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CINÉMA

Gueules noires et triangles roses

16 octobre 2014 | Mise à jour le 19 avril 2017
Par | Photo(s) : DR
Gueules noires et triangles roses

‘Hiver 1984. Les mineurs de charbon du Royaume-Uni viennent de décider la grève après l‘annonce par le gouvernement Thatcher de la fermeture de plus de vingt puits. En juin de la même année, le jeune militant homosexuel Mark Ashton décide de collecter des fonds pour soutenir leur grève. La comédie britannique Pride rappelle cette improbable rencontre.

 

En juin de la même année, lors d'un rassemblement de mouvements homosexuels à Londres, le jeune militant homosexuel Mark Ashton, révolté par la campagne menée par le gouvernement et la presse à l'encontre des mineurs grévistes – que la Dame de Fer n'hésite pas à qualifier « d'ennemi de l'intérieur » – décide de collecter des fonds pour soutenir la grève.
Dans la petite librairie « Gay's world », va naître le Mouvement Gay et Lesbien de Solidarité avec les Mineurs (LGSM) dont l'excellent film Pride de Matthew Warchus relate l'incroyable épopée.

Doué d'un fort pouvoir de persuasion et très charismatique, le jeune Mark (interprété avec fougue par Ben Schnetzer) assène un argument imparable : homosexuels et mineurs grévistes sont stigmatisés de la même manière par le gouvernement et les médias de Rupert Murdoch. Ils ont donc tout à gagner de s'unir !

Cela ne va pas de soi, d'autant que depuis quelques années, avec l'apparition du VIH, la communauté homosexuelle est à la fois montrée du doigt et décimée sans que les moyens de recherche et de traitement ne soient mis en œuvre. Et le milieu de mineurs, plutôt macho, est bien embarrassé par ces renforts aussi inattendus que peu orthodoxes… Mais il en faut plus pour démotiver Mark Ashton et ses ami·e·s.

Les membres de LGSM essuient d'abord des refus gênés, jusqu'au moment où ils jettent leur dévolu sur une petite commune galloise de la vallée de Dulais dont un représentant, Dai Donovan (Paddy Considine d'une impeccable justesse) part à Londres rencontrer ce soutien improbable. Le groupe multiplie les initiatives de collectes de fonds pour les mineurs et leurs familles et décide de leur rendre visite.

L'accueil, on s'en doute, sera d'abord plus que mitigé. Mais les femmes de mineurs, plus pragmatiques et bien plus progressistes que leurs maris décident d'accepter ce soutien inespéré, le syndicat national des mineurs n'ayant pas considéré les puits gallois comme prioritaires. Mieux, elles vont, unissant leur fantaisie, leur humour et leur intelligence à celle des membres de LGSM, parvenir à faire bouger les mentalités et à bousculer le machisme ambiant avec une énergie et une gouaille à toute épreuve.

D'un grand concert de soutien à l'Electric Ballroom de Londres intitulé « Puits et Pervers » (reprenant en slogan pour la détourner la manchette haineuse du Sun) au défilé des mineurs, bannières et fanfare en tête lors de la Gay Pride, rien n'est inventé dans le récit de Pride, et quasiment tous les personnages et les faits sont réels.

Seul a été gommé – sans doute en direction du public américain conservateur – le fait que Mark Ashton (décédé du sida en 1987) était irlandais et communiste.

Un scénario comme seule la vie sait en inventer, pour une comédie intelligente et hilarante, incarnée par une brochette d'acteurs absolument splendides comme seul le cinéma « social » britannique sait parfois en regrouper.

 

Pride, réalisé par Matthew Warchus. 1 h 59