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PARCS D'ATTRACTION

Coquillages, crustacés... et saisonniers

5 août 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
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Coquillages, crustacés... et saisonniers

Cette fois-ci, pas de sable dans les chaussures, ni de crème solaire. Pour son avant-dernière étape de la saison, le « Tour de France social » de la CGT s’est arrêté dans un lieu hors du temps, loin des plages, des parasols et des vendeurs de chichis.

Lundi 25 juillet dernier, certains touristes se sont levés tôt pour se rendre au Puy du Fou. Arrivant dès l’ouverture du parc vendéen, ils sont accueillis par une équipe en casquettes et gilets rouges. Au menu, un tract leur rappelant le rôle que jouent les saisonniers dans le bon déroulement de leurs vacances, et les droits que ces travailleurs précaires ignorent eux-mêmes trop souvent. À côté du parking employés, une autre équipe va à la rencontre des travailleurs du parc, souvent jeunes, en route pour prendre leur poste.

Près de 65 pour cent d’entre eux admettent ne pas connaître suffisamment les réglementations régissant leur activité. Signature du contrat de travail, horaires, heures supplémentaires, logement ou encore préavis avant licenciement, trop nombreux sont ceux qui n’osent pas encore faire valoir leurs droits en cas de conflit, déplore Sabine Génisson, qui pilote le collectif CGT saisonniers depuis plusieurs années.

L'objectif des militants est simple : se rendre directement dans les restaurants, les plages et autres magasins de souvenirs pour informer les saisonniers de leurs droits, mais aussi leur donner les contacts de l’union départementale CGT, « en cas de problèmes ». Les touristes sont aussi concernés. « On leur demande d’intervenir s’ils sont témoins d’abus », explique Sabine Génisson.

En ligne de mire depuis plusieurs années, la question du logement des saisonniers pose encore problème. Des progrès sont faits, avec notamment des discussions au parlement pour trouver des solutions législatives, mais le débat traîne depuis l’été dernier. Résultat : des saisonniers dorment encore sur les matelas de plage qu’ils louent aux touristes dans la journée, et d’autres doivent toujours payer d’avance les deux mois d’hébergement à leur employeur avant même de toucher leur première paie, témoigne Sabine Génisson. Des solutions existent pourtant, souligne-t-elle, avant de citer l’exemple d’initiatives locales comme aux Menuires, une station savoyarde où le maire, soucieux de fidéliser la main-d’œuvre nécessaire au bon fonctionnement de la station, a aménagé un terrain sur lequel « les saisonniers sont vraiment bien ».

EN TERRE DE VENDÉE

Particularité de l’édition 2016 de la caravane estivale, les militants ont démarré leur « tour de France » dans des parcs d’attraction de la périphérie parisienne pour le terminer dans un autre parc en Vendée.

Une stratégie payante pour les organisateurs. En effet, sillonner les plages de France pour contacter un par un les saisonniers, ici dans un restaurant, là sur une plage privée, requiert un effort logistique considérable. Sans pour autant délaisser le littoral, et le « porte-à-porte », cibler des sites comme le Parc Astérix, Disneyland Paris, le Futuroscope ou encore les châteaux de la Loire permet aux militants de toucher, en une seule journée, un grand nombre de vacanciers et de saisonniers.

Le site du Puy du Fou emploie environ 1 500 personnes, parmi lesquelles seules 300 sont permanentes. Les 1 200 restantes se composent à parts égales de saisonniers et d’intermittents. S’y rendre est donc devenu primordial pour les organisateurs qui peuvent ainsi informer un maximum de travailleurs en une seule matinée, d’autant que les touristes répondent également présent.

LOI TRAVAIL, MÊME L’ÉTÉ

L’initiative est certes confédérale, elle repose pour beaucoup sur le travail des unions départementales et locales. Comme l’explique Sandrine Villette, membre du secrétariat de l’UD Vendée, la préparation se fait « des mois en amont » avec la participation à des forums, le choix des points de distribution et la reconnaissance du terrain et des acteurs locaux. Une manière de continuer à « mobiliser les troupes, même pendant les mois d’été », ajoute Pascale Ollivier, elle aussi membre du secrétariat de l’UD Vendée, le tout « dans la bonne humeur ».

Un point important pour les militants après un printemps intense en termes d’actualité sociale. L’impact de la lutte contre la loi Travail se fait sentir. « Je n’ai pas encore lu le tract », explique Yves, un touriste venu en famille découvrir le parc, et qui explique connaître « un peu » les problématiques des saisonniers, « mais je suis de tout cœur avec les militants, car je trouve la loi El Khomri scandaleuse ».

Un surplus de soutien qui ne surprend pas Sabine Génisson. Selon les sondages, explique-t-elle, la majorité des français sont contre la réforme. Normal donc, selon elle, de retrouver ce refus sur les lieux de vacances. La caravane des saisonniers, un thermomètre, en quelque sorte, avant les prochaines journées d’action à la rentrée.