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Covid 19 : la crise est aussi sociale

Frédéric Dayan
18 mars 2020 | Mise à jour le 18 mars 2020
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Notre pays a donc atteint le stade 3 de l’épidémie, qui correspond à une circulation active du virus sur l’ensemble du territoire. Dès samedi 14 à minuit le pays a commencé à s’arrêter et dès ce lundi 16, les entreprises et toute l’activité économique, sociale, industrielle du pays est passée en mode ralenti, dégradé voire en pause complète. Cela alors que depuis maintenant près de deux semaines, de nombreux travailleurs et travailleuses sont, au mieux en télétravail, au pire ont tout bonnement perdu leur emploi. Au-delà de l’angoisse terrible que suscite cette épidémie, notamment pour les plus fragiles et les plus âgés, c’est le spectre d’une crise économique et sociale majeure qui se dessine. Si depuis 2008, on guettait quelle bulle spéculative allait bien provoquer le prochain effondrement boursier, bien rares sont les spécialistes « toutologues » qui dissertent à l’envi sur les plateaux de télé à s’être émus de l’hyper-dépendance et de la fragilité de notre industrie vis à vis de la Chine. Dès que les masques FFP2 ont commencé à manquer, les contempteurs du libéralisme se sont réveillés avec des états d’âme en se demandant si ce virus n’allait pas devoir inciter nos économies à relocaliser. Tout en nous expliquant la dégringolade des bourses sans bien sûr nous dire que si les places financières viennent de brûler des milliards c’est parce que les financiers ont d’abord réalisé leurs bénéfices en pariant, en spéculant sur cette chute. Et gageons que lorsque Covid 19 aura passé, les gouvernements libéraux comme le nôtre s’accorderont pour mutualiser les pertes et faire payer aux peuples l’addition qui s’annonce très très lourde. La crise de 2008 n’a-t-elle pas servi à justifier toute la dérégulation du marché du travail ? En attendant, cette fois, c’est l’économie réelle qui va souffrir à nouveau. A la fois de cet effondrement mais aussi de l’arrêt des activités qui va fragiliser et saper d'abord les entreprises les plus fragiles et les salariés les plus précaires.

Cette épidémie aura en tous cas réussi à transformer notre très libéral président en chantre de la souveraineté et de la nationalisation, en défenseur des services publics. Faut-il avoir confiance dans cette conversion forcée? Sans doute pas. Il faudra être très exigeant et vigilants pour que les garanties promises afin qu’il y ait « zéro licenciement » soient bien sonnantes et trébuchantes. Tout comme il faudra sans doute encore mobiliser après la fin du confinement pour que l’hommage vibrant aux « héros en blouse blanche, des milliers de femmes et d'hommes admirables qui n'ont d'autre boussole que le soin, d'autre préoccupation que l'humain« , se transforme en un plan ambitieux et généreux de remise à niveau de notre système de santé.