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Le retour des tâcherons

18 mai 2017 | Mise à jour le 21 mai 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Le retour des tâcherons

Portage salarial, temps partagé, auto-entreprenariat, intérim, explosion des contrats courts… si le contenu du travail change, les formes d'emploi sont aussi en plein bouleversement depuis deux décennies. Une nouvelle donne sociale qui appelle de nouvelles pratiques syndicales pour conquérir des droits nouveaux.

La financiarisation de l'activité des entreprises, la montée en puissance des actionnaires a imposé des normes de rentabilité élevées, des modes de gestion qui cherchent à diminuer au minimum les coûts de production. Cette mutation était ainsi résumée dès 2002 par la directrice générale aux affaires sociales de la Commission européenne : «les technologies de l'information poussent au “just-in-time”; la mondialisation renforce les pressions concurrentielles; l'économie financière accroît le poids des anticipations et de la réactivité. Tout cela impose de nouvelles formes de flexibilité dans l'organisation de la production et du temps de travail».

De fait, ces deux dernières décennies et particulièrement depuis la crise systémique de 2008, la pression s'est fortement accrue et la précarité de l'emploi s'est développée. Les modèles de production de biens ou de services se sont adaptés pour fournir une réponse de plus en plus rapide aux besoins des clients, particuliers ou entreprises. Dans nombre d'entreprises, la relation de service est devenue stratégique, privilégiant ainsi la demande par rapport à l'offre. Produits et services sont de plus en plus -individualisés. La production en flux tendu, le « zéro stock » se sont quasiment généralisés imposant une réactivité, voire une saisonnalité de certaines activités. Ces bouleversements rapides ont érodé la prédominance du contrat à durée indéterminée (CDI) à temps plein en tant que norme du contrat de travail. Des formes alternatives de travail et d'emploi se sont développées ou sont apparues.

C'est peu dire que désormais le CDI n'est plus la norme (en tout cas à l'embauche) même s'il domine encore. La part des contrats à durée déterminée (CDD) dans les embauches a atteint 87 % en 2015, selon la Dares. Le ministère du Travail, qui avait fait une étude sur la période 2000-2012, concluait que le nombre de contrats à durée déterminé avait bondi de plus de 75 % en France. Ces contrats temporaires – qui touchent surtout les jeunes et les moins qualifiés – sont de plus en plus courts. On enregistre ainsi une progression des CDD de moins de un mois notamment, ainsi qu'un raccourcissement des missions d'intérim. Actuellement, plus de 50 % des jeunes de 15 à 24 ans sont en emploi temporaire. La massification de ces contrats courts et la revendication de leur taxation ont été au centre de l'affrontement et la cause de l'échec du précédent cycle de négociations sur l'assurance chômage. Les emplois à temps partiel, le plus souvent subis, ont progressé, engendrant une paupérisation de salariés qui peinent à atteindre le niveau du Smic.

«La frontière entre le salariat et le travail dit indépendant est de moins en moins étanche», note le Laboratoire social d'actions, d'innovations, de réflexions et d'échanges (LASAIRE). Et l'Insee, quant à elle, note que «le renouveau du travail non salarié s'inscrit dans une tendance à la diversification des formes d'emploi […] à la frontière du salariat et du non-salariat».

L'auto-entrepreneur comme modèle imposé

Aux côtés des formes d'emploi salarié, l'emploi non salarié connaît une augmentation depuis 2008 grâce aux mesures de simplification de création d'activités et d'entreprises comme, par exemple, le statut d'auto-entrepreneur lancé en 2009. Un statut qui soulève des fortes critiques depuis sa création parce que sa simplicité autorise des dérives qu'on a tôt fait de mesurer. D'abord parce qu'il entre en concurrence avec l'artisanat dont les représentants ont hurlé au loup dès 2009 en soulevant notamment l'inégalité de contraintes sociales, fiscales et administratives entre les artisans et les auto–entrepreneurs.

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