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De la lutte syndicale aux fourneaux

18 mars 2015 | Mise à jour le 15 mars 2017
Par | Photo(s) : Daniel Maunoury
De la lutte syndicale aux fourneaux

Après avoir mis sur le grill la multinationale automobile TRW pendant 2 ans, le leader CGT de l’usine de Longvic (Côte d’Or) Christophe Depierre renfile son tablier de cuisinier, son premier métier. Grâce à sa prime de licenciement, il vient d’ouvrir son restaurant à Dijon. Histoire d’une reconversion aux petits oignons.

Dans son restaurant Le Petit Bouchon, Christophe ­Depierre savoure sa nouvelle vie : cuisinier et patron. À presque 50 ans, l'ex-leader CGT de TRW a ouvert son propre établissement dans le centre-ville de Dijon le 1er février dernier. Il a pu racheter une partie du fonds de commerce et embaucher des serveurs grâce à sa prime de licenciement de 50 000 euros, dûment méritée.

Pendant plus de deux ans, lui et les 148 salariés de l'usine TRW de Longvic (Côte-d'Or) ont lutté pour empêcher la délocalisation en ­Pologne et en Italie de leur usine spécialisée dans les valves hydrauliques et électriques pour l'automobile. Ils sont allés en Belgique là où les nouvelles machines promises avaient été transférées dans le plus grand secret, en Angleterre au siège européen de la multinationale américaine, en ­Pologne pour voir l'usine flambant neuve qui remplacerait la leur. (Voir ci-dessous le reportage effectué avec les salariés de TRW en Pologne en 2013)

Certes, ils n'ont pas empêché cette fermeture mais obtenu de quoi tourner la page avec dignité : un an de congé de reclassement, 20 000  euros de prime de départ plus 2 600 euros par année d'ancienneté. On est loin des licenciements secs que leur offrait la direction en 2013. Aujourd'hui, la plupart des ex-TRW sont en formation jusqu'en mai. Certains veulent être ambulanciers ou chauffeurs poids lourds. D'autres cherchent du boulot dans des petites boîtes métallurgiques familiales du coin.

Christophe, lui, est revenu à son métier de cuisinier commencé il y a trente ans et quitté par la suite pour l'industrie. Il se réjouit de constater que Le Petit Bouchon devient le QG des ex-TRW et de la CGT locale. Avec ses nappes rouges à carrés blancs et son vieux bar, l'établissement est convivial. Christophe propose des plats traditionnels copieux qu'il prépare seul. Parfois, le week-end, sa femme et sa mère viennent en renfort.

Au restaurant du lundi au dimanche, Christophe ne changerait sa nouvelle vie pour rien au monde, préférant bosser 14 heures par jour à son compte que 10 heures pour un autre. Devenu chef, ses convictions demeurent intactes. De sa petite cuisine, il tempête contre la loi Macron, houspille les banques qui ne soutiennent pas les PME, regrette l'ANI… « Je fais de la tête de veau mais je suis toujours une tête de lard ».