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SANTÉ

Déserts médicaux : « La santé ne doit pas dépendre du code postal »

7 décembre 2023 | Mise à jour le 7 décembre 2023
Par | Photo(s) : FB
Déserts médicaux : « La santé ne doit pas dépendre du code postal »

À l'initiative de la CGT Santé et action sociale 53, un débat autour de l'état du système de santé publique en Mayenne était organisé ce jeudi 23 novembre à Laval. La pénurie de médecins et l'accès aux soins frappent durement le département qui le hisse sur le podium des déserts médicaux en France. Apportant de nombreuses propositions, la CGT santé et Action sociale 53 revendique que le désert médical qui frappe la Mayenne « n'est pas une fatalité ».

 

La salle est comble. Le sujet est préoccupant. Ce jeudi 23 novembre, dans la salle communale du Tertre à Laval en Mayenne, 70 personnes sont présentes pour débattre du fléau qui touche le département depuis une vingtaine d'année, un désert médical sans précédent. Habitants, professionnels de santé en activité ou retraité et la CGT Santé et Action sociale du 53 qui est à l'initiative du débat, dresse un constat alarmant sur la situation de l'accès aux soins en Mayenne. « En 2021, en Mayenne, 30 % de la population vit dans une commune sous-dotée en médecins. Ce qui place le département en troisième position en ce qui concerne les déserts médicaux avec 191 médecins pour 100 000 habitants. » introduit Franck Elie, secrétaire général de l’union départementale de la CGT de la Mayenne. Avec ces chiffres, se soigner dans le département semble être le parcours du combattant. « J'ai mis des mois d'attentes pour obtenir un rendez-vous chez un spécialiste » réagit un homme dans la salle. « Quand on se soigne, on se culpabilise. Quand on voit dans quelles conditions de travail sont les soignants. » abonde une femme, annonçant avoir plus de 80 ans. Sans surprise, médecins généralistes et spécialistes ne peuvent plus prendre de patients étant eux-mêmes débordés. Même constat chez les trois centres hospitaliers du département : fermetures de lits successives, fermetures des urgences la nuit et un manque de personnel en gériatrie alors que la population est vieillissante.  « Il y a une dizaine d'années, on intervenait entre 30 et 45 minutes pour une urgence. Maintenant, on doit annoncer 2 heures d'attente à la personne qui nous contacte car nous n'avons personne à envoyer. » alerte Romain, ambulancier depuis 21 ans. « Personne à envoyer » … Car c'est aussi ce qui frappe le secteur de la santé publique comme privé, une baisse de vocation et une hausse des démissions. Selon une étude menée par la DREES en aout 2023, près d’un.e infirmièr.e sur deux a quitté l’hôpital ou changé de métier au bout de dix ans de carrière.  « Le métier n'attire plus de par les conditions de travail auxquelles sont confrontées les internes en médecine déjà que leurs études sont suffisamment difficiles. » explique un médecin lavallois à la retraite. La CGT santé et action sociale du département ne considère pas ce sujet comme une fatalité. En charge du dossier depuis 2011, l'union départementale de la Mayenne a mené un travail de terrain et de fond qui résulte de plusieurs propositions revendicatives.

Un problème de maillage national

Pourquoi certains territoires français ne connaissent pas de désert médical ? Comment expliquer qu'il y a trois fois plus de médecins généralistes dans les Alpes au bord des stations de ski ou dans les stations balnéaires ? Dans la salle, un pédiatre à la retraite apporte quelques éléments de réponse : « Dans les années 80, il y avait une autorégulation de répartition des professionnels de santé car il y avait beaucoup plus de médecins formés. Donc pas de problème de maillage national. Aujourd'hui on ne comblera pas les déserts médicaux s'il n'y a pas de régularisation des implantations et plus de médecins en poste. » Les déserts médicaux s'expliqueraient donc par un problème de répartition des médecins et une pénurie de ces derniers. Dans ses revendications la CGT santé et action sociale s'est saisie de ces problématiques. Elle revendique notamment la formation d'au moins 12 000 médecins par an, contre seulement 9361 en 2020 l'Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé .  Un chiffre qui selon le syndicat, assura un « rééquilibrage territorial ». Outre augmenter le nombre de médecins formés, la CGT Santé et Action sociale insiste sur la construction « d'outils et de règles d'un maillage territorial permettant de répondre réellement aux besoins des assuré∙es sociaux∙les. La régulation de l'installation des professionnels est incontournable. » En ce qui concerne les hôpitaux et les EHPAD, la CGT Santé appelle à réserver la sécurité sociale aux structures publiques et privées à but non lucratif et non « pour les actionnaires d'Orpéa ou Korian ». Enfin, le maillage des établissements de santé de proximité doit être maintenu et développé pour s'inscrire dans une logique d'aménagement du territoire. Pascal Bouvier, secrétaire de l’Union départementale CGT de Maine-et-Loire (49), département lui aussi durement touché par la pénurie de médecins, indique que la suite à donner « est d'étendre le sujet aux quatre autres unions départementales de la région Pays de la Loire qui sont elles aussi concernées par la désertification. Le désert médical n'est pas une fatalité et plus on fera corps ensemble et plus nous mettrons des chances de notre côté. »