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SANS-PAPIERS

Déclarez mon travail !

13 octobre 2016 | Mise à jour le 12 décembre 2016
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Déclarez mon travail !

Expulsés du chantier de l’avenue de Breteuil (Paris 7e), les vingt-cinq ouvriers maliens sans papiers poursuivent leur combat contre l’exploitation par le travail.

« Le combat n’est pas terminé, nous irons jusqu’au bout », avaient-ils affirmé lors de leur évacuation du chantier du 46 avenue de Breteuil. Ils occupaient ce site depuis le 7 septembre, suite à un accident du travail d’un des leurs survenu le 6 septembre. Sur ordonnance du juge des référés et à la demande du maître d’ouvrage de ce chantier – le groupe mutualiste COVEA (GMF, MAAF, MMA) –, les vingt-cinq ouvriers maliens sans papiers, sans contrat de travail, sans titre de séjour, sans fiche de paie et sans salaire ont été expulsés du site le 30 septembre. Leur combat contre l’exploitation et pour leur régularisation se poursuit donc en d’autres lieux.

Le 11 octobre, ils se sont rassemblés sous les fenêtres haussmanniennes du 86, rue Saint-Lazare, siège de la direction de COVEA, à qui ils réclament « un même contrat et les mêmes papiers pour tous ». COVEA n’est pourtant pas l'employeur direct de ces ouvriers en situation irrégulière. Ils ont été embauchés par MT-BAT Immobilier pour le compte de Capron, donneur d’ordres du chantier, retenu par COVEA pour exécuter l’opération immobilière.

« Covea, on ne lâchera pas ! »

Ainsi qu’ils l’ont clamé deux heures durant sous les fenêtres du groupe mutualiste, COVEA ne peut pas « se laver les mains » du sort fait à des humains travaillant certes en bout de sous-traitance, mais sur un chantier dont COVEA est le propriétaire. Et, de fait, le groupe mutualiste n’a pas respecté ses obligations légales en la matière. Notamment celle de s’assurer que son maitre d’œuvre, la société Capron – qui sous-traitait les travaux à MT-BAT Immobilier –, respectait bien la législation du travail.

C’est donc avant tout à COVEA qu’était dédiée la manifestation du 11 octobre rue Saint-Lazare. « Ils nous voient, nous leur avons maintes fois demandé d’être reçus sans qu’ils daignent nous répondre, mais ils savent qu’on ne lâchera pas », clamait ainsi Benoît Martin (CGT Paris) devant l’élégant immeuble.

« Aujourd’hui, toute la CGT soutient le combat de ces sans-papiers, toutes les organisations de la CGT sont avec eux pour que le travail soit reconnu, pour que COVEA assume toutes ses responsabilités et que ces travailleurs au noir soient déclarés », renchérissait Patricia Tejas, (CGT finances publiques). « Dé-cla-rez mon-tra-vail », scandaient alors, au son des djembés, les sans-papiers intérimaires des Yvelines venus soutenir ceux de l’avenue de Breteuil.

Étaient aussi présents les fédérations CGT de la construction, celle des banques et assurances, les unions départementales de Paris et des Yvelines, l’Union syndicale du commerce parisien et diverses unions locales, le collectif syndical de Seine-Saint-Denis de lutte contre le travail au noir…

Faire plier

Derrière leurs fenêtres, des employés de COVEA ont observé la manifestation. Et forcément entendu les revendications telluriques surgies du macadam de la rue Saint-Lazare.

« On ne va pas vous laisser nous transformer en esclaves, nous allons revenir toutes les semaines, vous allez avoir une belle image, assurément humaine », a déclaré Marilyne Poulain, de la CGT 75 et de l’association l'Autre Monde, au mégaphone. C’est elle qui suit le dossier des sans-papiers de l’avenue de Breteuil depuis l’accident du travail du 6 septembre.

C’est elle qui, depuis ce funeste jour, demande inlassablement audience à COVEA afin qu’elle exige de la société Capron, les contrats de travail, les fiches de paie rétroactives, les salaires non versés ainsi que la prise en charge de l’accident du travail de Yassa. En vain. COVEA ne répond pas, MT-BAT Immobilier s'est « fait la malle » en organisant sa liquidation judiciaire, quant à Capron, il est aux abonnés absents. Un grand classique du genre, bien connu de la CGT.

Les travailleurs et leurs soutiens se sont donné rendez-vous le 13 octobre devant le siège de Capron, à Verrières, exigeant d’être reçus. L'objectif ? « Obtenir les contrats de travail, les fiches de paie et les derniers salaires, discuter des pratiques illégales de prêt de main-d’oeuvre entretenues de longue date par Capron avec la société MT-BAT Immobilier, et obtenir de Capron qu’il nous délivre les formulaires Cerfa à présenter en préfecture pour entamer les procédures de régularisation des 25 travailleurs sans-papiers », détaille ainsi Marilyne Poulain.

Seul hic : aucune législation ne contraint le donneur d’ordres à délivrer lesdits formulaires Cerfa. Mais les moyens ne manquent pas, au plan judiciaire, pénal et civil, pour « mettre la pression » sur le donneur d’ordres comme sur le maître d’ouvrage qui ont particulièrement négligé leurs obligations légales en matière de législation du travail.

Tout comme les vingt-cinq victimes du chantier de Breteuil, la CGT mise sur une résolution rapide et à l’amiable avec COVEA et Capron. Faute de quoi, comme annoncé, les exploités du chantier de Breteuil et la CGT qui les soutient iront jusqu’au bout de ce combat.

Appel à la solidarité

En grève depuis le 7 septembre pour obtenir la régularisation de leur situation, les ouvriers du chantier du 46 avenue de Breteuil ont été expulsés du site le 30 septembre.

Ils ont tous regagné leur foyer pour travailleurs étrangers mais, sans salaire depuis septembre, ils risquent, l’expulsion de leur hébergement, faute de pouvoir assurer leur loyer. Pour les soutenir, la CGT Paris a mis en place une caisse de solidarité avec appel à la souscription.

Vous pouvez adresser vos chèques à CGT Paris : 85 rue Charlot, 75003 Paris.