Toutes les inquiétudes de la CGT sont confirmées
Fabrice Angéi et Catherine Perret, représentants de la CGT répondent aux questions de la NVO après la dernière séance de prétendue consultation sur les ordonnances au... Lire la suite
Ils ont donc osé. Ce matin, 22 juin 2016, à 9 heures, l'information est tombée. Le gouvernement interdit aux opposants à sa loi « travail » de manifester jeudi 23 à Paris. Une manifestation interdite dans la capitale : une première depuis la guerre contre l'indépendance de l'Algérie.
Cette décision politique autoritaire, exceptionnelle, a provoqué de vives protestations non seulement parmi les organisations syndicales, mais bien au-delà dans le pays, dans le monde du travail et parmi tous ceux et celles qui défendent le droit d'expression, de manifestation et les libertés démocratiques fondamentales.
La campagne antisyndicale, principalement anti-CGT, et visant à discréditer les défilés, est savamment orchestrée depuis plusieurs semaines déjà. Après les accusations de « prises d'otage » pour qualifier les grèves, ce sont les violences et dégradations diverses qui ont été mises au compte des manifestations unitaires organisées par sept organisations syndicales de salariés et de jeunes (CGT, FO, FSU, Sud-Solidaires, Unef, FIDL, UNL).
Pourtant, leurs services d'ordre en ont garanti la sécurité, mais des violences ont eu lieu sur leurs marges ou dans les rues adjacentes au parcours, parfois sans réaction des forces de l'ordre contre les dégradations et leurs auteurs, comme en témoignent de nombreuses vidéos.
La ficelle est grosse, qui prétend s'appuyer sur des menaces sécuritaires pour interdire des manifestations syndicales.
Elle dit la fébrilité d'un gouvernement dont les projets, les réformes et les méthodes sont aujourd'hui ultra-minoritaires dans le pays, comme en témoignent tous les sondages, semaine après semaine, mois après mois, ainsi que les débats dans les entreprises et les débats citoyens, les manifestations, les débrayages, les grèves et les votations citoyennes. Un gouvernement qui a usé en mai du 49.3 pour faire passer sans débat à l'Assemblée son projet de loi patronal. Et qui menace de réitérer en deuxième lecture.
Là est donc l'enjeu. Faire passer la loi qui démantèle les principes fondamentaux du droit du travail coûte que coûte. Détourner le débat sur ses conséquences en centrant la campagne sur les violences de casseurs.
Empêcher l'expression démocratique d'une opposition majoritaire à son projet. Et si possible, au passage, délégitimer le mouvement syndical de contestation et de proposition, de lutte pour le progrès social, et laisser croire que toute lutte sociale est vouée à l'échec.
Aussi le préfet de police de Paris, après avoir menacé d'interdire la manifestation du 23 juin, a-t-il proposé un simple « rassemblement statique » place de la Nation, au nom d'une sécurité dont chacun sait pourtant qu'elle n'y serait pas plus assurée qu'ailleurs. Les organisations syndicales ont alors proposé hier, mardi 21, deux parcours alternatifs. Refusés. Et interdiction
Les secrétaires généraux de la CGT et de Force ouvrière, Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, ont immédiatement demandé à être reçus « rapidement » par le ministre de l'Intérieur. Une intersyndicale se réunissait ce matin, la NVO en rendra compte dès cet après-midi.
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