Femmes/hommes : l’écart se creuse sur les salaires
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Le phénomène ne date pas d'hier mais à force d'être comprimés les salaires pourraient bien revenir au centre des revendications syndicales dans l'après-Covid-19. Le sujet monte déjà chez ceux qui ne s'en sortent plus ou estiment être financièrement maltraités.
Le 8 avril 2021, des entrepôts Carrefour ont été bloqués ou perturbés par des employés qui réclament des augmentations de salaires ; les « Oubliés du Ségur de la santé », salariés du secteur social et médico-social, ont manifesté pour réclamer la revalorisation salariale de 183 euros nets par mois accordée au agents hospitaliers ; les AESH (accompagnateurs d'enfants en situation de handicap) ont également battu le pavé pour exiger une évolution de leur statut et de leurs salaires qui les maintiennent dans la précarité.
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Certes, les dernières données de l'Insee sur les salaires dans le privé et les entreprises publiques, publiées ce jeudi 8 avril 2021, n'apportent rien de neuf sur la question. Toutefois, elles rappellent une réalité qui s'est aggravée avec la crise sanitaire : en France, les écarts se creusent. En 2018, le salaire brut en équivalent temps plein (ETP), atteint en moyenne 37 644 euros et la moitié des Français gagnent moins de 29 536 euros annuel ETP, niveau du salaire médian brut annuel.
Mais les 10% de salariés les moins rémunérés (1er décile) gagnent trois fois moins que les 10% de salariés les mieux rémunérés (9e décile), soit, respectivement, 20 018 euros et 60 869 euros brut par an ETP. Si cela représente approximativement le SMIC pour les plus bas salaires, c'est parmi eux que se recrutent essentiellement les temps partiels (liés à la flexibilisation du travail) : 33% des employés sont concernés et souvent le subissent (voire enchaînent les contrats courts) contre 9,7% des cadres et professions intellectuelles supérieures. Plutôt que d'écart salarial, c'est de décrochage qu'il convient de parler.
L'Insee détermine que « les quatre secteurs où les salaires sont les plus élevés sont les services financiers, la production et distribution d'énergie, les télécommunications ainsi que la recherche-développement » : 31 euros brut de l'heure, soit « plus d'une fois et demie la moyenne de l'ensemble des secteurs (20,3 euros) ».
De fait, les emplois y sont plus qualifiés avec 75 à 89% de cadres et de professions intermédiaires en ETP, soit deux fois plus que dans l'ensemble des emplois du secteur privé (41%). À l'opposé, c'est dans les secteurs de l'action sociale, du médico-social et de l'hébergement-restauration – où les ouvriers et les employés sont nettement plus nombreux que dans l'ensemble du secteur privé (67% à 84% contre 59%) – que les salaires sont les plus bas : entre 14 et 16 euros brut de l'heure.
Outre le fait que ce sont les salariés qui sont au service de tous – aident ou rendent la vie plus facile – qui sont les plus mal payés, il faut noter que les écarts ont de nouveau tendance à se creuser au cours de la période récente : les salaires des cadres progressent plus vite (2,7% en 2018 ; 2,4% en 2019 ; 2,3 en 2020 selon le baromètre Expectra) que le SMIC (1,2% en 2020 ; 0,99% en 2021).
Sur le temps long (1996-2018), une autre étude de l'enquête salaires de l'Insee publiée aujourd'hui 9 avril, montre notamment qu'« après avoir baissé entre 1996 et 2009, les disparités salariales ont légèrement progressé depuis ».
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Concrètement, parmi les salariés les plus mal payés on peut citer l'exemple des femmes de chambres de l'hôtel Ibis Batignolles , travailleuses précaires, qui le 7 avril 2021 étaient convoquées devant le conseil de prud'hommes pour une audience de conciliation.
En grève depuis plus de vingt mois elles réclament, entre autres choses, le paiement de leurs heures supplémentaires et de ne plus être payées à la tâche. Dans le social et le médico-social, ce sont les « Oubliés du Ségur » de la santé qui manifestaient jeudi 8 avril 2021 et qui, outre la question salariale, ont rappelé qu'ils « dénoncent depuis de nombreuses années la dégradation de leurs conditions de travail et l'impact de cette situation sur la qualité des accompagnements des mineurs et de leurs familles ».
Ce sont aussi les aides à domicile mais aussi, bien qu'ils dépendent de l'Éducation nationale, les AESH : malgré les promesses faites il y a un an d'engager les discussions sur leur temps de travail et leurs rémunérations, ces personnels continuent de subir des périodes de travail incomplètes (vingt-quatre heures hebdomadaires) pour un salaire net de 760 euros par mois, alertent les syndicats. Or, il occupent pourtant « une fonction essentielle à l'école ».
L'Insee, note que « le salaire horaire brut augmente avec la taille de l'établissement ». Ce que l'on peut probablement traduire par : plus les salariés sont nombreux, plus ils peuvent s'organiser et… obtenir des augmentations.
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