Le rôle des unions régionales CGT en débat lors du 52e congrès
Lors du 52e congrès de la CGT à Dijon, l'un des sujets des annexes statutaires proposés aux votes était la mise en place d’unions régionales. Le thème, avec des soutiens... Lire la suite
Imaginer un autre avenir quand le présent se caractérise par des mutations qui sont autant d'attaques régressives sur l'emploi, la précarité, le travail, son sens et sa qualité, tel était l'ambition de ce premier thème de débat, dans le texte : « La réalité du travail et son avenir avec les évolutions technologiques comme le numérique. »
Faire le tour d'une telle question en deux heures relève d'autant plus de la mission impossible que beaucoup de délégués « en ont gros » face aux suppressions d'emplois massives et qu'on ne saurait faire l'économie des témoignages de cette réalité. Sans pouvoir toutes les citer, nous reprenons ci-dessous quelques interventions fortes.
Virginie Cabas, déléguée de Carrefour est ovationnée lorsqu'elle évoque les milliers de suppressions de postes en cours dans la grande distribution qu'elle met en parallèle avec les profits faramineux qu'y réalise le patronat. Ici la numérisation élimine les hôtesses de caisses, soumet l'humain à la machine et est utilisée au service du projet du capital. Et d'inviter à ne pas rester l'arme au pied : « il y a urgence à lutter et on peut gagner ! »
Karine Lepennuisic, déléguée de Pôle Emploi, explique que la technologie n'est pas neutre et que tout dépend de son usage. Elle dénonce une logique du capital dans l'usage des technologies dans les services publics. « L'usage qui en est fait est celui d'une suppression des coûts pour un service public low-cost. C'est une logique de transferts des tâches vers l'usager».
Il en résulte une remise en cause de l'accès et de l'égalité de traitement des citoyens face aux services publics. Avec l'illectronisme, on génère au final une remise en cause des droits. Et de faire le lien avec le mouvement des gilets jaunes qui dénonce cette absence d'accès aux droits.
William Roger du syndicat Éducation de Tourcoing (Nord), note à son tour l'importance de se tourner vers les précaires et de relater l'expérience de la CGT de Tourcoing qui est allée au devant des gilets jaunes sur les ronds-points dès décembre. Ce qui s'est traduit par des adhésions à la CGT.
Rachel Ruhland, assistante maternelle n'a pas de mal à faire le lien avec les gilets roses, dont elle fait partie et dont elle rappelle la genèse. Face à un vécu de précarité, qui « n'est pas notre métier », elle raconte comment il y a six mois le collectif des gilets roses a contacté la CGT pour engager la lutte. Il s'agit de sortir de situations de sans-droits où il n'y a ni salaire minimum, ni accès à une médecine du travail etc. C'est aussi un immense enjeu pour la CGT qui doit mener campagne envers les salariés des TPE.
Alfonso Pedro, raffineur de la FNIC CGT insiste aussi sur l'importance de la bataille sur la prévention des risques et de dénoncer avec force la suppression des CHSCT comme outil de prévention. Il invite la CGT à combattre ce recul avec « un plan national de lutte ».
Un délégué issu de la fédération des organismes sociaux (sécurité sociale) n'a pas de mal à lui emboîter le pas en dénonçant la réduction de tous les moyens de prévention qui s'opère depuis des années au travers des suppressions d'emplois dans les Carsat.
Pierre Laurent, des cheminots de Metz, ajoute qu'il faut en outre mettre les enjeux environnementaux et l'urgence climatique au cœur des luttes pour contraindre le patronat. Une intervention qui fait écho à celle Mohamed Saïdi, de la fédération agro alimentaire qui explique le travail réalisé dans sa profession contre l'usage des pesticides et la lutte qui a permis d'inscrire des maladies qui y sont liées dans le tableau des maladies professionnelles.
Elodie de Framatome note que la robotisation a accéléré la détérioration de la santé avec l'apparition massive des troubles musculo-squelettiques. Une tendance qui de plus s'est conjuguée avec une déqualification, car le patronat ne veut plus reconnaître la qualification au travers de la précarité et du paiement du travail au poste. Et de conclure sur la nécessité d'engager la bataille pour les 32 heures.
Travailler moins, travailler mieux, travailler tous, une équation de progrès social portée par la CGT.
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