Mégabassines : une répression hors-norme
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L’urgence attendra. C’est le constat dressé par nombre d’observateurs à l’issue de la COP 27. Au terme de la rencontre à Charm el-Cheikh (Egypte) qui s’est tenue du 6 au 19 novembre 2022, les 196 nations ont accouché d’un accord peu ambitieux alors que le réchauffement climatique s’accélère.
Principale avancée, la création d’ici à l’an prochain d’un fonds dédié au financement des « pertes et dommages » causés par le réchauffement climatique. Il s’agissait d’une demande forte des pays en voie de développement depuis 1991, eux qui polluent peu et subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Une revendication à laquelle les pays industrialisés, Europe, Japon et États-Unis en tête, s’étaient jusqu’à présent toujours opposés. Pour Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France, il s’agit d’une « avancée historique qu’il faut savoir saluer : pour une fois, l’ensemble des États se sont accordés sur ce mécanisme de solidarité. Les pays en voie de développement ont réussi à imposer leur agenda. » La CGT a également salué la création de ce fonds, mais pointe dans le même temps les limites du dispositif : « sa mise en œuvre est renvoyée à la COP 28. Les pays les plus durement touchés vont encore devoir attendre » déplore Véronique Martin, secrétaire confédérale CGT.
Plusieurs États et l’Union Européenne se sont engagés à alimenter ce fonds à hauteur de 360 millions de dollars chaque année. Pour l’heure, le flou demeure quant aux modalités de financement et d’attribution de cette enveloppe. Seule certitude : ce montant reste insuffisant au regard du coût réel des pertes et dommages endurés par les pays en voie de développement. « On l’estime entre 290 et 580 milliards d’euros par an. Ce ne sont pas les petites sommes mises sur la table qui répondront au problème » confirme Clément Sénéchal.
Pour le reste, les avancées sont timides ou inexistantes. L’accord ne comporte pas un mot sur la fin des énergies fossiles, alors que plusieurs pays dont l’Inde poussaient pour acter cette transition. L’acte final se borne à reprendre les engagements pris lors de la COP 26, soit « l'abandon progressif » du charbon et la fin des « subventions inefficaces » aux combustibles fossiles. En marge de la rencontre, 636 lobbyistes des énergies fossiles se sont activés pour éviter que l’accord n’entrave leur juteux commerce ; ils ont finalement eu gain de cause. « C’est le point faible dramatique de l’ensemble des COP. Le mode de production et les énergies fossiles ne sont même pas interrogés » déplore Clément Sénéchal. Pour rappel, on estime que la combustion du charbon, du gaz et du pétrole est responsable de 90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pas un mot non plus dans l’accord final sur les droits de l’homme et les droits des travailleurs malgré les demandes des syndicats, présents à la COP au sein de la confédération syndicale internationale (CSI). « Les intérêts capitalistes ont pris la main sur cette COP » commente Véronique Martin, qui regrette l’absence de mesures coercitives et politiques pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique. « Tant que ce sera la rentabilité qui guidera les décisions, et non l’avenir de notre planète, on peut s’interroger sur l’intérêt de ce genre de réunions. »
Si l’objectif de limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle est rappelé dans l’accord final, même ce marqueur fort de l’Accord de Paris a été débattu. Certains pays, dont la Chine ou les pays arabes, étaient ainsi réticents à l’y intégrer. Un signe parmi d’autres des limites de ces rencontres multilatérales où l’exigence du consensus engendre lenteur et inaction. Des atermoiements insupportables au regard de l’urgence à agir.
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