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EXPOSITION

Enfermés dehors

13 novembre 2015 | Mise à jour le 28 février 2017
Par | Photo(s) : P. Delacroix/Musée national de l’histoire de l’immigration
Enfermés dehors

Le Musée de l'histoire de l'immigration consacre une grande exposition aux frontières, à l'heure où nombre de migrants s'y pressent. Derrière les murs érigés et le durcissement des contrôles, les tragédies humaines se multiplient.

Dès l'entrée de l'exposition « Frontières » au Musée de l'histoire de l'immigration, nous voilà plongés dans l'actualité avec des vidéos nous montrant des migrants embarqués sur des bateaux de fortune.

Tandis que résonnent les sons de ces êtres à la dérive, une première partie nous montre les murs gigantesques érigés entre les États-Unis et le Mexique, en Cisjordanie, entre la Corée du Nord et du Sud, entre l'Inde et le Bangladesh.

Et les moyens faramineux déployés pour les rendre infranchissables : le mur-frontière de 3 200 km en Inde est gardé par 22 000 gardes, entre les deux Corées, un million de soldats sont postés de part et d'autre. Derrière l'absurdité de telles barrières, les photographies de Gaël Turine ou d'Anne-Marie Filaire témoignent du quotidien des habitants des deux côtés des barrières.

LA FORTERESSE EUROPE

La deuxième partie de l'exposition retrace les frontières mouvantes en Europe, au fil des conflits, des opportunités industrielles ou de la guerre froide.

Documents et photos nous rappellent ainsi le sort de l'Alsace-Lorraine, tandis que le dessinateur Tomi Ungerer, né en 1931, en témoigne dans une vidéo : « À l'école, j'étais Alsacien, à la maison, Français et officiellement Allemand »…

Outre, le rideau de fer et les milliers de kilomètres de grillages élevés entre la RDA et la RFA, les frontières sont aussi évoquées à travers les allers-retours des sidérurgistes entre Lorraine et Luxembourg, via les récits de Dominique Napoli et de Jean-Marie Piermantier.

Au fur et à mesure que la libre circulation s'organise au sein de l'Europe avec les accords de Schengen, « l'entre soi » se renforce avec des dispositifs musclés pour surveiller les frontières (Eurodac, Frontex) et la mise en place de zones d'attentes dans les aéroports ou de centres de rétentions administratives (CRA).

On ne manquera pas d'écouter le document sonore réalisé par la Cimade au CRA de Rennes qui évoque le sort de ces migrants, en pleine incertitude…

TRAGÉDIE SÉCURITAIRE

La force de l'exposition est de mêler histoire, notamment la troisième partie qui retrace les grandes vagues d'immigration en France, et l'actualité tragique.

Derrière les chiffres terribles des victimes, des visages d'Érythréens épuisés, en attente d'un passeur en Sicile, photographiés par Sarah Caron.

On regarde encore avec effroi « Liquid Traces », une enquête menée par Charles Heller et Lorenzo Pezzoni sur le drame vécu par 72 passagers d'un petit Zodiac, partis des côtes libyennes pour atteindre Lampedusa.

À travers l'imagerie radar et les témoignages de rescapés (seuls 9 survivront), on suit la détresse de ces hommes et ces femmes laissés à la dérive pendant 14 jours malgré les signaux de détresse reçus et l'approche d'un hélicoptère militaire, probablement de l'OTAN, qui repart sans leur porter secours…


« Frontières », exposition coordonnée par la sociologue Catherine Wihtold de Wenden et l'historien Yvan Gastaud.

Jusqu'au 29 mai 2016, au Musée de l'histoire de l'immigration – 293, avenue Daumesnil – Paris 12e.