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Manifestation avec retraites aux flambeaux, contre la réforme des retraites, à Paris, le 23 janvier 2019
De la grève reconductible aux marches « recombustibles », le mouvement social contre la réforme des retraites s'offre un second souffle. Et quel souffle ! En cette veille de mobilisation nationale, interprofessionnelle et intersyndicale — la 7e depuis le 5 décembre — les opposants à cette réforme ont défilé par milliers à la lueur de torches, flambeaux et lanternes dans la plupart des villes de France.
À Paris, Marseille, Bordeaux, Nantes, Rennes, Caen, Auch, Lyon, Toulouse… Les cortèges scintillants ont rassemblé des citoyens de tous horizons et de tous âges, avec ou sans étiquette syndicale. Une convergence inédite entre générations et catégories socioprofessionnelles pour redire un « non » définitif au projet de loi Macron/Philippe dont le texte sera soumis, ce vendredi 24 janvier, au Conseil des ministres.
À Bobigny, la marche aux flambeaux organisée par la CGT de Seine-Saint-Denis a rejoint l'esplanade de la préfecture. Sur le parvis, des bracelets fluorescents avaient été disposés sur le sol en guise de repères. En s'y plaçant un à un armés de leur torche, les quelques 400 manifestants ont formé avec leur corps le mot « retrait ».
Partie prenante de cette marche, des avocats du CPH (Conseil des Prud'hommes) et du TGI de la Seine–Saint-Denis ont suivi le cortège depuis l'Union départementale des syndicats jusqu'à la préfecture. La robe noire floquée d'un pin's rouge « en grève », Guillaume, du SAF (syndicat des avocats de France) explique : « Se retrouver ensemble, avec des syndicats de salariés sur une même problématique, c'est un fait assez rare pour une profession libérale comme celle des avocats qui se mobilisent habituellement sur des réformes spécifiques aux professionnels de la justice, magistrats, greffiers et parmi nous, certains s'étonnent encore qu'il faille en arriver là, pour se faire entendre du gouvernement ».
Mobilisés depuis des semaines pour préserver leur caisse de retraite autonome et solidaire, les avocats veulent faire entendre des revendications qui vont bien au-delà du simple basculement de leur régime actuel dans un système universel à points. « On voit venir le coup d'après qui est de nous paupériser, de nous abîmer et de nous empêcher d'exercer auprès des plus faibles puisqu'on est en train de remplacer l'avocat par des ordinateurs pour les petits litiges, ce qui veut dire qu'à terme, ces catégories de clients auront bien du mal à faire valoir leurs droits », explique Stéphane.
Fabien, la petite trentaine, n'arbore aucune étiquette syndicale. Pas même un pin's. Mais il n'en pense pas moins : « On nous dit que la valeur du point sera garantie par la loi, mais c'est n'importe quoi puisque n'importe quelle législature pourra modifier la loi et faire du point une variable d'ajustement, ainsi que l'avait affirmé François Fillon ».
Bientôt retraité, Jean-Pierre est outré par la proposition de la Garde des Sceaux de conserver la caisse de retraite autonome des avocats sous le régime universel. « C'est grotesque, ça veut dire qu'on va nous faire gérer à nos frais une réforme qu'on refuse ». Exerçant, par choix, dans le domaine de l'aide juridictionnelle depuis plus de 40 ans, cet avocat des « pauvres » a fait ses calculs : avec le nouveau régime de retraite, il toucherait 1200 euros de pension contre 1800 (après impôt) sous le régime actuel.
De ce calcul basique émerge cette question simple : qui, dans de telles conditions, désirera, demain, placer sa carrière d'avocat au service de l'aide juridictionnelle ? À fortiori dans un département où 80 % de la population est éligible à cette aide ? « Je me bats pour une vision de l'avocat et de la justice, pour pouvoir défendre des gens qui n'en ont pas les moyens. Avec cette réforme, je n'aurais pas pu faire ce choix-là. »
Le sens de leur profession, sa finalité et son utilité pour la société, c'est ce que ces avocats comptent continuer de défendre. Avec leurs confrères en robe, ils défileront dans les cortèges parisiens ce vendredi 24 janvier, et même après si nécessaire pour faire reculer le gouvernement.
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