t-il indiqué, relevant une « très forte participation de l'encadrement » à ce vote mis sur pied en quelques jours, une « prouesse militante ». « On ne fait pas une réforme contre l'avis des principaux experts en la matière et de ceux qui vont devoir la mettre en œuvre au travers de leur travail », a insisté Laurent Brun.
Une demande de démission
Sud-Rail demande au patron de la SNCF, Guillaume Pepy, de « tirer les conséquences » de la consultation et « de présenter sa démission au gouvernement avant la fin de la semaine », a déclaré son porte-parole Erik Meyer. La consultation « n'a pas été lancée sur le mot d'ordre » d'obtenir la « démission » de M. Pepy, mais il « devrait tirer les conséquences du vote », a abondé M. Brun. Pour la CFDT Cheminots, « la rupture de confiance entre la direction et le corps social de la SNCF est extrêmement forte », a souligné son secrétaire général adjoint Sébastien Mariani. Mais « on n'est pas sur des questions de personnes », a-t-il ajouté, rejoint par l'Unsa ferroviaire.
Le secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, Roger Dillenseger, a dénoncé « une réelle approximation » du gouvernement « sur tous les dossiers » de cette réforme, « un chantier de fond et d'importance ». Il a de nouveau demandé un allongement du calendrier de négociation de la convention collective nationale du transport ferroviaire qui doit être bouclée avant la fin des recrutements au statut de cheminot à la SNCF le 1er janvier 2020. M. Mariani a souligné « l'inquiétude profonde » des cheminots et « leur détermination forte », car le projet de réforme ferroviaire « détruit l'existant sans dire ce qu'on va construire demain ». Concernant les amendements au projet de loi proposés séparément par l'Unsa et la CFDT, M. Dillenseger a prévenu que l'objectif n'était pas de « modifier des bricoles », mais de « faire bouger certaines lignes ». « On souhaite que le gouvernement bouge plus », a dit M. Mariani, notant par ailleurs que la participation à la grève « reste durablement forte ».
Une initiative réussie
Initialement prévue sur sept jours, la « vot’action » avait été prolongée d'une trentaine d'heures. Ce scrutin a été qualifié de « pétition » par le gouvernement et la direction de la SNCF. Son résultat est publié alors que l'entreprise connaît mercredi sa 21e journée de grève depuis début avril et que les sénateurs de la commission de l'Aménagement du territoire et du Développement durable examinent le projet de loi de réforme ferroviaire. Au total, 169 amendements ont été déposés sur ce texte qui arrivera en séance publique au Sénat à partir du 29 mai, avant un vote solennel prévu le 5 juin.