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INÉGALITÉS

Selon le rapport du défenseur des droits, la crise a exacerbé les inégalités

10 juin 2020 | Mise à jour le 11 juin 2020
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Rendu public le 8 juin, le rapport annuel du défenseur des droits pointe des inégalités criantes encore aggravées par le confinement. Le recul des services publics et les rapports tendus avec la police arrivent en tête des réclamations reçues par l'institution.

C'est un rapport qui arrive comme une triste confirmation. Dans son rapport annuel rendu public le 8 juin, le Défenseur des droits alerte sur « les inégalités sociales et territoriales, les reculs des services publics déjà à l'œuvre [qui] ont été exacerbés » avec l'épidémie de coronavirus.

Jacques Toubon, qui s'apprête à quitter l'autorité indépendante après six années à sa tête, pointe non seulement l'aggravation des inégalités pendant le confinement, mais aussi un climat de tensions entre police et population.

Une caisse d'enregistrement des violences policières

Suite à une année 2019 secouée par les manifestations récurrentes des « gilets jaunes », l'institution a enregistré un bond de quasiment 29 % des dossiers liés à la « déontologie de la sécurité », dont la majorité concerne l'action des forces de l'ordre. Des chiffres qui tombent mal dans un contexte où la police française est accusée de tolérer dans ces rangs une culture raciste et un usage de la force souvent démesuré.

Cela dit, sur les presque 2 000 contestations reçues, le Défenseur des droits a conclu à un « manquement » des agents dans seulement 10,7 % des cas. Mais il pointe « une crise de confiance des citoyens à l'égard des forces de sécurité » et appelle à « une prise de conscience des autorités » pour sortir des « logiques “guerrières” », une recommandation qui entre en résonance avec les récentes mobilisations contre les violences policières.

Violences policières : comment en est-on arrivé là ?

Le confinement a aggravé les inégalités sociales

Suite à la crise sanitaire et la période de confinement inédites, l'ancien ministre de Jacques Chirac, a assorti ce dernier rapport sur l'année 2019, d'une synthèse sur son action depuis mars 2020. Malgré une activité nécessairement ralentie, le Défenseur des droits a joué son rôle de « démineur des discriminations de la vie quotidienne » au plus fort de l'épidémie, assure M. Toubon.

Et de citer les appels à rouvrir les bureaux de poste et les guichets de demande d'asile, la nécessité d'adapter l'attestation de sortie aux handicapés ou à désengorger les prisons face aux virus.

Optimiste, il espère qu'après avoir rendu les inégalités « encore plus criantes », la « crise sanitaire (…) conduira à un meilleur accès aux droits ». Il y a du pain sur la planche : le Défenseur des droits a reçu 103 000 réclamations en 2019, soit 7,5 % de plus que l'année précédente. Les demandes ont même bondi de 40,3 % en seulement cinq ans.

Elles concernent surtout les relations avec les services publics — plus de 60 000 réclamations, en hausse de 10,4 % sur un an parmi lesquelles le « sentiment d'abandon » provoqué par « la fracture numérique et la dématérialisation à marche forcée » des services publics.

En France, parallèlement au recul des services publics, s'est implantée une politique de renforcement de la sécurité et de la répression face à la menace terroriste, aux troubles sociaux et à la crainte d'une crise migratoire alimentée par le repli sur soi