À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
RESTAURATION

Élior : diète sévère dans la restauration d’entreprises

9 octobre 2020 | Mise à jour le 9 octobre 2020
Par
Chômage partiel pour nombre de salariés, recours au télétravail pour d'autres… Les cantines et restaurants inter-entreprises (RIE) se retrouvent désertés. Et les entreprises de restauration collective lourdement affectées. La restructuration qu'annonce le groupe Élior passe par la suppression de près de 1 900 postes en France. Mais d'autres solutions sont possibles…

La « promesse » d'Élior, « l'appétit du mieux », a désormais un goût amer. Tout au moins pour les salariés de la branche « Entreprises » du groupe de restauration collective qui, depuis le 30 septembre dernier, sont placés de facto devant un plan de sauvegarde de l'emploi.

Ce n'est pas une restructuration, c'est un grand nettoyage. David Deleporte, délégué central CGT chez Élior-Arpège

« La direction justifie cette décision par la crise sanitaire liée au Covid-19 et la baisse importante de clientèle, à peu près de 45 %, qui a suivi. Elle se base donc sur ce chiffre pour procéder à une restructuration », explique David Deleporte, délégué central CGT chez Arpège, la « vitrine haut-de-gamme » du groupe.

« Ce n'est pas une restructuration, constate David Deleporte, c'est un grand nettoyage puisqu'ils annoncent en tout et pour tout 1 888 licenciements, 1 560 chez Élior Entreprises et 328 chez Arpège. » Cela fait beaucoup effectivement pour un groupe qui emploie 9 500 personnes en France.

L'entreprise a bénéficié du chômage partiel et du CICE

Une décision d'autant plus « incompréhensible » et « indigeste » pour ce pâtissier de profession que d'autres solutions pouvaient être envisagées. « On nous annonce d'entrée un PSE alors que le dispositif d'activité partielle de longue durée est toujours d'actualité et qu'il y a juste un accord à faire. D'autre part, l'entreprise a bénéficié du CICE, d'exonérations de charges, des dispositions concernant le chômage partiel. Les salariés ne leur ont rien coûté puisque c'est l'État qui a tout pris en charge. Et là, dès qu'il faut mettre un peu la main à la poche, ils nous annoncent un plan de licenciement économique ! »

Curieux reclassements

Autre incompréhension de taille : le reclassement proposé aux principaux concernés. Reclassement qui, si l'on en croit le directeur général de la branche, concernerait « 1 000 postes potentiellement disponibles dans l'année à venir ».

La direction nous propose 1 000 places chez Élior, alors qu'Élior licencie 1 500 personnes ! David Deleporte, élu CGT, à propos de la stratégie de reclassement évoquée par la direction d’Élior

Là encore, difficile à avaler. « La direction nous propose 1 000 places chez Élior, alors qu'Élior licencie 1 500 personnes ! », ironise David, qui constate cependant que, depuis cette annonce de PSE, « le cours de l'action en bourse du groupe a pris quelques points ».

Polyvalence et flexibilité

Reste une situation qui, pour les salariés, est en train de se dégrader sérieusement. Et sans doute n'est-ce qu'un début. « Les gens ont cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ils sont angoissés, se donnent à fond pour ne pas être dans le wagon de tête qui partira au chômage », déplore le délégué syndical, qui remarque également que les termes « polyvalence et flexibilité » se font de plus en plus entendre.

Les accidents de travail augmentent de façon exponentielle. Tous les jours, on a des accidents. David Deleporte, élu CGT

Et les salariés n'ont pas vraiment le choix. « Si tu n'y vas pas, tu risques d'être sur la liste. Ce n'est pas possible. Au bout d'un moment, on use les gens », témoigne David, également élu au CSE du groupe. « Les accidents de travail augmentent de façon exponentielle. Tous les jours, on a des accidents. Pas forcément graves mais des blessures au couteau, des gens qui glissent… Ça devient compliqué. »

Vers un service à la baisse

Quant à la réunion prévue entre direction et intersyndicale le 12 octobre prochain, « où ils vont expliquer ce qui est prévu pour les reclassements, les formations », le délégué syndical n'y croit guère. « C'est de la poudre aux yeux. On ne pourra pas offrir des prestations identiques avec des équipes restreintes. » Le client, lui, risque de voir la qualité des plats et des services proposés par Élior à l'avenir baisser.

Suivez la NVO sur FacebookTwitterInstagram