Apprentissage : un pognon de dingue
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Le secteur de l'insertion par l'activité économique est a priori bien vu du gouvernement, qui ne l'avait pas particulièrement ciblé en 2017 au moment de la réduction subite des contrats aidés. Jugeant ces contrats « coûteux » et « inefficaces » en matière de lutte contre le chômage et d'insertion professionnelle, Muriel Pénicaud avait, dans la foulée, commandé un rapport sur la question à Jean-Marc Borello, président du groupe SOS, un géant de l'entrepreneuriat social.
Dans son rapport remis en janvier 2018, outre la création du CIE ou de nouveaux contrats aidés – les parcours emplois compétence (PEC) qui allient « emploi, formation et accompagnement » –, ce très proche d'Emmanuel Macron avait proposé de « s'intéresser au potentiel inexploité du secteur de l'insertion par l'activité économique ».
Le rapport Borello préconise un « pacte d'ambition » avec le secteur « pour qu'il embauche 25 000 personnes de plus par an », les financements publics supplémentaires étant conditionnés à « une amélioration de la performance et de la couverture du territoire ». Pour ce faire, l'IAE est invité à mutualiser ses quatre types de structures et à les faire grandir pour gagner en rentabilité. Dans le même esprit, ces dernières sont même incitées à créer des entreprises classiques pour employer les salariés sortant de l'accompagnement…
Depuis, la concertation s'est ouverte entre les représentants de l'IAE et le CIE. Mais elle finit par se tendre : la fédération Coorace (Coordination des associations d'aide aux chômeurs par l'emploi), Emmaüs France et la Fédération des acteurs de la solidarité (ex-Fnars) ont jugé bon de réagir, via notamment une « contribution relative à la réforme de l'IAE » surtitrée « #pacteambitionIAE Les réseaux se mobilisent ». S'ils accueillent positivement la réforme, ils disent, par exemple, ne pas souhaiter un big bang pour « permettre à l'IAE de se recentrer sur les publics particulièrement éloignés de l'emploi et sortis des radars des services publics ».
Fait rare, la Cour des comptes vient d'apporter de l'eau au moulin de l'IAE dans un rapport qui mentionne son efficacité et l'intérêt pour l'État d'y investir : les personnes renouant avec l'emploi, c'est autant de RSA ou d'allocations chômage qu'il ne versera pas ; créant de l'emploi, le secteur participe à la croissance, etc. Pour autant, les réseaux de l'IAE sont favorables à des réformes… mais pas avec les idées avancées par Muriel Pénicaud.
Ainsi, alors que cette dernière veut faire entrer les entreprises privées dans le dispositif, la Fédération des acteurs de la solidarité préfère envisager un rapprochement entre ces deux mondes pour faire sauter le plafond de verre dont sont victimes les personnes qui sortent de contrats d'insertion. Les employeurs traditionnels craignant de les embaucher, la fédération s'engage à poursuivre l'accompagnement sur les problèmes persistants (logement, qualification, formation…). Une façon aussi de dépasser préjugés et discriminations.
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