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Présidentielle 2017

Gérard Larcher, médiateur social de François Fillon ?

7 décembre 2016 | Mise à jour le 7 décembre 2016
Par | Photo(s) : Thomas Samson/AFP
Gérard Larcher, médiateur social de François Fillon ?

Gérard Larcher joue le médiateur social pour François Fillon

Le président du Sénat, Gérard Larcher s'apprête à recevoir les organisations syndicales et patronales. Le programme de François Fillon risque de rendre difficile le dialogue avec les confédérations qui sont vent debout contre ses propositions et alertent sur leur dangerosité.

Le président du Sénat  Gérard Larcher qui a été un soutien de la première heure de François Fillon à la primaire de la droite, démarre aujourd'hui une série de rendez-vous avec les leaders syndicaux et patronaux. « Ce n'est pas nouveau chez moi. Je les avais vus au moment de la loi Travail », a-t-il affirmé le 1er décembre sur BFM TV  juste avant d'ajouter « Je les vois maintenant parce que je crois que le dialogue social est nécessaire. C'est ma dimension à moi mais en même temps François Fillon porte un projet qu'il entend mettre en œuvre dans un esprit de rassemblement ».

Gérard Larcher ne croyait certainement pas si bien dire, quand, en juin dernier, il déclarait au journal les Échos  : « Le candidat ou la candidate qui remportera la primaire devra engager un dialogue avec les organisation syndicales et patronales entre décembre 2015 et mars 2017. Car si l'on doit travailler par ordonnances, cela n'exclut pas le dialogue préalable indispensable(…). Nous avons vraiment une responsabilité à ne pas les passer par-dessus bord si nous voulons réformer ! » François Fillon n'était alors pas du tout donné gagnant à la primaire…

Écouter et discuter n'engagent à rien

Ironie de l'histoire, c'est donc à l'auteur de la loi qui impose « une concertation préalable » avec les partenaires sociaux avant tout projet de loi sur les relations du travail – Gérard Larcher était alors ministre du travail sous Jacques Chirac – qu'il revient de prendre langue avec les organisations de salariés et patronales. Jean-Claude Mailly (FO) ouvre le bal, aujourd'hui à 15h, une semaine avant Laurent Berger (CFDT) qui sera reçu le 14. La suite des entretiens se déroulera en janvier.

Philippe Martinez (CGT) s'entretiendra avec le président du Sénat le 12, François Hommeril (CGC) le 17 et la nouvelle U2P (rapprochement des artisans de l'UPA et des professions libérales de l'UNAPL) le 18. Pierre Gattaz (Medef), François Asselin (CGPME) et Philippe Louis (CFTC) clôtureront le calendrier le 19 janvier. « Je rappelle que rassembler ce n'est pas rallier, c'est écouter les autres » a jugé bon de préciser Gérard Larcher au micro de Ruth Elkrief. Disant cela, il ne se faisait probablement guère d'illusion quant à la tonalité que pourraient prendre les discussions avec les syndicats. Tout d'abord parce qu'ils n'ont pas la mémoire courte.

Le dialogue social selon François Fillon

« J'ai eu deux millions et demi de personnes dans la rue, ce qui ne m'a pas empêché de faire la réforme » a rappelé François Fillon, sur les ondes de RTL, le 25 novembre dernier. Il faisait référence aux manifestations de 2003, contre la réforme des retraites alors qu'il était ministre des affaires sociales dans le gouvernement Raffarin, lequel avait clamé « ce n'est pas la rue qui gouverne ! ». Rebelote en 2010.

 il faut « pouvoir passer par-dessus les syndicats » François Fillon

Il est alors le premier ministre de Nicolas Sarkozy et son ministre, Éric Woerth, ne recule pas sur sa réforme des retraites malgré une quinzaine de mobilisations et plus de 3 millions de manifestants qui battent le pavé. C'est là, la méthode du candidat Fillon à l'élection présidentielle. Celle qu'il entend ériger en politique. Le 27 novembre, il a été propulsé dans la course à la présidentielle par 4,3 millions de sympathisants – à peine 10% de l'électorat, rappelons-le – qui, comme lui, veulent réformer le pays à coup d'ordonnances et pensent qu'« il faut « pouvoir passer par-dessus les syndicats ». Tous ceux qui ont détesté les 49.3 de Manuel Valls pour faire passer la loi Travail, pourraient honnir le projet que nourrit François Fillon de légiférer par ordonnance.

Une discussion qui s'annonce tendue avec les syndicats…

Pour Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, le recours aux ordonnances est « une caricature du dialogue social. C'est une démarche populiste ». Jean-Claude Mailly, le leader de FO, fustige le « côté autoritaire » de François Fillon. De son côté Laurent Berger avertit qu'au second tour, «  le candidat qui serait face à Marien Le Pen, n'obtiendrait pas le blanc-seing de la CFDT sur la façon d'exercer le pouvoir ».

Et les trois organisations sont vent debout contre le programme de François Fillon  pour l'élection présidentielle : 500 000 suppressions de postes dans la fonction publique, disparition des 35 heures avec la possibilité de travailler jusqu'à 48 heures, fin du monopole de candidature syndicale au premier tour des élections professionnelles, recentrer le code du travail sur les normes fondamentales, TVA sociale, allègement de la fiscalité du capital, un statut du prestataire indépendant irrévocable pendant trois ans, contrat de travail avec des modalités de ruptures prédéfinies et progressives, réforme des allocations chômage, de la sécurité sociale, de la retraite, etc. Des « choix politiques qui génèrent la misère sociale » dénonce Philippe Martinez, « ultralibéraux » ajoute Jean-Claude Mailly, « C'est basé sur quelque chose qui n'a jamais marché : donner de l'argent aux riches, comme ça ils pourront investir et on pourra embaucher les pauvres ». Des projets qui ne trouvent pas grâce non plus auprès de Laurent Berger.

… et confiante avec le patronat

Gérard Larcher jouera sur du velours avec le patronat. Certes, François Fillon se targue d'avoir rencontré des dizaines de milliers de Français avant d'élaborer son programme. Ce sont cependant les chefs d'entreprises qui ont occupé une place de choix dans son équipe de campagne pour la primaire de la droite (ex-PDG de British Télécom et Numéricable, d'Axa, etc.) Et l'on trouve également dans son proche entourage des gens comme Agnès Verdier-Molinier, la directrice de l'Ifrap ( la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques), qui appelle à une réduction drastique de la dépense publique et à une réforme radicale du syndicalisme, histoire que celui-ci ne puisse plus bloquer les réformes.

Gérard Larcher à beau être un ancien ministre du travail reconnu comme un fin négociateur et apprécié pour son sens du dialogue et de l'écoute – qui confie volontiers avoir d'excellentes relations avec nombre de syndicalistes, y compris à la CGT – cela risque de ne pas lui suffire pour emporter le morceau au cours de la concertation qu'il engage avec les cinq confédérations.

De même, si jamais il a été érigé au rang de conseiller social ou de ministre du travail au sein d'un hypothétique « cabinet fantôme » qu'aurait constitué l'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, ce ne serait que celui d'un candidat à l'élection présidentielle. Quand bien même voudrait-on nous faire croire que les jeux seraient faits et que son élection serait incontournable… Il n'en est rien.