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ENVIRONNEMENT

Mégabassines : une répression hors-norme

25 janvier 2024 | Mise à jour le 25 janvier 2024
Par | Photo(s) : PHILIPPE LOPEZ / AFP
Mégabassines : une répression hors-norme

Les porte-paroles de Bassine Non Merci et des Soulèvements de la Terre, Julien Le Guet et Benoît Feuillu, et le secrétaire général de l'UD CGT des Deux-Sèvres, David Bodin, devant le palais de justice de Niort, le jeudi 17 janvier 2023. Photo : PHILIPPE LOPEZ / AFP

Le 17 janvier 2024, le tribunal judiciaire de Niort a sévèrement condamné neuf militants et syndicalistes pour leur implication dans le mouvement contre les mégabassines. Un jugement au diapason de la politique gouvernementale contre lequel les intéressés vont faire appel.

Un pas de plus a été franchi dans la criminalisation de l’action syndicale et militante. Ce jeudi 27 janvier, le tribunal judiciaire de Niort (Deux-Sèvres) a sanctionné neuf militants anti-bassine pour leur implication dans les manifestations qui se sont tenues à Sainte-Soline en 2022 et 2023. Depuis plusieurs années, un large mouvement social et écologique s’oppose à ces réserves de substitution destinées à soutenir une agriculture productiviste à bout de souffle. Les opposants dénoncent l’accaparement de l’eau par une minorité d’exploitants alors que la ressource en eau connaît de graves pénuries. La dernière mobilisation anti-bassine du 24 au 26 mars 2023, qui avait rassemblé plus de 30 000 manifestants, avait été très durement réprimée par les forces de l’ordre, causant plus de plus de 200 blessés, dont deux au pronostic vital engagé.

La CGT n’a pas été condamnée pour l’organisation d’une manifestation depuis l’occupation nazie

Ce 17 janvier, tous les militants n’habitant pas dans les Deux-Sèvres ont été condamnés à des interdictions de territoire dans le département avec exécution immédiate. Les responsables syndicaux (Nicolas Girod et Benoît Jaunet pour la Confédération Paysanne, David Bodin pour l’UD CGT des Deux-Sèvres et Hervé Augin de Solidaires 79) ont également été condamnés à des amendes, de 500 à 1000 euros pour organisation d’une manifestation interdite. « La CGT n’a pas été condamnée pour l’organisation d’une manifestation depuis l’occupation nazie. C’est un précédent qu’on ne veut pas laisser passer et c’est pour cela que nous faisons appel », explique David Bodin.

Les autres militants, deux porte-paroles des Soulèvements de la Terre, deux de Bassines Non Merci et un militant de la Confédération paysanne, ont été condamnés pour des faits de dégradation par des peines de prison avec sursis et des jours-amende. Julien Du Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci a, ainsi, été condamné à douze mois de prison avec sursis. Il est également interdit de territoire dans les communes de Mauzé-sur-le-Mignon et de Sainte-Soline pour trois ans. Plus inattendu, il a également écopé de plusieurs sanctions financières, dont le total s’élève à au moins 25 000 euros. « C’est un jugement politique. Le tribunal judiciaire de Niort est parfaitement aligné sur la politique gouvernementale. Il faut se rappeler qu’Éric Dupond-Moretti, (Garde des Sceaux, NDLR) avait demandé des sanctions exemplaires pour les manifestants » rappelle le militant écologiste, qui a décidé de faire appel.

Décision politique

Pour leur défense, les prévenus avaient fait prévaloir l’état de nécessité, en raison de l’urgence climatique. Argument rejeté par le tribunal : ce dernier a en effet estimé que « les bassines participent à une meilleure gestion de la ressource hydrique » qualifiant les mégabassines de « solutions adaptées » qui « s'inscrivent dans une logique élargie de prise en compte de l'environnement local et de la biodiversité. » « Il n’y a eu aucune écoute de la défense», déplore David Bodin.

Nous continuerons à utiliser tous les moyens de résistance

Pour Julien Le Guet, ce jugement ne signe en rien la fin de la mobilisation, au contraire : « si la stratégie du gouvernement c’est de pénaliser quelques individus et de nous désunir, c’est tout l’inverse qui est en train de se réaliser. On a des ralliements de plus en plus larges. Comme depuis sept ans, nous continuerons à utiliser tous les moyens de résistance qui s’offrent à nous, notamment les recours juridiques. » Le militant a bon espoir que la cour d’Appel de Bordeaux, qui doit se prononcer prochainement, donne raison au mouvement anti-bassine, contre la construction de seize mégabassines dans les Deux-Sèvres, dont celle de Sainte-Soline. Pour la suite, une nouvelle mobilisation est d’ores et déjà programmée dans le Poitou du 14 au 21 juillet 2023.