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Travail forcé

Coupe du monde de foot au Qatar : Vinci épinglé pour travail forcé dans la construction des stades

6 mars 2020 | Mise à jour le 6 mars 2020
Par | Photo(s) : Karim Jaafar/Al-Watan Doha/AFP
Coupe du monde de foot au Qatar : Vinci épinglé pour travail forcé dans la construction des stades

Chantier de QDVC à Doha, au Qatar. Qatari Diar/VINCI Construction Grands Projets est la filiale qatarie du groupe Vinci. Depuis des années, les accusations de travail forcé se sont multipliées à l'encontre de l'entreprise.

Accusé devant la justice française par plusieurs associations de travail forcé, de réduction en servitude et de trafic d'êtres humains, c'est cette fois-ci devant un juge d'instruction que le groupe de BTP français Vinci et sa filière qatarie devront s'expliquer.

« Travail forcé, réduction en servitude et trafic d'êtres humains sur les migrants employés sur le chantier de la coupe du monde de football au Qatar. » Les accusations portées conjointement devant la justice française par l'association Sherpa, dont le but est la protection et la défense des populations victimes de crimes économiques, le Comité contre l'esclavage moderne, qui lutte contre toutes « formes de traite des êtres humains à des fins d'exploitation par le travail », ainsi que plusieurs plaignants du sous-continent indien contre le géant du BTP français Vinci et sa filiale qatarie, Qatari Diar Vinci Construction, ne font pas dans la demi-mesure.

Des témoignages accablants

« Ces faits ne sont pas prescrits et sont a priori caractéristiques d'infractions graves », explique Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux dans le pôle Globalisation et Droits humains de Sherpa. Il est vrai les témoignages recueillis sur les chantiers de construction des stades ou des infrastructures qui doivent accueillir les visiteurs lors de la coupe de monde de foot qui aura lieu en 2022 dans l'émirat ne laissent guère de doute quant aux conditions de travail faites aux migrants recrutés pour l'occasion.

« Ils travaillent avec des températures de 50° en plein soleil, font entre 66 et 77 heures de travail hebdomadaire, bien au-delà de ce qu'autorise la législation qatarie. Leurs passeports sont confisqués et les sommes astronomiques données aux agences de recrutement les mettent dès leur arrivée dans une situation de dépendance économique extrême », détaille Marie-Laure.

À cela s'ajoute des salaires dérisoires, des conditions sanitaires et/ou alimentaires plus que précaires et une promiscuité de tous les instants. Résultat : plusieurs milliers de « crises cardiaques » ou de « morts naturelles » enregistrées chez ces travailleurs migrants depuis 2012. Et ce n'est manifestement pas fini.

Ce n'est pas la première fois, et pour les mêmes raisons, que le groupe français se fait épingler par l'association Sherpa. Mais jusque là, les plaintes déposées au parquet avaient été classées sans suite.

« Les “enquêtes” préliminaires menées par le parquet montrent très clairement que tout a été fait pour protéger l'entreprise et privilégier les intérêts français à l'étranger » estime même la responsable associative. « On peut se demander dans quelle mesure la justice n'est pas complice. » Les choses pourraient cependant changer.

Pour une investigation approfondie

Car, désormais, c'est à un juge d'instruction qu'a été confié le dossier. Ce qui devrait entrainer « un gros changement d'attitude », entrevoit Marie-Laure Guislain. « Ce que l'on demande au juge d'instruction aujourd'hui, c'est de mener une investigation approfondie et indépendante, de faire une perquisition qui aurait due être faite depuis 5 ans, d'aller au Qatar et en Inde rencontrer les gens qui sont concernés pour qu'ils aient leur mot à dire, et qu'il puisse rétablir la vérité. »