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ENVIRONNEMENT

Manifestation contre les mégabassines : une victoire d’étape pour les opposants

8 novembre 2022 | Mise à jour le 24 novembre 2022
Par | Photo(s) : PASCAL LACHENAUD / AFP
Manifestation contre les mégabassines : une victoire d’étape pour les opposants

Près de 7000 manifestants se sont rassemblés dans le Marais poitevin les 29 et 30 octobre 2022 contre un projet de mégabassine.

Les 29 et 30 octobre, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour s'opposer à la construction d'un projet de mégabassine. Aux côtés de 150 organisations, la CGT dénonce l’accaparement d’une ressource naturelle au profit d’une agriculture productiviste. À l'issue de ce week-end, le chantier est interrompu.

“C'est un événement historique, un succès sur le plan stratégique et opérationnel”. Tel est le bilan dressé par Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines Non Merci (BNM) à la suite du week-end des 29 et 30 octobre 2022. Durant deux jours, plusieurs milliers de manifestants se sont réunis à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour s'opposer à la construction d'une mégabassine. Ces retenues d'eau dédiées à l'irrigation agricole intensive sont, notamment, accusées d'accaparer la ressource en eau pour une minorité d'irrigants dans un contexte de raréfaction de la ressource. Avec le risque de voir se multiplier les conflits d’usage autour d’un bien commun.

Manifestation interdite et violences policières

Interdite par la préfecture des Deux-Sèvres malgré la déclaration déposée dans le délai légal par la CGT et Solidaires 79, la manifestation a rassemblé 7000 personnes (1500 selon la préfecture). “Interdire la manifestation permet à la préfecture de communiquer sur le fait que les militants sont violents parce qu’ils ont bravé l'interdit” analyse David Bodin, secrétaire de l'UD CGT des Deux-Sèvres, engagée dans le mouvement d'opposition depuis ses débuts. Une manière pour la préfecture d'éluder le débat de fond, selon le secrétaire de l’UD : “les mégabassines permettent de sécuriser la production intensive de céréales pour l'export. Les contester, c'est questionner tout le modèle agricole actuel”.

Face aux opposants, un dispositif policier musclé a été déployé par la préfecture. Les forces de l'ordre ont fait usage de bombes de désencerclement et de tirs de LBD qui ont causé de sérieuses blessures côté manifestants. “On est passé à deux doigts d'un nouveau Sivens” observe Julien Le Guet, inquiet pour l'un de ses camarades, toujours hospitalisé après avoir reçu à un tir de LBD. “L'État prend le risque de tuer des citoyens qui se battent pour défendre l'eau. Tout ça pour préserver un cratère, la FNSEA et l'agro-business qui sont les vrais profiteurs de la bassine” déplore l'opposant. “La CGT a participé à une manifestation pacifique qui a dégénéré à cause des violences policières. Nous, on a vu des militants engagés pacifiquement contre des projets aberrants, pas des terroristes », abonde David Bodin, en réponse à l'accusation d'“écoterroristes”, dégainée par Gérald Darmanin suite à la mobilisation. Et de conclure: « nous sommes des écorésistants ».

La CGT a participé à une manifestation pacifique qui a dégénéré à cause des violences policières. Nous, on a vu des militants engagés pacifiquement contre des projets aberrants, pas des terroristes. David Bodin, secrétaire de l'UD CGT des Deux-Sèvres

Le chantier est interrompu

Le dispositif policier n'a toutefois pas empêché les militants de remplir leurs objectifs. Au terme du week-end, ces derniers sont parvenus à atteindre la bassine et à démanteler l'une de ses canalisations. Une vigie a été érigée sur le site, afin de prévenir le retour des engins de construction. À ce jour, le chantier de Sainte-Soline est interrompu et des militants occupent un champ mis à disposition par un agriculteur voisin. En cas de reprise des travaux, les opposants affirment que la manifestation reprendra. “On pose un ultimatum à l'État. Il a quinze jours pour annoncer une suspension définitive ou un moratoire sur le projet des seize bassines prévues dans les Deux-Sèvres. Passé ce délai, on appellera à une nouvelle mobilisation nationale”, annonce Julien Le Guet, déterminé.

Les images du rassemblement ont fait le tour des chaînes d’information. Une victoire pour le mouvement, en quête de visibilité nationale : “Aujourd'hui, plus personne en France ne peut ignorer ce qu'est une mégabassine” remarque Julien Le Guet. Hasard du calendrier, la construction de 30 projets de ce type vient d'être annoncée par préfecture de la Vienne, un département voisin des Deux-Sèvres.