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Comédie de bureau

22 mars 2014 | Mise à jour le 13 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Comédie de bureau

Christophe Carlier nous livre un second roman jubilatoire et salutaire, un pied de nez, en ces temps de sinistrose aiguë, qui prend la crise économique à rebrousse-poil dans une comédie délicieuse. Ne boudons pas notre plaisir !

« Des directeurs, elle en avait vu de toutes les couleurs pendant ces années. Elle se souvenait d'un cérébral qui mettait la vie en diagrammes et en camemberts. D'un participatif, qui sollicitait en permanence l'avis du personnel, sans jamais en tenir compte. » Agathe Pichenard, aux tenues framboise, est une secrétaire tire-au-flanc joyeuse et désinvolte, qui voit défiler les boss sans jamais se mettre la rate au court-bouillon.

 

D'une plume alerte autant que réjouissante, Christophe Carlier nous conte la vie à Buronex, une entreprise spécialisée en livraison de bureaux, à travers trois personnages savamment croqués. Outre Agathe, on suit Norbert Langlois, le nouveau directeur, tatillon et accro aux nouvelles alarmistes des économistes, qui s'affole quand on prédit une éclaircie. On rit beaucoup de le voir grisé par « les semonces du “déclinologue” », tapi dans sa voiture, retenant son souffle, « anticipant l'apocalypse et guettant le moment d'applaudir ». Et puis, il y a Ludivine, la stagiaire énigmatique qui s'échine grandement et admire son supérieur qui a « la trempe d'un aventurier ». Le mélange des trois protagonistes compose un cocktail savoureux.

« Agathe ne s'émut pas qu'on l'associe au contrat Harrigton et la charge d'une mission hautement périlleuse. Tout cela était vétille et petite bière. » Quand Norbert veut ­coincer Agathe, en lui confiant la négociation d'un contrat avec un client américain important, le déroulement des opérations prend une tournure des plus drolatiques.

Christophe Carlier, qui a obtenu le prix du Premier Roman en 2012 pour L'assassin à la pomme verte, nous livre un second roman jubilatoire.

 

 

 

L'euphorie des places de marché, de Christophe Carlier,
éd. Serge Safran, 190 p., 16 €