Fin des CDI dans les plateformes de livraison ?
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« Les salariés ne plieront pas devant la multinationale H&M ! », « Ce que le Covid n'a pas réussi à faire, H&M GBC l'a fait… ils nous tuent… » clament les banderoles déployées devant l'entrepôt H&M GBC du Bourget. En grève totale depuis jeudi 7 octobre avec arrêt de l'activité (l'acheminement des vêtements vers les boutiques de l'Hexagone), les quelque 200 salariés sont ulcérés. Ils dénoncent pêle-mêle « un massacre social », une « entourloupe financière visant à gaver les actionnaires », « un plan social infondé économiquement et misérable ».
Difficile de leur donner tort quand on considère que le groupe vient d'annoncer avoir triplé ses bénéfices sur un an (environ 459 millions d'euros). Et que, fort « d'une rentabilité nettement améliorée, d'une position financière solide, de conditions de marché plus stables », H&M s'empresse de ne récompenser que ses seuls actionnaires et de reprendre le versement de dividendes suspendu durant la crise sanitaire. Sans compter les aides publiques de l'État dont l'entreprise a amplement profité pour financer la mise en chômage partiel de ses effectifs durant les confinements. « Ces aides publiques qui proviennent de nos impôts, c'est pour le bien commun, pas pour habiller les actionnaires en dépouillant les salariés », fait valoir Gemina Mehiaoui, déléguée syndicale CGT d'H&M GBC Le Bourget. Tout aussi virulente, Fatima Karim, élue CGT au CSE, dénonce un plan social sans aucune réalité économique : « Ce qu'on nous propose en termes de reclassement ou d'indemnités de licenciement est proprement honteux et inacceptable, ça revient à nous faire financer leur PSE et la suppression de nos emplois », s'indigne-t-elle.
S'estimant « baladés » et « méprisés » depuis des mois dans des réunions de pseudonégociation de ce PSE, mais toujours sans informations sur les motivations de la fermeture du site du Bourget – seul site logistique d'H&M France – les élus du CSE ont déclenché une expertise et se sont associés les services d'un avocat afin de faire toute la lumière. Et d'abord, sur la réorientation dite « stratégique » décidée en juin par le groupe H&M qui aboutit inexplicablement à la fermeture du site et à la délocalisation de son activité en Espagne. « Nous voulons comprendre comment une entreprise ultrarentable qui s'est gavée d'aides publiques peut mettre au rebut plus de 200 salariés qui ne retrouveront pas de travail », assure Fatima Karim.
Outre 153 CDI en poste depuis 20 ans en moyenne, le site du Bourget emploie une cinquantaine d'intérimaires et une vingtaine de salariés présentant des handicaps, donc, particulièrement vulnérables. Au regard de la moyenne d'âge de l'effectif, plutôt élevée – autour de 50 ans –, il y a en effet peu de chances que ces futurs licenciés puissent retrouver demain le chemin de l'emploi, « même en traversant la rue », ironise Gemina Mehiaoui.
Soutenus par une intersyndicale unitaire (CGT-CECGC-UNSA-CFTC-FO), les grévistes préparent la riposte. À commencer par une conférence de presse, ce lundi 11 octobre devant les portes de l'entrepôt, pour donner de la visibilité à leur lutte, d'une part, mais aussi et surtout, pour dénoncer publiquement les agissements de la firme suédoise, en totale contradiction avec les « valeurs » affichées internationalement par l'entreprise.
Deuxième levier, interpeler toutes les célébrités qui associent leur image à celle d'H&M. C'est par le biais de partenariats avec des stars de l'envergure de Beyoncé, Kylie Minogue, Jimmy Choo, Claudia Shiffer, Madonna, Karl Lagerfeld… que H&M a pu se forger un capital image « fashion-social-vertueux », « qui résulte cyniquement mensonger au regard de nos conditions de travail, de salaire et de mise au rebut », prévient Gemina Mahiaoui. Et d'ajouter que ces célébrités pourraient alors décider de ne plus cautionner une marque maltraitante envers ses salariés.
Autre temps fort de mobilisation, l'interpellation des pouvoirs publics. Présente depuis le début du conflit aux côtés des salariés, la CGT 93 compte bien mobiliser et sensibiliser les représentants de l'État et les élus locaux à la cause des H&M. Alerté de la crise du Bourget, le président du département, Stéphane Troussel, a déjà interpelé plusieurs ministères : celui du travail sur la gestion douteuse du plan social ; celui de Bercy (Économie et Finances) en raison d'un précédent pour fraude à la TVA et redressement fiscal d'H&M France ; enfin, celui de l'Écologie pour qu'il apprécie l'impact « empreinte carbone » du transfert en Espagne des activités logistiques du Bourget.
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