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CINÉMA

Dévorante maternité

26 février 2015 | Mise à jour le 16 mars 2017
Par | Photo(s) : DR
Dévorante maternité

Entre comédie douce-amère et thriller étouffant, la chute d'un couple filmé façon cinéma américain indépendant. Un petit bijou superbe et déstabilisant.

Deux jeunes gens coincés dans les toilettes d'un restaurant chinois à New York se rencontrent sur fond de crotte qui déborde et qui pue. Ce premier plan séquence, sorte de court-métrage à part entière, donne le ton décalé, suffocant, du film qui va suivre. Derrière des allures drôles et douces, autre chose couve, remue, menace.

Comédie sentimentale contemporaine, drame familial implacable, thriller psychologique angoissant, portrait de femme intense ou critique féroce de l'idéologie de la pureté écolo. Le quatrième long-métrage de Saverio Costanzo, libre adaptation du roman italien «Il bambino Indaco» de Marco Franzoso, est tout cela à la fois.

Il navigue entre les genres avec une fluidité confondante. Mina et Jude se rencontrent donc, s'aiment, se marient, elle tombe enceinte. Le couple bobo un peu new age vit dans un minuscule appartement au cœur d'un New York terne et impersonnel.

Le tournage en super 16, la décoration, les costumes, le choix des acteurs – Alba Rohrwacher et Adam Driver (le beau gosse obsédé sexuel de la série Girls) – peaufinent une réalisation très sixties. L'accouchement, compliqué, est dû au rachitisme volontaire de la mère. Et ce n'est que le début de l'engrenage. Elle refuse de nourrir l'enfant avec autre chose que des graines et autres décoctions toxiques sous les yeux aimants mais affolés du père, réduit à alimenter son fils en cachette.

C'est une des forces du film: pas de jugement, pluralité des points de vue, l'amour empêtré dans la folie possessive autour d'un enfant. On pense, bien sûr au film d'horreur américain «Rosemary's baby» de Roman Polansky (1968). À ceci près qu'«Hungry hearts» fait le choix d'un dénouement brutalement réaliste.

 

Hungry Hearts

réalisé par Saverio Costanzo,
1h53