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Après nous le déluge ?

Frédéric Dayan
22 octobre 2019 | Mise à jour le 22 octobre 2019
Par
La ministre de la Santé a insisté le 21 octobre sur la transition « très longue » qui sera nécessaire entre l'actuel et le futur système universel des retraites voulu par Emmanuel Macron.

« Les délais seront différents d'une profession à l'autre », a précisé Agnès Buzyn confirmant implicitement l'annonce par la presse d'un plan B pour la réforme des retraites. Il semble clair que le gouvernement tente de déminer secteur par secteur pour s'épargner une crise sociale en soumettant à la « concertation » le report de la bascule aux « générations postérieures », voire « appliquer la réforme aux nouveaux entrants sur le marché du travail ».

Une « clause du grand-père » permettrait de repousser l'application de la réforme suffisamment loin pour que la majorité des personnes ne se sentent pas concernées, et donc ne descendent pas dans la rue. Avec cette méthode empreinte de cynisme à l'égard des jeunes actifs et des futures générations de travailleurs, Emmanuel Macron veut diluer dans le temps les impacts d'une réforme bien difficile à vendre. Sans rien changer sur le fond de cette réforme, il en reporte les effets délétères sur les générations futures. À l'évidence, le contexte social est pour beaucoup dans ces annonces.

Le pays est à cran comme l'ont montré les mobilisations depuis des mois, celle des Gilets jaunes évidemment, mais bien d'autres depuis. En témoignent aussi les grèves des pompiers, des hospitaliers, ou encore l'exercice du droit de retrait des cheminots à la suite d'un accident grave. La perspective du 5 décembre prochain avec l'entrée en grève illimitée à la RATP, l'annonce d'une journée de mobilisation nationale interprofessionnelle à l'appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse obligent le gouvernement à mettre le pied sur le frein.

Mais on est encore loin d'une réécriture de la réforme ou d'un abandon de ses caractéristiques les plus néfastes. L'exécutif espère non seulement jouer en opposant artificiellement les salariés du régime général et ceux de régimes spéciaux, mais il espère aussi allonger la mise en œuvre de sa réforme et désolidariser les générations entre elles. Cette méthode cynique impose une responsabilité supplémentaire aux organisations syndicales qui doivent non seulement expliquer, décrypter la réforme et ses dangers, mais aussi convaincre les salariés de regarder plus loin que leur compte individuel de points et l'horizon de leur propre fin de carrière pour refuser la déconstruction de notre modèle social.