Clestra. Out l’accord de compétitivité !
Le scénario était écrit d'avance. Après avoir repris, en octobre 2013, le groupe Clestra (fabriquant de cloisons amovibles) et l'avoir sauvé par là-même de la liquidation judiciaire, son nouvel actionnaire, le groupe industriel Impala, avait prévu d'imposer un accord de compétitivité aux salariés : deux ans de gel de salaire et la remise en cause d'acquis sociaux comme l'accord 35 heures.
« Faites vos preuves après on verra »
« Ce scénario était même soutenu par Bercy, qui s'est penché sur le dossier lors du dépôt de bilan. L'idée étant de démontrer que pour sauver une boîte, il n'y a pas d'autre alternative », pointe Amar Laadra, élu CGT au comité d'entreprise. Seulement voilà, après avoir bataillé pendant des mois lors de la période de dépôt de bilan, les salariés n'entendaient pas faire de nouveaux sacrifices alors que 150 emplois avaient déjà été supprimés. « Après la reprise par Impala, nous étions favorables à une renégociation de nos accords d'entreprise pour les améliorer.Mais on nous a dit : “faites vos preuves, après on verra” », raconte l'élu. Ulcérée par cette déclaration, la totalité du service de production (70 % des effectifs) du siège d'Illkirch (Bas-Rhin) se met en grève. « Nous avons été très surpris par la détermination des salariés, raconte Amar Laadra, en 7 jours, personne n'a lâché malgré les diverses pressions exercées par la direction. »
180 syndiqués à la CGT sur le site d'Illkirch
sur un effectif total de 400 personnes.
Depuis la fin du conflit, le syndicat a recueilli 6 nouvelles adhésions.
C'est même elle qui finit par lâcher du lest : l'accord de compétitivité est abandonné au profit d'une hausse de salaire de 20 euros net (contre 80 revendiqués), les journées de grève sont payées aux trois quarts, et un cabinet d'expertise est mandaté pour travailler sur l'amélioration des conditions de travail et du dialogue social.
D’autres choix possibles
« Le rapport de force a beaucoup compté, note Amar Laadra, de même que notre fort taux de syndicalisation et la qualité de vie syndicale. Nous avons pris soin en amont d'expliquer pourquoi on faisait les choses. Nous avons ainsi illustré ce que représentait le coût du capital en montrant que lors des NAO, nous revendiquions, par exemple, 100 000 euros supplémentaires, soit seulement 0,2 % du chiffre d'affaires de l'entreprise ! Tous ces éléments ont renforcé la conviction des salariés que d'autres choix sont possibles. »