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ILE-DE-FRANCE

Extension du domaine syndical

25 mai 2016 | Mise à jour le 14 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Extension du domaine syndical

Deux militants californiens du parasyndicalisme (US) et un militant du ReAct ont rencontré l'Urif-CGT pour parler syndicalisation, actions locales et interactions. Ils tirent leurs expertises d'actions d'envergure dans les secteurs du travail informel et de l'hyperprécarité.

Travailleurs migrants, travailleurs sans-papiers, travailleurs hors statut salarial, étudiants précaires… Comment organiser syndicalement des milliers de travailleurs œuvrant dans ces secteurs de travail dits informels ?

Comment structurer en collectifs de travail des masses de travailleurs éclatés, souvent invisibles ? Quels types de structure et d'action syndicale pour des travailleurs non-salariés ? Mais encore, quelles interactions possibles avec le syndicalisme traditionnel ?

UNE PROBLÉMATIQUE PROTÉIFORME…

D'une actualité brûlante en France, ces questions se posent avec particulière acuité pour les syndicats californiens. Et pour cause : frontalière avec le Mexique, la Californie attire les plus importants flux migratoires du continent ; elle concentre aussi les plus importants bassins industriels des États-Unis. Dans la région sud de San Diego, l'industrie navale capte à elle seule 6,5 millions de travailleurs dont 2 millions au sein d'une zone industrielle binationale commune avec le Mexique.

« On recense 3 millions de travailleurs informels ou en situation irrégulière, et c'est un énorme problème pour les identifier afin de pouvoir les fédérer en bloc de travailleurs syndiqués », indique Peter Zschiesche, secrétaire général de l'association ERC, une structure parasyndicale affiliée à l'AFL-CIO, la confédération générale unique regroupant l'ensemble des syndicats californiens.

Fondée à la demande de cette dernière, l'association parasyndicale a été investie d'une mission très précise : développer massivement la syndicalisation dans tous les secteurs de travail informel, hyperprécarisés et dans les nouveaux secteurs de travail non salarié à l'instar d'Uber.

… ET DES RÉPONSES AU CAS PAR CAS

« Ma mission consiste à organiser les travailleurs qui ne l'étaient pas, ou qui ne pouvaient pas se syndiquer au syndicat de la branche qui n'est pas structuré pour ce travail de terrain à très forte dimension locale », explique Peter Zschiesche.

Dès lors, il s'agissait donc de disposer d'une structure spécifique, pour traiter des problématiques spécifiques : travailleurs en situation irrégulière, migrants et immigrés ne parlant pas la langue du pays, populations communautarisées aussi dans leurs milieux de travail que dans leurs lieux de résidence et souvent exploitées par des employeurs peu regardants des droits humains et moins encore du droit du travail. Bref, les difficultés sont majeures.

AU CŒUR DE LA COMMUNAUTÉ

D'où cette idée de Peter de créer des « centres du travail » comparables à nos bourses éponymes et, plutôt que de les implanter à proximité des lieux de travail, les installer en plein cœur des quartiers où résident ces communautés ethniques de travailleurs et leurs familles.

« Très vite, les gens ont afflué pour trouver des solutions à leurs problèmes, souvent les même : impayés de salaires, licenciements arbitraires et harcèlement sexuel, et c'est là que nous avons compris comment les organiser », poursuit Peter Zschiesche. « Nous avons créé ce qu'en France on pourrait appeler des organisations “communautariste”, pour pouvoir aller au contact de populations qui, dans leur mode de vie, étaient déjà organisées en communautés ».

Pour réussir ce pari, l'ERC s'appuie sur les associations de quartier pour l'organisation de réunions d'information syndicale sur les problématiques récurrentes de la communauté. Un travail de terrain, relationnel et très local, qui peut durer plusieurs mois avant de porter ses fruits. « Il s'agit d'ancrer l'activité du centre à la communauté et cela passe aussi par de l'assistance individualisée de sorte à impliquer aussi les familles, leurs voisins, leurs proches », explique Peter Zschiesche.

EXTENSION DU CHAMP SYNDICAL

Tout sauf marginal, ce parasyndicalisme local a permis à l'AFL-CIO d'étendre son champ syndical bien au-delà des lieux de travail. Bien rodée, la démarche de l'ERC nécessite des moyens spécifiques pour assurer son développement : disposer de responsables syndicaux permanents, bilingues et capables d'intervenir sur un large spectre de problématiques, notamment l'obtention des titres de séjour et des permis de travail.

Le financement de l'activité provient quasi exclusivement des cotisations, D'où l'importance de syndiquer massivement des « blocs de travailleurs » et de former des leaders identifiés lors des actions de lutte pour qu'ils prennent des responsabilités dans l'organisation et en perpétuent l'activité.

 

Demain, la suite sur le travail de syndicalisation et le réseau ERC : La force du réseau