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Demain, tous intermittents ?

19 juin 2014 | Mise à jour le 26 avril 2017
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Demain, tous intermittents ?

Lundi 16 juin, ils étaient 10 000 à Paris, entre 1 000 et 2 000 à Marseille, entre 600 et 1 000 à Bordeaux, mais aussi 400 à Montpellier et une centaine à Strasbourg. À Rennes, environ 500 intermittents ont occupé la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC).

Ce qu’ils réclament : le maintien des budgets de la culture en France, mais aussi et surtout, le non-agrément de la réforme de l’assurance chômage qui mettrait à mal leur statut.

La carte de France des grèves, annulations de spectacles et autres actions revendicatives se remplit. À Montpellier, d’où est parti le mouvement, le Printemps des comédiens est en grève depuis le 3 juin et le montage du festival Montpellier Danse est au point mort suite à la grève. En Alsace, la rédaction d’Arte a vu son journal perturbé mardi midi et, à Toulouse, ce sont 11 lieux de culture qui ont stoppé le travail.

SOUS LA FENÊTRE DE LA MINISTRE

Mais c’est à Paris, sous les fenêtres de la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, que la manifestation a connu le plus grand succès. Plus de 10 000 comédiens, circaciens, techniciens du spéctacle, mais aussi infographistes, producteurs et réalisateurs se sont réunis, au son des musiciens aussi présents, pour accompagner leurs représentants au rendez-vous que leur avait fixé Aurélie Filippetti. Se sont aussi joints au rassemblement plusieurs dizaines de cheminots de la CGT-Cheminots et de SUD-Rails, eux-même en grève depuis une semaine, et des représentants des travailleurs précaires et intérimaires venus soutenir les artistes.

« Vous savez pourquoi on gène ? » demande Sylvie Feit, une comédienne à la retraite, « parce que, plus ça va, plus il y a de gens comme nous qui sont de plus en plus intermittents (…) ils se disent ‘mais un jour, tout le monde va être intermittent. »

L’objet de cette rencontre : les intermittents réclament le maintien du budget de la culture en cette période d’austérité ; mais le point qui fâche le plus, c’est le dossier de l’assurance chômage. En effet, le gouvernement a négocié et signé un accord, en mars dernier, avec les syndicats patronaux, mais aussi avec la CFDT et la FO, visant à reformer le fonctionnement de l’UNEDIC.

Des négociations auxquelles les intermittents ne se sont pas sentis associés. Selon la réforme, les spécificités de leur régime—justifiées par la précarité inhérente à leurs professions—devront disparaître pour se rapprocher du régime générale.

TROIS POINTS DE DÉSACCORD MAJEURS

Pour les intermittents, cela se traduit par trois points de désaccord majeurs. Une hausse des cotisations sociales qui se traduit, à dépenses constantes pour leurs employeurs, par une baisse de salaire d’environ 0,8 pour cent ; la baisse du plafonnement de leur indemnité chômage ; et l’allongement du différé de l'indemnisation. Dans les faits, l’accord tel qu’il est rédigé aujourd’hui conduirait les intermittents à devoir attendre jusqu’à 58 jours avant de toucher leurs indemnités contre quelques jours selon leur statut actuel. Pour les intermittents habitués aux bas salaires et à des périodes courtes, mais régulières d’inactivité, vivre pendant deux mois sans revenus relève de la mission impossible.

Demain, tous intermittents ? par Guillaume Desjardins

 

À la sortie de leur rencontre avec la ministre de la culture, les représentants des syndicats ont rejoint les manifestants et se sont dirigés vers l’Hotel Matignon. Accueillis, sur place, par des CRS, les représentants des syndicats ont pu être reçus, alors que le reste des manifestants sont restés sur place à scander des slogans tels que « Filippetti-tanic » ou « Rebsamen-teur » avant de se diriger vers La Villette, où se tenait une assemblée générale pour déterminer la suite de leur lutte.