À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
14 juillet

Sur les Champs-Élysées, des ballons jaunes et des sifflets pour Macron, malgré la répression

14 juillet 2019 | Mise à jour le 14 juillet 2019
Par
Des gilets jaunes étaient présents ce matin lors du défilé du 14 Juillet sur les Champs-Élysées. Des dizaines de personnes manifestent encore dimanche après-midi sur l’avenue dans un face à face tendu avec les forces de l’ordre selon des journalistes de l’AFP.

« Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi » : des dizaines de gilets jaunes, sans leur chasuble fluo mais armés de ballons et de foulards canari, ont copieusement hué le chef de l’État lors du défilé du 14 Juillet.

Ils ne sont pas nombreux, au regard des milliers de badauds venus applaudir le défilé célébrant cette année la coopération militaire européenne, mais sont parvenus à être visibles. « C’est sûr, il a dû nous entendre », lance Stéphane, jean et casquette. « Ouais, mission accomplie », renchérit Samuel, une vingtaine d’années.Une petite « victoire » qu’ils savourent alors que le mouvement de contestation sociale, qui a rassemblé jusqu’à 280.000 manifestants en novembre, s’est essoufflé ces dernières semaines.

Par petits groupes, militants gilets jaunes de la première heure, mais aussi sympathisants ou retraités révoltés, ils ont gagné les Champs-Élysées. Pas question d’avoir un gilet jaune, mais certains sont parvenus à faire passer des ballons, gonflés à la hâte, foulards et bouts de carton bricolés en pancarte. Au passage du président de la République, ils ont sorti les sifflets et donné de la voix: « Gilets jaunes ! Ça va péter ! », « Emmanuel Macron, on vient te chercher chez toi ». Un petit groupe descend puis remonte l’avenue en chantant : « On est là, même si Macron ne veut pas, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, nous on est là ».

Dès le début du défilé, des figures emblématiques du mouvement de contestation ont été interpellées : Jérôme Rodrigues, ancien commerçant érigé en symbole des violences policières depuis la perte de son œil droit en janvier, et Maxime Nicolle ont été placés en garde à vue pour « organisation d’une manifestation illicite », a-t-on appris auprès du parquet. Au total, 152 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre en marge du défilé, a indiqué la préfecture de police à l’AFP en début d’après-midi. « C’est de l’acharnement », a lâché un jeune homme après avoir vu les CRS embarquer plusieurs de ses amis après de brèves échauffourées avec la police. Arié Alimi, l’avocat de Jérôme Rodrigues, a dénoncé à l’AFP des « interpellations d’opposants politiques ».

« C’est nous la France »

Le long de la célèbre avenue, la colère est intacte. « Pff… les gens, ils applaudissent des types qui bombardent des peuples. Qu’ils commencent par lutter contre les inégalités ici », souffle Elisa, venue de Normandie. Les motards de la police sont les plus copieusement sifflés — « Tout le monde déteste la police », « Assassins ! Ils crèvent les yeux ! » crient une poignée de gilets jaunes —, les pompiers les seuls applaudis — « Pompiers, avec nous ! ».Le dialogue est parfois âpre avec les « patriotes » venus assister au défilé. « Vous avez gâché le défilé de ma fille de 12 ans », lance Jean-Pierre, entrepreneur, à une blonde qui s’époumone, sifflet en bouche. « Mais on est là aussi pour votre fille. Quand elle sera dans un EHPAD ou un hôpital et qu’on ne lui changera sa couche qu’une fois par jour faute de personnel soignant, vous verrez... ».

« Maintenant c’est “ferme ta gueule et consomme”. Mais il y a des riches de plus en plus riches et nous on crève. Les courses, la santé – je dois refaire mes dents -, on n’y arrive pas et ces cons ils chantent la patrie », tonne Monique, retraitée de 63 ans.

Alors que se succèdent cavaliers, chars et képis de couleur sur l’avenue, Roselyne tempête : « Mais c’est nous la France. Des hôpitaux qui ferment, des chômeurs à qui on dit de traverser la rue. C’est une honte ».