À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
SANTÉ

Hôpital de Saint-Maurice : un projet immobilier menace le service de psychiatrie et l’environnement

15 mai 2023 | Mise à jour le 15 mai 2023
Par | Photo(s) : DR
Hôpital de Saint-Maurice : un projet immobilier menace le service de psychiatrie et l’environnement

Au sein même de l'hôpital de Saint-Maurice (94), les syndicats CGT des Hôpitaux de Saint-Maurice et du centre Hospitalier des Murets ont organisé une première réunion publique vendredi 12 mai. L'enjeu : présenter le projet immobilier de la direction/l'ARS et ses dangers pour le service de psychiatrie et pour l'environnement.

 

Plus d'une centaine de personnes viennent de prendre place dans la salle du site « d'Esquirol » au cœur de l'hôpital de Saint Maurice. Soignants, famille de patients, élus politiques locaux et la direction de l'établissement hospitalier participent à cette première réunion publique organisée par la CGT Santé et Action Sociale. Et pour cause, depuis 2021, la direction de l'hôpital et l'ARS portent un projet immobilier visant à « louer en bail emphytéotique, à très faible prix, des bâtiments classés au patrimoine national à des promoteurs immobiliers pour qu'ils puissent y développer des activités lucratives ». Les locaux visés par ce projet, sont ceux de la partie « basse » du site d'Esquirol, dédié à la psychiatrie, représentant une surface 24 000 m². Alors pour compenser cette perte non négligeable et reloger les services de soins, il est envisagé de construire un nouveau bâtiment sur un espace boisé classé dans le parc de l'hôpital.

Outre ce désastre pour l'emploi et les conditions de travail, c'est bien un écocide qui risque d'avoir lieu

« Ce nouveau bâtiment plus petit que l'actuel, accueillera un autre secteur médical, une fusion entrainant une concentration des soins et « inévitablement une suppression d'emplois au service psychiatrie » déplore Barbara Filhol, secrétaire générale de l'Union Santé départementale de la CGT du Val-de-Marne. Outre ce désastre pour l'emploi et les conditions de travail, c'est bien un écocide qui risque d'avoir lieu. La zone boisée où le nouveau bâtiment doit être construit comporte une cinquantaine d'arbres pour la plupart âgé de 300 ans, qui se verraient arrachés. « L'espace boisé est un espace de soin, comment peut-on décider de vouloir supprimer un espace vert nécessaire au bien-être des usagers ? » interpelle Lucille, soignante du service psychiatrie. « On sera prêt à agir et on espère que ce projet n'aura pas lieu. Les espaces boisés classés doivent être respectés, abattre ces arbres est un projet mortifère et inconscient » poursuit dans la salle, un membre de l'association FNE-Paris (France Nature environnement).

 

 Une inquiétude grandissante

L'état du service de psychiatrie de l'Hôpital de Saint-Maurice, fait consensus. Soignants, patients et famille de ces derniers s'accordent sur le fait que les locaux sont vétustes et sont des passoirs thermiques. « Le cout de la rénovation de la partie basse d'Esquirol serait de  2000 €/m² alors que le coût de construction du nouveau bâtiment s'élève à 6000 €/m². Alors pourquoi ne pas miser sur la rénovation ? Ce serait beaucoup plus écologique et nous pouvons faire ce changement nous-même, au lieu de céder nos locaux à des entreprises privés », déclare David François, élus CGT-HSM. Le projet financé par l'Etat nécessite un emprunt estimé à 230 millions d'euros, générant 30 à 80 millions d'intérêts sur la durée total de l'emprunt. Un endettement colossal pour l'hôpital, non sans conséquences sur les employés.

On est terrifié par ce projet. L'architecture actuelle elle a un sens, elle a été pensée par un psychiatre.

Selon l'administration, c'est plus de « 240 postes menacés sur les quatorze années à venir et 15 lits supplémentaires qui vont être fermés. ». Après ces annonces, l'inquiétude se fait ressentir dans la salle : « On est terrifié par ce projet. L'architecture actuelle elle a un sens, elle a été pensée par un psychiatre. Pourquoi construire un nouveau bâtiment ? L'esquirol du bas doit être rénové mais ce nouveau bâtiment va cloîtrer les patients. » alerte Jessica, médecin psychiatre sur l'hôpital. Pour faire entendre la parole des soignants une enquête a été menée par la CGT auprès du personnel. Les résultats parlent d'eux-mêmes : 71 % d'entre eux sont « désireux de garder ce cadre, cette architecture. ». « Il n'y a pas de disparition de lits dans ce projet, il est ambitieux pour la psychiatrie, vous générez un climat anxiogène » assène pour sa part la directrice de l'établissement. Puis quelques secondes après : « si je suis très franche, il y aura moins de lits dédiés à la psychiatrie dans ce nouveau bâtiment ». Excédés par ce discours ambigu, certains décideront de quitter les lieux.

Vers un collectif

Pour contrer ce projet, il est prévu de travailler à l'émergence d'un collectif. Le but ? Réfléchir collectivement à une alternative plus respectueuse des conditions de travail, des soins et de l'environnement. « Cette réunion est une première étape. On attend du soutien des politiques et des services public et aussi de la part de la direction. Il est essentiel de remettre du dialogue et de la pédagogie si l'on veut avancer »,  insiste Barbara Fihol.