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LIBRAIRIE

Gibert Jeune ferme trois librairies parisiennes

25 février 2021 | Mise à jour le 25 février 2021
Par | Photo(s) : Jacopo Landi / AFP
Gibert Jeune ferme trois librairies parisiennes

Trois librairies Gibert Jeune de la place Saint-Michel, à Paris, vont devoir fermer d'ici au 31 mars. Supprimant 70 postes. Et tout un pan de l'histoire, du patrimoine social, universitaire et culturel parisien.

« Traumatisme », « tragédie », « drame », « dégoût », les milliers, les millions de posts, commentaires, pouces baissés, qui affluent de toute la France et parfois du bout du monde, d'Afrique ou d'Extrême-Orient, témoignent du choc ressenti à l'annonce de la fermeture des trois librairies Gibert Jeune situées sur la place Saint-Michel, dans le Quartier latin de la capitale française.

Une institution qui, depuis plus de 130 années maintenant, était devenue le rendez-vous des lycéens et des étudiants en quête de livres de classes d'occasion et de bouquins pas chers, de chercheurs en tous genres à la recherche d'ouvrages spécialisés, d'écrivains ou d'artistes, de lecteurs ordinaires, tous attirés par l'impressionnante quantité d'écrits mis à leur disposition, mais aussi les conseils toujours pertinents de ses vendeurs.

Un quasi-monument de la culture donc, qui baissera définitivement ses rideaux le 31 mars prochain. Parmi les raisons invoquées, la baisse de la fréquentation, et des ventes donc, en baisse pour cause de manifestations, entre  Gilets jaunes et réforme de la retraite, suivie des restrictions liées à la pandémie de Covid. Mais aussi une non-adaptation à l'économie digitale, les lecteurs se tournant désormais de plus en plus vers l'Internet pour commander leurs livres, y compris d'occasion.

Des raisons qui ne suffisent pas à expliquer ce départ un peu précipité des lieux, le Plan de sauvegarde de l'emploi ayant tout juste été annoncé le 4 décembre dernier. « Bruno Gibert, l'un des héritiers, a vendu des biens immobiliers à un bailleur privé, ce qui a entraîné une hausse des loyers qui force les librairies des 4, 5, et 6 de la place Saint-Michel à devoir rendre leurs locaux devenus trop chers », avance ainsi Rémy Frey, représentant syndical, qui constate que « les choses se délitent petit à petit et que l'on entre dans une phase de démantèlement du groupe ». De là à voir ces librairies remplacées par des boutiques de fringues ou des fast-foods, il n'y a qu'un pas.

Restent les 70 salariés dont les emplois sont désormais voués à disparaître. Des employés qui après des dizaines d'années de bons et loyaux services et de dévouement pour certains d'entre eux se voient aujourd'hui remerciés du bout des lèvres. « Au-delà de la seule logique comptable, la direction de Gilbert a une responsabilité particulière envers ceux qui l'ont loyalement servi pendant ces dizaines d'années. Ces gens qui ont aujourd'hui une moyenne d'âge de 50 ans, 25 ans d'ancienneté et une absence quasi totale de formation cumulent toutes les difficultés dans un contexte culturel et un secteur d'activité qui ne sont quand même pas dans un dynamisme affriolant », affirme le délégué syndical. « On ne peut pas aujourd'hui les mettre dehors aux seules conditions strictement prévues par la loi, au minimum légal. C'est largement insuffisant. »

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