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Europe

Euro-manifestation syndicale à Bruxelles

29 avril 2019 | Mise à jour le 29 avril 2019
Par et | Photo(s) : Bertrand Vandeloise / Hans Lucas
Euro-manifestation syndicale à Bruxelles

Manifestation à l'appel des syndicats européens "Tous mobilisés pour une Europe sociale" à Bruxelles, le 26 avril 2019.


Pour la première fois depuis quatre ans a eu lieu à Bruxelles ce 26 avril une manifestation des salariés européens à l'appel de la CES et de ses organisations membres, pour réclamer, à la veille des élections européennes, une Europe réellement sociale. Une mobilisation qui, pour être efficace, suppose des suites.

« Protégeons les salaires, pas les frontières ! » « Pour une Europe sociale ! » Vendredi 26 avril, quelque 8000 travailleurs de toute l'Europe ont manifesté ensemble à Bruxelles à l'appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) pour réclamer plus d'Europe, mais « Une Europe plus juste pour les travailleurs ». Une première, depuis quatre ans. Venant pour beaucoup de Belgique et de France pour des raisons géographiques, les manifestants comptaient aussi des délégations d'Allemagne, d'Autriche, d'Espagne, d'Estonie, de Hongrie, d'Italie, de Slovénie et même de Suisse.

Europe sociale : une revendication commune

À quelques semaines des élections européennes, mais aussi du congrès de la CES qui se tiendra fin mai à Vienne, les organisations syndicales exigent d'en finir avec les politiques d'austérité dont souffrent les travailleurs et qui minent les économies de tout le continent. Ils dénoncent la financiarisation de l'économie qui privilégie, partout, les exigences des actionnaires au détriment de l'investissement dans la recherche ou les salaires.

Elles revendiquent des emplois de qualité, qui passent aussi par l'investissement industriel, des augmentations de salaires, des garanties collectives et des normes sociales à l'échelle européenne. Il s'agit, précise la CGT, d'en « finir avec la tendance actuelle de rendre le travail toujours plus précaire et les travailleurs toujours plus vulnérables ». Ils s'agit d'obtenir non pas socle social théorique, mais des droits concrets.

Sur les banderoles, la défense des services publics était aussi à l'ordre du jour contre les privatisations imposées au détriment de l'accès de tous à ces services, de la sécurité, et souvent du respect de l'environnement, alors que la transition écologique nécessite au contraire, elle aussi, de véritables investissements.

Contre le dumping social, fiscal et environnemental, c'est aussi la fin des paradis fiscaux et une harmonisation vers le haut que réclamaient les manifestants.

Contre le dumping : une Europe solidaire

« Ces élections européennes sont les plus importantes que nous ayons connues au cours de ces dernières décennies », a affirmé Luca Visentini, secrétaire général de la CES « et nous invitons tous les citoyens à voter pour les candidats et les partis qui se battront pour une Europe plus juste pour les travailleurs. Ne nous laissons pas berner par les partis d'extrême droite, antieuropéens et souverainistes – ils ne proposent aucune solution aux problèmes auxquels les travailleurs sont confrontés aujourd'hui. »

Le risque de repli nationaliste, de rejet de l'Autre, de quête de boucs émissaires facilement trouvés parmi les travailleurs migrants en épargnant les réels profiteurs des politiques actuelles s'avère en effet bien réel. Les droites extrêmes et les extrêmes droites sont au pouvoir en Autriche, en Hongrie, en Pologne, en Italie… Le 14 avril, l'extrême droite est arrivée seconde aux élections législatives en Finlande, à 0,2 points des sociaux-démocrates, et après quatre années au sein de la coalition gouvernementale. En Espagne, Les socialistes du PSOE ont remporté les élections législatives le 28 avril mais l'extrême droite passe de zéro à vingt-quatre sièges.

Partout, cela nourrit la xénophobie, le racisme et génère en même temps des politiques répressives mettant à mal le droit, la démocratie, et le droit du travail. Comme en Hongrie où les salariés sont mobilisés contre la loi « esclavagiste » qui permet au patronat de contraindre les salariés à 400 heures supplémentaires par an payées avec trois années de retard. Au Royaume-Uni, les syndicats se mobilisent pour que les salariés ne paient pas le prix fort du Brexit, alors même que les gouvernements britanniques successifs n'ont eu de cesse de réclamer des dérogations au droit européen lorsque celui-ci permettait des avancées pour les salariés…

Mobiliser le syndicalisme européen

« Alors qu'on voudrait nous enfermer dans un débat binaire », celui qui opposerait les tenants d'un libéralisme accru à ceux qui « promeuvent un repli nationaliste », la CGT, « avec d'autres organisations syndicales et avec la confédération européennes des syndicats » appelle à un tout autre choix, celui d'une « Europe sociale, écologique, ouverte et solidaire ». Cela suppose, souligne Philippe Martinez, « de donner une visibilité au syndicalisme européen, notamment à travers ses mobilisations, en Europe et dans chaque pays. C'est toute l'importance de cette manifestation du 26 avril à laquelle la CGT, avec d'autres partenaires, partenaires, a activement ouvré. Pour être efficace, elle suppose des suites, sans attendre plusieurs années. On a besoin, analyse la confédération, de démontrer l'utilité du syndicalisme à l'échelle du continent. Et cela impose de nouvelles mobilisations. Tous ensemble. »

Lors du rassemblement qui a clos la manifestation, plusieurs dirigeants syndicaux (Lucas Visentini pour la CES, Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT) pour la France ; Pepe Alvarez (UGT), Espagne ; Miranda Ulens (FGTB), Marie-Hélène Ska (CSC) et Olivier Valentin (CGSLB), Belgique ; Luigi Sbarra (CISL), Italie ; László Kordás (MASZSZ), Hongrie, ainsi que des dirigeants des fédérations syndicales européennes Luc Triangle (IndustriAll), Susan Flocken (ETUCE) Martin Jefflen (Eurocadres), et Agostino Siciliano (FERPA) ainsi que des travailleurs belges.