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La filière bois au cœur de la CGT

27 mars 2015 | Mise à jour le 21 novembre 2016
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 Les 1er et 2 avril 2015,  la CGT Aquitaine  s'invite au siège de  la Confédération pour  les 120 ans de la CGT.  Forts du travail régional  engagé sur cette filière  industrielle, débats et  initiatives culturelles  montreront comment  le syndicalisme entend  développer le potentiel  de nos forêts.
L a forêt française représente plus de 25 millions d'hectares et quelque 450 000 emplois. Avec la mise en jachère des terres agricoles, la superficie globale de la forêt française augmente en permanence. Un rapport du Conseil économique et social d'octobre 2012 (1) précise que la France est le troisième pays d'Europe le plus boisé. Malgré ses atouts évidents, la filière génère non pas un excédent, mais un déficit abyssal de la balance commerciale, de l'ordre de 6 milliards (soit le deuxième poste, derrière celui de l'énergie). Le patrimoine forestier recèle pourtant d'immenses potentialités d'activités économiques, notamment dans le domaine de la construction, de l'ameublement, du papier, de l'emballage, du chauffage, de la biomasse etc., mais cette valorisation est négligée et tend, pratiquement, à ne plus jamais être réalisée en France. L'essentiel du déficit s'explique donc simplement : on vend la matière brute et on la réimporte une fois transformée.

Aberrations du marché mondialisé
Couper du bois en France pour le transformer en Italie et le voir ensuite revenir dans l'Hexagone sous forme de meubles est déjà en soi un signe de malaise de la filière. Que penser alors des quantités énormes de bois français exportés vers la Chine ? Il faut dire que ce pays a si mal géré sa ressource en procédant à des déforestations massives, qu'il se trouve aujourd'hui en situation de pénurie de matière première. Le bois de nos forêts françaises est donc le bienvenu à l'empire du Milieu, où il ne fait d'ailleurs pas que répondre aux besoins locaux. C'est ainsi que, si l'on creuse la question de l'origine des parquets made in China vendus dans nos supermarchés à des prix allant de 25 % 40 % moins cher que la production made in France, on s'aperçoit qu'il peut s'agir de bois français… L'absurdité économique est renforcée du massacre écologique : 15 000 kilomètres à l'aller, autant au retour. Combien d'émissions de CO2 ainsi produites pour le plus grand bonheur du marché mondialisé ?

Des lustres d'incurie
À l'évidence, il y a des problèmes qui impliquent une réaction des politiques publiques. Depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs font le constat de l'absurdité de cette situation au regard des potentialités de gestion de la filière. Ainsi, dès 1998, le rapport Bianco (2) faisait état de la possibilité de la création de 100 000 emplois dans la production, la préservation des forêts et des loisirs. Depuis, d'autres rapports sont venus confirmer ces analyses, mais leurs préconisations n'ont jamais été mises en œuvre. Pis, depuis cette époque, non seulement l'emploi n'a pas progressé, mais a même régressé et de manière considérable (de l'ordre de 50 000 postes). Fin 2014 était enfin adoptée une loi (3) qui devait aider à remédier à la situation et favoriser l'exploitation forestière. Celle-ci se heurte toutefois aux réalités du terrain car en France, environ 70 % des forêts sont privées, le nombre de propriétaires forestiers est énorme, avec souvent de très petites surfaces qui sont laissées à l'abandon et que l'on n'exploite pas.

Les enjeux du bois
« La loi forestière ne donne pas les moyens de mener une véritable gestion des forêts françaises. La coupe du bois nécessite en outre des scieries et de la transformation. Or, la casse des scieries a été telle qu'à partir des objectifs que la loi a fixés, on ne détient plus la capacité de les atteindre. À cela s'ajoute le fait que les industriels pressurent les PME et les petites exploitations, ce qui ne permet pas une véritable valorisation du bois », constate Roger Perret, responsable de la FNAF CGT et animateur de l'Institut de recherche et d'études des salariés agricoles. Le syndicat ne pose pas simplement la question de l'exploitation, mais aussi celles les missions de la forêt. « Il y a les missions écologiques avec la gestion de la ressource et la préservation de l'environnement, les missions industrielles et les missions récréatives de la forêt aujourd'hui », précise encore Roger Perret.

Le bois, une matière à revendiquer
Les questions des missions des forêts seront donc au cœur des débats des 1er et 2 avril à Montreuil. Cela passe par le développement d'un service public, avec en premier lieu le maintien et le développement de l'ONF. Cela suppose le développement de la présence humaine avec des créations d'emplois. Il y a aussi une mission récréative qui nécessite des aménagements. La forêt pose donc d'importants enjeux économiques, mais aussi sociaux. Au cours des débats seront aussi abordées les conditions de travail, qui sont rudes, de la pénibilité, qui est une réalité et génère la revendication de la retraite à 55 ans. Les problèmes de santé sont importants, notamment en lien avec la protection de la faune qui a ses propres risques. Dans les métiers du bois, il y a aussi de nombreux accidents de travail et le taux d'inaptitude (1,7 %) y est très important. « C'est un métier dangereux, mais, en même temps, existe une aspiration à ce type de vie », conclut Roger Perret. Les questions sociales portent également sur la manière dont les salariés pourraient être formés, reconnus dans leur métier, disposer d'un déroulement de carrière, de salaires attrayants, de conventions collectives plus convenables que le patchwork actuel, avec un patronat qui fait obstacle à la négociation.
La relance de la collecte de la gemme est une des pistes dont il sera fait état à partir de l'expérience de l'Aquitaine. Régis Frutier
1. « La valorisation de la forêt française », octobre 2012, avis du Conseil économique, social et environnemental présenté par Marie de L'Estoile.
2. RAPPORT DE M. JEAN-LOUIS BIANCO LA FORET : UNE CHANCE POUR LA FRANCE
3. Loi n° 2014-1170 du 13 octobre 2014 d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt.
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